Accélération de la réconciliation nationale : IBK envisage des mesures spéciales d’amnistie en faveur de certains acteurs de la rébellion

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Sans entrer dans les compromissions, le Président de la République se dit ouvert à des compromis avec les ex-rebelles pour aller vers une paix durable sur toute l’étendue du territoire. C’est du moins l’un des points saillants qu’on puisse retenir de son adresse à la nation à l’occasion du nouvel an.

La paix n’a pas de prix, a-t-on coutume de dire. Engagé dans la recherche de la paix, IBK entend trouver des situations atténuantes pour certains acteurs de la rébellion, conformément aux conclusions de la Conférence d’entente nationale. Il l’a fait savoir le 31 décembre 2017, à l’occasion de son discours à la nation.

Conformément au vœu exprimé à l’ouverture des travaux par du président de conférence d’entente nationale,  Baba Akhib Haïdara, indique IBK, la Conférence a eu aussi bien le courage de poser le juste diagnostic sur la situation de notre pays que l’audace de proposer des solutions idoines.

C’est ainsi, poursuivra-t-il,  que la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, issue des conclusions de la CEN, reconnaît les causes profondes des crises qui ont ébranlé la République du Mali tout au long de son histoire. Partant de ce constat, elle dégage des mesures pour consolider la paix, reconstruire l’unité nationale et conforter la réconciliation nationale. « Concernant le dernier point, la Charte propose des mesures spéciales de cessation de poursuite ou d’amnistie en faveur de certains acteurs de la rébellion armée de 2012. Suivant ces recommandations, je ferai initier dans les semaines qui viennent un projet de loi sur l’Entente nationale. Ce texte proposera notamment: l’exonération de poursuites de tous ceux impliqués dans une rébellion armée, mais qui n’ont pas de sang sur les mains; des mesures d’apaisement après l’accélération des procédures en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues; un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposeront les armes et s’engageront publiquement à renoncer à la violence», a déclaré le chef de l’Etat. Toutefois, précise-t-il, le projet de loi ne constitue ni une prime à l’impunité ni un aveu de faiblesse. Encore moins un déni du droit des victimes à se voir rendre justice. Il s’appuie sur les vertus du pardon, tel que celui-ci est pratiqué dans nos diverses communautés. Il offre une possibilité de réinsertion à ceux qui se sont laissés entrainer dans la contestation armée, mais qui n’ont pas commis l’inacceptable et qui manifestent un repentir sincère.

Le projet de loi sera d’ailleurs très précis dans la description de types de situation qui seront examinés. Il sera tout aussi explicite concernant les traitements qui seront appliqués, a-t-il soutenu. Partant, IBK précise que le projet de loi sur l’entente nationale ne sera pas dans son esprit une innovation spécifiquement malienne. Plusieurs Etats de par le monde ont pratiqué une démarche similaire dans les situations de conflit ou de post-conflit.

La détermination de l’Etat à combattre le terrorisme

Pour le Président de la République, l’éradication du spectre constitue l’une des priorités de l’Etat malien. A l’en croire, chaque soir, il s’endort dans la hantise de ce que nous réserve le lendemain. « Certes, le terrorisme, aujourd’hui, frappe partout. Mais nous, qu’avons-nous fait pour mériter de devoir consacrer le peu que nécessitait le développement de notre pays à lutter contre cette calamité ? Je ferai silence, sur ceux des nôtres qui poussent l’imposture jusqu’à faire croire qu’ils auraient le remède que certains pays disposant de moyens militaires conséquents n’ont trouvé pour enrayer ce fléau», a-t-il dit. En ce qui le concerne, il affirme combattre le terrorisme, en espérant chaque jour ne pas être poignardé dans le dos, y compris jusque dans les terres les plus insoupçonnées de notre vaste et beau territoire national. Et, chaque fois que tombe un soldat de notre armée nationale ou ceux des nations étrangères venus à notre secours, IBK dit se sentir interpellé et se torture la mémoire, des jours durant, à imaginer tout ce que nous aurions pu faire, à cet endroit précis, pour prévenir le fléau, jusqu’à ce qu’il nous tombe dessus, ailleurs.
Mais, souligne-t-il, nous avons, aussi la lucidité de ne jamais oublier que le fléau auquel nous sommes confrontés est une armée invisible, dont les membres se cachent parfois parmi nous, dans nos propres ruelles, dans la maison d’à côté. D’où la nécessité d’être vigilants, pour ne pas avoir à regretter d’avoir oublié de signaler des allées et venues suspectes, sous nos yeux. Vous ne pouvez imaginer à quel point sont tenaces, les remords, lorsque, après un attentat terroriste, l’on se rend compte que l’on aurait pu aider à épargner cinq, vingt, cinquante vies ! Pour prévenir les attaques terroristes,  IBK lance cet appel « Je ne vous invite pas à trahir vos familles, non ! Je vous invite à protéger la nation, tout le peuple de ce pays. Nos enfants égarés doivent – peuvent – être sauvés de cette perdition qui met leurs propres vies en danger. Aidez-les ! Aidez-nous ! Aidez la nation, je vous en conjure !»

Oumar KONATE

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