Mahatmat Saleh Annadif, le chef de la Minusma devant le Conseil de sécurité de l’ONU : « La situation au Mali affecte la région entière, les récentes attaques en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso illustrent la fluidité des groupes terroristes…»

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« La situation au Mali affecte la région entière, les récentes attaques en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso illustrent la fluidité des groupes terroristes…»

Hier jeudi 16 juin 2016 à New York, le Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, dans le cadre de la présentation du rapport de Ban Ki Moon, le Secrétaire Général des Nations-Unies sur la situation au Mali au Conseil de Sécurité, a fait le point sur le processus de paix au Mali. C’était en présence de Modibo KEITA, le Premier ministre du Mali, et Abdoulaye DIOP, le ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Internationale et de l’Intégration Africaine. Selon le Représentant Spécial du Secrétaire Général au Mali, l’évolution de la situation demeure malheureusement toujours préoccupante. Plusieurs facteurs justifient, de son avis, cette préoccupation. « En premier lieu, un an après la signature de l’Accord de paix, force est de constater que ni les signataires, moins encore la médiation internationale, ne sont satisfaits du rythme d’exécution de sa mise en œuvre. Cette lenteur qui est difficilement compréhensible est en train de compromettre tout le processus, notamment la mise en place des patrouilles mixtes. » En deuxième lieu, « la situation sécuritaire s’est notablement dégradée ces dernières semaines », a déclaré Mahatmat Saleh Annadif. Il indiquera que la  situation au Mali affecte la région entière. « Les récentes attaques en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso illustrent la fluidité des groupes terroristes et l’interdépendance des pays dans la lutte contre le terrorisme », selon lui.

A la tribune de l’ONU pour la présentation du rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur le Mali, Mahamat Saleh Annadif,  le  chef de la Mission onusienne au Mali a fait état de son inquiétude sur la situation du Mali. En s’adressant aux membres du Conseil du Sécurité, le patron de la Minusma a indiqué : « Depuis votre visite de mars dernier au Mali, l’évolution de la situation demeure malheureusement toujours préoccupante. » De l’avis de Annadif, plusieurs facteurs justifient cette préoccupation. Il s’agit, « en premier lieu, et comme souligné dans le rapport du Secrétaire général, un an après la signature de l’Accord de paix, force est de constater que ni les signataires, moins encore la médiation internationale, ne sont satisfaits du rythme d’exécution de sa mise en œuvre. », dit-il. Cette lenteur qui est difficilement compréhensible est en train de compromettre tout le processus, notamment la mise en place des patrouilles mixtes. Alors que l’Accord est un tout, depuis un certain temps, le débat semble le réduire à la mise en place des Administrations intérimaires qui malheureusement tardent à s’opérationnaliser, a-t-il souligné. Avant de se réjouir du « compromis auquel sont parvenues les parties maliennes il y a deux jours en marge de la neuvième session du Comité de Suivi de l’Accord. ». Il indiquera que la MINUSMA reste pleinement engagée dans ce dossier. « Elle fait constamment usage de ses bons offices et autres leviers en sa possession et est prête pour appuyer la mise en œuvre immédiate des autorités intérimaires. Toutefois, il est évidement clair que c’est aux parties qu’incombe le devoir d’honorer leurs engagements. C’est à elles de faire de l’Accord de Paix et de Réconciliation une réalité », a-t-il dit.

En deuxième lieu, et comme le dit le Secrétaire Général dans son rapport sous examen, explique le chef de la Minusma, la situation sécuritaire s’est notablement dégradée ces dernières semaines.  « Certes, il est établi que la MINUSMA, depuis son déploiement en 2013, détient le triste palmarès de la Mission la plus meurtrière des missions des Nations Unies actuellement déployées. Mais ce qui s’est passé ces derniers temps est encore plus grave et doit nous interpeller. En effet, de février à mai 2016 (donc dans une période de 4 mois), 19 casques bleus ont été tués suite à des actions terroristes dont 12 pour le seul mois de mai. Si j’ajoute à cela 7 autres décédés pour d’autres causes (accidents, maladies…), nous atteignons le chiffre de 26. Et le total devient 27 en ajoutant un contractant des Nations Unies, tué aussi le 31 Mai. Les chiffres sont plus affligeants si on y ajoute les pertes de l’opération Barkhane et celles de Forces de Défense et de Sécurité Maliennes et les civils. », a-t-il dit. Avant de s’indigner : « il est difficile de se prêter à ce décompte macabre, et trop, c’est trop, c’est beaucoup trop. On ne peut continuer à accepter l’insupportable. Il est temps de s’engager dans une profonde introspection accompagnée par des mesures tangibles, car Il est indéniable que certaines pertes auraient pu être évitées si nos contingents étaient mieux formés, mieux équipés, particulièrement en véhicules blindés (APCs). » Mahatmat Saleh Annadif  a expliqué que l’attaque sur un convoi de la MINUSMA aux environs de Mopti le 29 mai, journée internationale des Casques bleus, illustre tragiquement que les menaces terroristes s’étendent de plus en plus vers le centre et le Sud du pays. « Cette tendance est porteuse de germes de contagion et ne doit pas être banalisée. », a-t-il dit.  Le Représentant Spécial du Secrétaire Général au Mali  est, aussi, revenu sur « les avancées dans le cadre du processus de paix, même si la cadence de la mise en œuvre de l’Accord souffre d’une lenteur qui aurait pu être épargnée. » Parmi ces avancées, il en a cité trois: le respect du cessez-le-feu par toutes les parties maliennes signataires de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali, la poursuite des efforts consentis par le Gouvernement malien dans la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel solide et l’achèvement de presque 8 sites de cantonnement. « Une base solide pour aller de l’avant. Il est absolument crucial de renforcer la confiance mutuelle entre les parties signataires, car c’est une dimension qui entrave largement la mise en œuvre de l’Accord.

L’effet domino du terrorisme

Selon lui, la faiblesse de l’Etat dans le Nord et l’absence d’un contrôle effectif du terrain par les autres parties là où elles sont présentes ont cédé la place à une montée du terrorisme, du crime organisé, du banditisme et des tensions intercommunautaires, etc. « Plus on accumule du retard dans la mise en œuvre de l’Accord et la prise en charge réelle de ces défis, plus l’on risque de voir le processus de paix se fragiliser davantage. », a-t-il indiqué. Le Représentant Spécial du Secrétaire Général au Mali a souhaité « une posture renforcée de la MINUSMA ». A ce titre, ajoute-t-il, il est nécessaire d’accroître les capacités à la fois de la Force et de la police en termes de personnel, d’équipements et de couverture aérienne. « L’absence de ces capacités, pourtant sollicitées à maintes reprises, a cruellement fait défaut et entravé la Mission. Leur mise à disposition sauvera des vies. Il faudrait, par ailleurs, davantage expliciter que le mandat de la Mission l’autorise à mener des opérations proactives et préventives pour s’acquitter de ses responsabilités en termes de protection des civils et de son personnel. »

Selon Mahatmat Saleh Annadif, la MINUSMA seule ne peut résoudre l’ensemble des défis sécuritaires du Mali. Elle n’a d’ailleurs jamais été, de son avis, conçue pour accomplir une telle tâche et aucune mission de maintien de la paix ne pourra le faire. « Seule une montée en puissance des Forces de Défense et Sécurité maliennes répondra à ces missions régaliennes, d’où l’appui sollicité en termes de soutien au forces maliennes. Le rétablissement de l’autorité de l’Etat en dépend. », explique Annadif. « La situation au Mali affecte la région entière. Les récentes attaques en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso illustrent la fluidité des groupes terroristes et l’interdépendance des pays dans la lutte contre le terrorisme. Face à cette menace régionale, il nous faut nous employer à promouvoir une coordination plus efficace et s’inscrire davantage dans une logique de synergies et de mutualisation des ressources. », a exposé le chef de la Minusma

Madiassa Kaba Diakité

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1 commentaire

  1. et dites moi bien que disait Tiéblé Dramé , la même chose que ANNADIF
    dommage que nous ne voulons pas entendre la vérité.

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