Suspension du droit de vote du Mali à l’ONU : Les explications peu convaincantes du premier ministre Modibo KEITA mettant en nu le laxisme du gouvernement

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Les  Maliens ont reçu comme un coup de massue la nouvelle de la suspension du droit de vote de leur pays à l’ONU pour non paiement de deux ans de cotisations. A  cette situation écœurante et révoltante,  eu égard l’assistance  des forces onusiennes dans  la résolution de la crise malienne, le premier ministre Modibo Kéita est apparu à la télévision malienne pour donner des semblants d’explications qui,  loin de convaincre les Malien, mettent à nu la mauvaise gouvernance et le laxisme du gouvernement dans le traitement des dossiers.

  Se sentant gêné et comme le premier responsable de ce qui est arrivé à notre pays, le chef du gouvernement   a d’abord tenu  à  présenter les excuses du gouvernement aux Maliens en ces termes : « Cette nouvelle est tombée comme un couperet, nous l’avons vécue  avec un immense regret. Mon intervention n’a pas pour but de justifier puisque l’attitude peu soucieuse de certains cadres nous a conduits à cette extrémité. Mais je souhaite donner des explications. Je sais que le peuple du Mali est très fier, très pointu sur son honneur et sa dignité. Tout ce qui peut écorner cette image de marque doit nous interpeller et le gouvernement est effectivement interpellé. Permettez-moi de présenter les excuses du gouvernement à ce peuple si fier, si jaloux de son honneur ».

Après avoir manifesté le regret du gouvernement et présenté ses excuses, Modibo Kéita  a tenté d’apaiser la situation en apportant  des explications qui, malheureusement, ne convainquent pas. Mieux, ses explications mettent à nu non seulement le laxisme du gouvernement à gérer les affaires, mais aussi la mauvaise gouvernance ainsi le dysfonctionnement criard au sein du gouvernement.

A ses dires, le gouvernement du Mali a toujours tenu ses engagements par rapport aux organisations internationales et il se fait un devoir de payer,  dans les délais requis,  les cotisations dues à l’organisation des Nations Unies. Ainsi, selon lui,  le 03 juin 2015, à la demande du ministère des Affaires étrangères, le trésor public  du Mali, par l’intermédiaire de la BCEAO, a émis des ordres de transferts télégraphiques pour s’acquitter de ses cotisations par rapport à ses engagements aux Nations Unies, d’un montant d’à peu près 200 millions. Mais là où les choses véritablement me préoccupent,  c’est que le numéro de compte qui a été communiqué par les Affaires étrangères n’était pas le bon. Et la BCEAO qui était chargée de ce transfert a donc dû retourner au trésor du Mali les sommes qu’elle devait transférer. Alors, les fonctionnaires qui ont reçu ce retour-là auraient du s’inquiéter, auraient du se poser la question du pourquoi ? Mais non ça n’a pas été le cas, comme si rien n’était. Et notre diplomatie,  qui  aurait dû être pointue sur cette question, n’a pas donc vérifié aussi.

Or selon le comité syndical du Trésor public, les ordres  de transferts télégraphiques  ont été émis le 3 juin 2015 leur structure vers la BCEAO pour paiement de ces cotisations. Celle-ci a, le 6 juin 2015 renvoyé au trésor  par ‘’ticket de rejet’’ lesdits paiements sous le motif  qu’ils étaient virés sur de mauvais comptes. Le 8 juin suivant, le Payeur général  du Trésor adressait une correspondance à l’ordonnateur, c’est-à-dire le Directeur général du Budget  avec comme objet : Demande de bonnes coordonnées  bancaires suite  au rejet du transfert par la BCEAO. Par cette correspondance, le Payeur général l’a informé  que les ordres de transfert émis  en règlement  des mandats ci-après  ont été rejetés par la BCEAO au motif que  les références des comptes bancaires des bénéficiaires  sont erronées. Par conséquent il lui a demandé de faire parvenir les bonnes cordonnées  bancaires en vue du règlement diligent : numéro de compte normalisé comprenant le code swith ou le  code IBN ainsi que la désignation de la banque.

Selon le comité syndical, cette correspondance est restée sans suite et le trésor a envoyé une autre encore, sans suite également.

Les questions que l’on se pose est de savoir pourquoi le directeur  du budget n’a-t-il pas   donné suite favorable aux différentes correspondances pour envoyer les bonnes coordonnées ? Pourquoi le gouvernement a laissé la situation  pourrir pour réagir ? Les agents concernés sont-ils conscients de leur responsabilité et soucieux de la préservation de la dignité des Maliens ? En outre, une autre inconnue est de savoir combien de dossiers souffrent de la négligence ou de l’insouciance de nos autorités.

Quoiqu’en dise le premier ministre, l’affront essuyé  par notre pays  mettra en berne le morale des Maliens envers une organisation internationale qui  appuie notre pays depuis deux ans maintenant dans la résolution de la crise multidimensionnelle qu’il  traverse. Les Maliens ont du mal à comprendre et de pardonner cette négligence de nos autorités qui n’a fait qu’écorner l’image de notre cher pays.  Le gouvernement est malade, malade du choix des hommes qui gèrent  les affaires et tout porte à croire que le premier ministre Modibo Kéita ne maîtrise rien, voire un simple figurant.

S’il est le vrai commandant du bateau gouvernemental, il devrait prendre toutes les dispositions pour que dans les plus brefs délais la situation soit régularisée. Mieux,  en tirer tous les enseignements, toutes les conséquences, prendre toutes les mesures appropriées pour que désormais, un tel laxisme ne portera  plus un ombrage sur l’image de notre pays.

Moussa Diarra

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