Conséquences de la crise libyenne / Plus de 13 900 Maliens rentrés de Libye lancent un SOS aux autorités maliennes

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    « Au moment où l’Etat malien est aux petits soins de quelques centaines de touareg rentrés de Libye avec des armes, nous sommes laissés pour compte ». C’est en ces termes que Thomas Seydou Doumbia, Président de l’Association des maliens rapatriés de la Libye et du Maghreb (AMARLIM), a dénoncé l’Etat malien au nom de 13 965 citoyens maliens rentrés de façon catastrophique au pays au moment où ils ne s’y attendaient pas du tout. C’était le 31 décembre 2011, au cours d’une conférence de presse organisée par l’AMARLIM à l’espace d’expression démocratique de la Radio Kayira.

    Pour avoir traité de façon inégale des citoyens maliens rentrés de la Libye, l’Etat malien est aujourd’hui sur le banc des accusés. Par la voix de Thomas Seydou Doumbia, son Président, l’AMARLIM n’est pas allé de main morte, le 31 décembre 2011, dans sa dénonciation de l’Etat malien dont les services ne fournissent aucun effort pour voler à leur secours alors que Dieu seul sait dans quelle nécessité se trouvent les maliens rentrés de la Libye dans la catastrophe fuyant les bombes du CNT, du camp de feu Kadhafi et des forces coalisées.

     Au Mali depuis 8 mois pour la plupart dans un désœuvrement et une misère indescriptible, les 13 965 maliens ne veulent plus se contenter des promesses creuses des différents responsables maliens qu’ils ont pu rencontrer avec beaucoup de peines. « Quand, nous étions en Libye, bon an ou mal an, chaque trimestre nous convoyions par le canal de la BDM-SA, au moins 500 millions de FCFA.

     Mais, à notre retour au pays, dans les circonstances que tous savent, on nous traite comme des parias. De promesses creuses en promesses creuses, l’on nous envoie  balader, alors que nous ne demandons que notre réinsertion dans le tissu socio-économique pour participer au développement normal de notre pays, avec les compétences acquises en Libye », a indiqué Thomas Seydou Doumbia.

     « Au moment où l’Etat est aux petits soins des Touaregs qui avaient renié la nationalité malienne pour se mettre au service de l’armée libyenne, des Maliens qui vivaient et travaillaient en Libye pour contribuer au développement du pays, sont aujourd’hui désemparés et sans assistance de l’Etat », a-t-il dénoncé. Avant de révéler qu’ils n’ont rien demandé d’exceptionnel à l’Etat malien. « Un gros lot des maliens rentrés de Libye a acquis une très grande expérience dans le domaine de l’agriculture.

    Pour permettre à ces derniers de participer à la lutte contre l’insécurité alimentaire, en partageant leur expérience avec leurs frères qui n’ont pas eu la chance de sortir du pays, nous avons sollicité l’Etat pour la mise à disposition de parcelles rizicoles dans la zone office du Niger », a-t-il indiqué. Cette demande est restée lettre morte pendant des mois. Par ailleurs, étant donné qu’ils comptent en leur sein de nombreux chauffeurs, ils ont sollicité l’Etat de prendre certains dans les différentes opérations de dotation de taxi.

    Là aussi, de rendez-vous en rendez-vous, ils n’ont jamais eu un interlocuteur valable, comme si on les fuit comme la peste. Mais, la grande déception  de l’AMARLIM reste la grande difficulté rencontrée pour l’inscription  d’environ 600 enfants dans les écoles publiques maliennes. « Plus de 600 enfants rentrés de Libye depuis 8 mois, n’ont pas encore été réinsérés dans le système éducatif malien », a-t-il dénoncé. Il a aussi levé le voile sur les difficultés rencontrées par une cinquantaine d’étudiants maliens pour  avoir le billet d’avion pour regagner leurs universités en Libye. Mais, s’il y a un cas qui choque la quasi-totalité des membres de l’AMARLIM, c’est celui d’un bébé né au Mali d’un couple rentré de la Libye.

    Selon Thomas Seydou Doumbia, ce bébé, selon l’avis des médecins, est né avec un traumatisme au niveau du cœur à cause des bruits de bombes et nécessite une prise en charge exceptionnelle qui est au-delà des possibilités financières de ses parents et de l’Association. « Mais, la Fondation pour l’enfance sollicitée, à travers une lettre adressée à la Première dame, n’a pas réagi et la vie de cet enfant est aujourd’hui en danger s’il n’est pas rapidement pris en charge », a-t-il indiqué. « Nous dénonçons avec la dernière énergie la politique d’inégalité que l’Etat malien pratique dans son traitement de tous les citoyens rentrés de Libye », a-t-il conclu.                                

    Assane Koné

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