Edito : sécurité et développement

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Le 20 janvier, nous avons célébré le 56è anniversaire d’une déclaration de souveraineté, celle par laquelle le président Modibo Keïta parachevait notre indépendance vis-à-vis de la France en lui demandant de retirer de notre territoire ses troupes. L’événement offre à votre hebdomadaire l’occasion de se prononcer sur la nécessité d’une armée forte pour un pays, quel que soit son degré d’évolution et d’exprimer son soutien à notre armée nationale, confiante en la mission qui lui est assignée.

 

Au Mali, notre patrie, la complémentarité entre sécurité et développement a été clairement perçue par les présidents Modibo Kéïta (1960-1968) et Moussa Traoré (1968-1991). Le premier, secondé par le général Abdoulaye Soumaré, a créé les Forces Armées et de Sécurité du Mali avec quelques officiers et sous-officiers entièrement dévoués à la patrie. Le second a donné à ces forces armées et de sécurité leurs lettres de noblesse : sous sa présidence, celui qui ne nous craignait pas nous respectait, y compris la France, l’ancienne puissance de tutelle. Les deux hommes d’Etat ont compris que l’on n’est mieux défendu que par soi-même, qu’il est illusoire et hasardeux de confier sa sécurité à un autre Etat.

Grâce à l’armée qu’ils ont mise sur pied, équipée et entretenue, ils ont empêché l’annexion d’une partie de notre territoire national par la Guinée (1968), triomphé de deux rébellions touarègues (1963 et 1990), repoussé deux agressions armées dirigées contre notre pays depuis Ouagadougou pour annexer la Bande de l’Agacher (1974 et 1985), empêché la violation de notre espace aérien par les Mirages français en route pour N’Djamena pour aller y renforcer le dispositif de l’opération Épervier contre Mouammar Kadhafi. Les présidents Modibo Kéïta et Moussa Traoré ne furent pas des bellicistes. Seulement, ils ont compris, comme l’enseigne le vieil adage latin, si vis pacem para bellum (qui veut la paix prépare la guerre). Ils ont assuré la stabilité de l’Etat, la paix et la sécurité afin qu’en toute quiétude, le peuple malien  puisse se consacrer à son développement.

 

Cependant, il arrive que le pacifisme ou l’état de sous-développement incitent certains à sous-estimer la complémentarité entre sécurité et développement. Un idéalisme les conduit à concevoir qu’avec l’évolution de l’humanité, à l’époque contemporaine, les hommes sont devenus suffisamment sages pour ne plus se faire la guerre.

Les deux successeurs immédiats de Modibo Kéïta et de Moussa Traoré, « premiers présidents démocratiquement élus du Mali », furent des adeptes du pacifisme. Alpha Oumar Konaré s’est voulu intellectuel et humaniste. Cela l’a amené à considérer qu’un pays comme le Mali n’a pas besoin d’armée, que ses problèmes sont uniquement des problèmes de développement. Amadou Toumani Touré qui lui a succédé, bien que militaire, a partagé la même conception. Aussi, ont-ils méthodiquement émasculé l’armée la plus puissante d’Afrique noire francophone.

Les conséquences sont connues. Le peuple malien continue de les vivre dans la douleur et l’humiliation : recrudescence des rebellions touarègues, banditisme armé, trafic de toutes sortes dans le Septentrion et, pour finir, partition de facto du pays et appel aux troupes de l’ancienne puissance colonisatrice pour venir aider à reconstituer l’unité nationale et restaurer l’intégrité territoriale, celles-là même que Modibo Keïta avait chassées le 20 janvier 1961,

Ainsi, pour avoir choisi d’être pacifistes, peut-être pensaient-ils bien faire, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ont fait subir, au peuple malien, l’occupation étrangère et l’arrêt, pendant plus d’une année, de toute activité de développement. Les guerres de l’après-guerre ont ceci de commun qu’elles ne sont pas précédées de déclaration de guerre. Certes, ce sont des conflits locaux. Il n’en demeure pas moins qu’il faut se prémunir contre elles. C’est parce qu’on est faible militairement qu’on incite l’agresseur à passer à l’action. Il y a donc lieu de tenir compte de l’équilibre que la terreur inspire et rester aussi puissamment armé qu’on le pourrait.

LA REDACTION

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