Nord Mali / Les rebelles ont repris Aguelhok et attaquent Andéramboukane et Léré

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    Aguelhok, ville située à 170 km au nord de Kidal, tombé sous le contrôle de rebelles touaregs, attaques nourris sur Andéramboukane ce jeudi matin, puis sur Léré, l’après midi. La révélation sur ces attaques tranche avec le propos du ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, qui soulignait au même moment que toutes les villes du nord du Mali étaient sous le contrôle de l’armée malienne. L’optimisme du ministre a été vite contrarié par la réalité du terrain.

    Ce jeudi, Moussa Ag Acharatoumane, du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a revendiqué l’attaque de la ville d’Andéramboukane situé à l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne. Cette attaque est la quatrième depuis une semaine (après Ménaka, Tessalit, Aguelhok). Au moment où nous mettons sous presse, hier jeudi, c’est Léré, une ville située à 600 km au nord-est de Bamako qui était sous le rouleau compresseur des rebelles touaregs. Ils se sont emparés de cette localité malienne proche de la frontière mauritanienne. Ce qui représente l’ouverture d’un nouveau front au Sud de l’Azawad, la zone qu’ils revendiquent. Les rebelles qui sont entrés à Léré y auraient hissé leur drapeau.        

    Un jour avant, le 24 janvier, les hostilités avaient repris, à la faveur d’un assaut mené par les combattants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le groupe salafiste Jamâa Anssar dine d’Iyad Ag Ghaly sur certaines villes du nord-est du Mali dont Aguelhok. La ville avait été le théâtre de tirs à l’arme lourde et certains habitants ont réussi à quitter pour rejoindre Kidal. Selon des témoignages au niveau de la population, des éléments de l’armée régulière, basés à Aguelhok n’étaient pas visibles. Se sont-ils mis à l’abri, où ont-ils été faits prisonniers ? Certaines sources affirment que cette attaque d’Aguelhok fut un carnage avec plus de 40 militaires maliens tués, révélant le déséquilibre des rapports de forces dû aux  armements sophistiqué dont disposent les rebelles.                                
    Par ailleurs, le renfort militaire qui a quitté Gao le 19 janvier, pour Aguelhok, et qui était dirigé par le colonel major Mohamed Ould Meidou, a été contraint de faire demi-tour le 20 janvier suite à une embuscade tendue par les salafistes du Jamâa Anssar dine et les combattants du MNLA, dans l’Oued de In-Emsal, à 15 km au sud d’Aguelhok, précise un article de Jeune Afrique.                                                     

    Les assaillants auraient à leur direction, les troupes de d’Iyad Ag Aghaly, avec à leur tête le Colonel M’Bam Ag Moussa, plus connu sous le nom de «Bamoussa». Après avoir déserté de l’armée malienne, ils seraient soutenus par des militaires revenus de la Libye. Cependant, indique-t-on, l’armée malienne aurait engagé le mercredi 25 janvier des avions dans les combats, bombardant les bases occupées par les rebelles, et faisant des dizaines de morts chez les rebelles.

    Et selon certaines informations, un avion malien a été descendu par les assaillants qui disposent de missile sol-air. Hier après midi, un homme politique malien, candidat à la présidentielle de 2012, recevant les journalistes chez lui, s’est interrogé si tous les avions maliens qui ont pris part au bombardement contre les positions rebelles étaient retournés indemnes à leur base. En effet, un article du Monde fait état de présence dans la région des combats, d’épaves d’un avion malien. Pendant ce temps, le déficit d’informations, parce que la DIRPA ne communiquant pas, alimente des informations des plus contradictoires.                            

    Le conflit en cours au Mali ne manque pas de considération ethnique. Si les peuplements touareg des Oulemedens, des Ichnidharans et des Imgads venus de Libye sont favorables à l’armée régulière et combattent auprès des éléments de l’armée malienne, les Idnans et les Ifhogas combattent contre et alimentent la rébellion et des revendications indépendantistes.                   

    Ce réveil brutal des foyers de rébellion est en train de reléguer au deuxième plan la lutte contre Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) dans laquelle s’étaient lancés les pays des champs. La stratégie de lutte contre Aqmi comprenait le déploiement de 75 000 hommes dans le sahel, l’implantation à Tessalit d’un centre d’instruction contre le terrorisme et un plan de sécurité touristique, entre autres. Ces mesures annoncées par le ministre Soumeylou Boubèye Maïga sont-elles restées lettres mortes ? De même le ratissage dans la forêt du Ouagadou n’a pas eu l’effet escompté, car à chaque fois, Aqmi y est retourné de la plus belle manière.

    B. Daou

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