Opposition malienne : Républicaine ou spectatrice ?

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Les sages des mouvements d'autodéfense de Gao à la rencontre de l'opposition : «Abandonnés par l’Etat, nous soutenons nos jeunes qui nous défendent»
Ahmadou A Diallo, Soumaila Cissé et Tieblé Dramé écoutant les jeunes au Cadre de concertation

Face à la gravissime crise que traverse notre pays, les langues commencent à se délier vis-à-vis de l’opposition politique : si elle n’est pas aussi coupable que le pouvoir dans le chaos actuel, sa part de responsabilité semble être suffisamment établie.

 Responsable par sa passivité face à la situation politico-sécuritaire du pays. Responsable pour sa quasi indifférence face au marasme économique et aux souffrances des citoyens dépourvus jusqu’au minimum vital. Responsable, aussi et surtout, pour son inactivisme avéré face aux dérives du régime. Responsable, enfin, pour son incapacité à gérer ses dissensions internes. Certes, l’option de l’opposition d’inscrire son action dans le cadre de la République et de la démocratie est saluée et appréciée de tous, mais l’opinion n’en attendait pas moins d’elle l’image d’une force de résistance et de proposition et une plus grande animation sociopolitique. Un véritable contre-pouvoir. Dans le respect de l’esprit républicain et démocratique dont elle se réclame.

« Mieux vaut le consensus qu’une opposition spectatrice », lâche un vieil homme politique, visiblement abasourdi par le silence étonnant de l’opposition malienne dans le contexte actuel du pays. Un autre va plus loin dans sa réflexion : « L’opposition radicale est toujours meilleure et plus porteuse d’espoir que l’opposition républicaine ».

Qu’il soit adepte du consensus ou du radicalisme politique, l’un et l’autre de nos interlocuteurs semblent sans doute mettre en cause le comportement de l’opposition politique actuelle qui se qualifie de républicaine et démocratique. Ce comportement se traduit par une absence remarquée sur la scène politique, mais aussi et surtout par un silence coupable face à l’état de la nation caractérisé par une situation sécuritaire précaire, une gouvernance sans repère, un marasme économique et une crise financière sans précédent, et un accord qui compromet le caractère unitaire de l’Etat, l’unicité de la nation, l’intégrité du territoire etc. Au-delà de nos deux retraités de la scène politique, c’est le sentiment général au sein des populations que l’opposition malienne n’existe que de nom ou tout au moins elle dort sur ses lauriers.

Et pourtant, le régime d’IBK l’a dotée de matières pour qu’elle se réveille et « chauffe » la scène. Comment ?

Investi aux fonctions suprêmes du pays le 04 septembre 2013, Ibrahim Boubacar Kéïta commet, deux mois seulement après (le 13 novembre), un premier gros impair, en passant, via un de ses « futurs » conseillers, un contrat d’armement de plus de 69 milliards de FCFA, montant porté à 108 milliards. Pour un pays qui sortait d’une crise institutionnelle sans précédent, la bourde était proportionnelle au montant injecté dans ce « marché ».

Plus, grave, quelques mois après, le président de la République commet sa deuxième erreur fatale : il achète un avion de commandement (alors qu’il y en a un qui a servi durant le régime d’ATT et la Transition de Dioncounda Traoré) à 16, 17, 20 ou 21 milliards de FCFA selon les interlocuteurs.

Troisième caviar offert à l’opposition : l’affaire Michel Tomi, qui éclate, en mars 2014, en même temps que les deux scandales cités plus haut.

A cela, viennent s’ajouter d’autres dossiers tout aussi scandaleux tels que la réfection du palais de Koulouba qui passe de 4 à 12 milliards, la rénovation de la résidence privée de Sébénicoro, l’affaire de signatures imitées par des conseillers, « Ma famille d’abord » etc.

Qu’est-ce que l’opposition a fait de ces « cadeaux » à elle offerts par IBK lui-même sur un plateau d’or. Rien ou presque. Parce que l’opposition était disparate et chacun de ses éléments agissait en singleton.

Par rapport aux affaires mentionnées, la réaction de rang qui reste dans les esprits, c’est une déclaration-document du Parena au vitriol. On comptabilise aussi des déclarations dans la presse du président de l’Urd. Plus rien.

Puis vint, la gaffe du siècle : la visite hasardeuse et inopportune du Premier ministre, Moussa Mara, à Kidal.

 

Accord d’Alger : divergence de vue

Sous certains cieux, cet épisode malheureux, qui fit perdre au Mali toute une région et même le nord aurait servi de choux gras pour l’opposition. Mais, l’opposition malienne se limitera encore à des sorties dispersées et sans aucun impact.

Quid de la situation économique et du quotidien des Maliens ? L’opposition ne lève pas haut le doigt pour être vue, entendue et pour faire mouche. Parfois, dans leurs déclarations, les partis membres de l’opposition évoquent certes  les conditions de vie difficiles des populations et condamnent l’incapacité du gouvernement à y faire face, mais ils s’arrêtent en bon chemin.

Il en est de même de la mauvaise gouvernance instaurée comme mode de gestion des affaires. L’opposition effleure cette tare dans ses réactions, mais seulement sous forme de dénonciation.

Toute cette attitude de pacifisme est à saluer, mais elle est jugée trop complaisante, même pour une opposition qui se veut républicaine et démocratique. L’opposition malienne n’agit pas, de l’avis de plusieurs spécialistes, en une force de résistance et de proposition, et en un véritable contre-pouvoir. Elle ne parvient à imposer ses idées et ses propositions au gouvernement. Même pas à se faire écouter et entendre.

La preuve palpable de ce triple état de fait est fournie par le débat autour de l’«Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger » qui a même failli consacrer la cassure au sein de l’opposition. La pomme de discorde ? C’était une divergence de vue sur les terminologies « prendre acte » et « se démarquer » de l’Accord entre le parti Fare An ka wuli (favorable à la démarcation pure et simple) et les autres  membres de l’opposition (qui prônent plutôt la souplesse). Les deux parties se séparent dos à dos, chacune campant sur sa position et gardant, finalement, son expression fétiche. Finalité : deux communiqués pour une seule opposition.

L’Accord, déjà paraphé par le gouvernement et la Plateforme armée le 1er mars, sera signé à Bamako, en principe, le 15 mai. Mais, l’opposition n’a toujours pas de position commune qu’elle pourra faire valoir pour l’histoire.

Sa dernière arme, c’est cette lettre de protestation et de rupture envoyée en fin de semaine dernière au Premier ministre, Modibo Kéïta. Est-ce le début de la (vraie) bataille ? Ou bien l’opposition attendra que son chef de file soit réellement installée ?

Sékou Tamboura

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14 COMMENTAIRES

  1. Le Mali n’a jamais connu une opposition aussi responsable que celle là. Celle dont le chef de file est l’honorable Soumaila Cissé. Un homme très humble, courtois et travailleur.
    Soumaila à fait ces preuves partout ou il a été en France, au Mali et en tant que président de la commission de l’UEMOA pendant 8 ans. Un homme respecté à travers le monde par son esprit d’intelligence hors paires.
    Avec l’opposition constructive et républicaine, ils ont dénoncés dès la veille des élections des élections législatives. Ils n’ont jamais rien laissé passé. Cela peut s’illustrer par la motion de censure déposée contre le gouvernement de l’incapable Moussa Mara.
    Par rapport à l’accord d’Alger version IBK, l’opposition à toujours précisée qu’elle souhaite que le gouvernement organise une table ronde avec toutes les forces vives de la nations afin de trouver une solution définitive à la crise. Elle a rappelé que cet accord n’est pas un accord de stabilité, de paix et de réconciliation durable pour le Mali.
    Avec tout ça, des gens osent parler du n’importe quoi sur l’opposition.
    Pour votre information, le décret portant nomination du chef de file de l’opposition n’a pas encore été signé par le chef de l’Etat.
    Cette opposition à des devoirs et des droits bien précis. Il vous suffit de les lires pour comprendre au lieu d’écrire à chaque fois ce qui vous vient à l’esprit.

  2. Les deux peluches d’IBK et du régime malpropre et incompétent qui ne ratent aucune occasion pour accuser l’opposition en faveur d’un homme souillé par ses actes et les fraudes de son entourage !

    Vous n’êtes pas à bout de vos peines car personne ne peut nettoyer ma famille d’abord.

    Ce sont ces même Kassim Traoré et Jeremy Dako qui sont les 1ers à crier quand l’opposition dénopnce les dérives et les scandales du régime.
    N’oubliez pas que l’opposition a dit son mot sur les accords, le manque de vision, l’exclusion des populations et les mille scandales du régime.

    Elle n’en fera pas une chanson.

  3. ATTENTION; les trois gangsters le truand la brute et l’autre ❓ ❓ ❓ ❓ ❓ 😳 😳 😳

  4. Ce sont des diffamations suscitées par l’opposition pour salir le président de la république IBK

    QUELLE EST LA PART DE VÉRITÉ DANS LESDITS AFFAIRES?
    l’affaire Michel Tomi, la réfection du palais de Koulouba , la rénovation de la résidence privée de Sébénicoro, l’affaire de signatures imitées par des conseillers, « Ma famille d’abord » .la visite du Premier ministre, Moussa Mara, à Kidal.

  5. Pourtant cette opposition doit être reconnaissante envers le Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui lui a donné, ce que personne ne lui avait donné avant, j’allais dire de l’importance. Elle devait avoir une bonne conduite envers lui !

    Qui donc de cette opposition, ont soulevé et enflammé la polémique, au sujet de l’achat de cet avion présidentiel, au point d’en faire leur bréviaire, pour intoxiquer l’opinion nationale et internationale

  6. Une opposition qui chercher tous jours salire imagie d’un president democratiment Elu 77% d la Popilations malienne. vive IBK vive Mali

    • He mr moko, depuis quand IBK est-il élu par 77 % des maliens?
      Mathématiquement, 77% des maliens résulte de la division dès 15 millions de Maliens par 100 et multiplier par 77. Ce qui est plus de 10 millions d’âmes qui ont élu IBK à vous entendre.
      Or en vérité, il n’y a eu au Mali que moins de 7 millions de Maliens inscrits sur le fichier. Pendant que c’est seulement 3 millions qui ont pu voter.
      Et pour élire IBK, il sont bien moins de 2 millions de Maliens en chiffrage exprimé.
      Alors depuis quand 77% de Maliens ont élu IBK? Revois ta copine, pardon ta copie, mr Moko.
      Par ailleurs tu penses que l’opposition veut salir le nom du vieux voleur? Ah non!
      Ils ont dénoncé des actes de vol et d’arnaque de la part d’un régime de voyous.

  7. J’ai bien PEUR des mauvaises intentions de certains maliens a l’image de Sekou Tamboura. Comment peut-on dire que l’opposition a ete inactive malgre toutes les denonciations qu’elle a faites des agissements louches du voleur MANDE ZONKEBA et son gang. Il reste une seule chose que l’opposition n’a pas encore faite mais qui ne risque de tarder: celui de demander la DEMISSION pure et simple de IBK ou son RENVERSEMENT. Je ne vois rien d’autre de plus qu’elle peut faire a part cela et nous savons tous que nous n’avons pas besoin d’une telle solution non plus.

  8. Bonjour , Bonsoir à mes frères et soeurs Ganjistes.

    L’opposition n’est pas spectatrice , c’est tout simplement qu’ils se sont discrédités par leurs gestions antérieures . De plus, il faut noter que les partis politiques au mali ont à vocation la promotion personnelle, aucune alternance à la tête des partis. En d’autre termes, ce ne sont pas des idées que l’on défend mais des personnes.
    modibo et son fares, soumy et son urd, tiebilé et son parena.
    Le projet mali horizon 2030 de Modibo était bien mais le souci est que c’est quelqu’un qui n’a aucun charisme .

    ******************************************************************
    Gloire perpetuel à notre leader Klela Baba. Que soit benit son nom, sa vie, sa source, sa lumière.
    Vive le Ganjisme, vive la science universelle !

  9. Un bel article, en toute impartialité. Et je pense que cette opposition-supposée-, doit apprendre des erreurs du passé afin d’aider les populations à anticiper dans la crise.
    Certains pensent qu’être opposant c’est de tout critiquer et sans tâcher à en proposer.
    Par ailleurs, je comprends les enjeux de la pomme de discorde entre Fare de MS et le groupe VRD de Soumi :
    1- MS prône le jet du bébé avec l’eau du bain.
    2- Soumi veut en prendre acte. Or, entre prendre acte et le rejet total, la nuance est presque inexistante du simple fait que le premier anticipe dès le départ pour exprimer sa désapprobation. Alors que le second attend à ce que ça se bloque pour justifier ses inquiétudes.
    Malgré tout, les deux camps n’ont pas adhéré au projet.

    Mais, je ne vois pas l’intérêt de prendre acte d’un accord si on sait qu’il n’est pas bon.

    MS connait ce dossier mieux que IBK.
    Les Soumi et Tiebile sont des petits bandits. Ils savent que ça va pêter pour crier avec les loups demain.

    • Avant de rendre sa démission, je demande au Président IBK de vite faire annuler ce stupide décret de statut de l’opposition, qui n’est autre qu’un projet vers le consensus : partage du gâteau à tout prix

  10. Cette opposition est tout simplement de la merde.

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