Cheick Oumar Diallo, secrétaire politique de l’ADP-Maliba, à propos l’Audit du fichier électoral et l’inscription sur les listes électorales : « Le silence de la DGE est incompréhensible et inadmissible»

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A moins d’un an des élections  présidentielles, le silence du gouvernement concernant l’audit du fichier électoral surprend la société civile et la classe politique malienne. Préoccupé pour l’organisation d’une élection crédible et transparente, le parti Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba) a saisi le premier ministre la semaine dernière non seulement pour demander des éclaircissements mais aussi solliciter la réalisation indépendante et libre de l’audit du fichier électoral. Pour avoir plus d’éclaircissements sur les démarches entreprises par  le parti ADP-Maliba et ses futures actions, nous avons approché son secrétaire politique, Cheick Oumar Diallo. Lisez  l’intégralité de notre entretien.

Le Pays : quelles sont les raisons qui vous ont poussés à saisir le premier ministre pour demander des éclaircissements et la réalisation de l’audit du fichier électoral et quelles sont vos démarches antérieures ?

Cheick Oumar Diallo : D’abord, depuis l’année dernière, au moment où le gouvernement organisait les élections communales, nous étions intervenus. Nous avions alerté l’opinion nationale et internationale sur tous les manquements qu’il y’avaient autour du fichier électoral et les remises des cartes Nina mais nous n’avions malheureusement pas été écoutés. Malgré cela, nous avions continué à lutter pour qu’il y ait de l’amélioration dans le processus électoral à  travers la sensibilisation de notre population pour que les gens s’inscrivent  sur le fichier RAVEC. Le pire des problèmes à ce niveau est que ces gens n’ont jusqu’ à présent reçu ni leur carte Nina ni l’assurance qui prouve qu’ils sont inscrits sur le fichier RAVEC .Nous sommes à quelques mois des élections présidentielles et nous ne voyons aucune action entreprise par le gouvernement ni concernant  l’audit du fichier électoral ni l’enregistrement sur le fichier électoral des personnes ayant l’âge de voter. Nous avons donc décidé de passer à une étape supérieure, celle de la saisine du premier ministre. Pour nous, le flou qui est là, est soit la preuve d’un amateurisme incroyable  soit la preuve de la mauvaise foi du général. Voilà pourquoi nous avions saisi le premier ministre pour qu’il nous fasse des éclaircissements concernant l’enregistrement des personnes non inscrites sur le fichier électoral, la non obtention de la carte Nina et la réalisation dans un bref délai de l’audit du fichier électoral.

La structure en charge des élections est la DGE .Pourquoi avez-vous saisi le premier ministre en premier ?

Nous n’avons formellement pas saisi la DGE mais nous avions échangé avec des autorités en charge des élections mais n’avions reçu  aucune suite favorable. Nous croyons aujourd’hui que le véritable organisateur des élections chez nous au Mali est le gouvernement  et c’est d’ailleurs pourquoi nous  l’avons saisi pour qu’il puisse faire rapidement  l’audit du fichier en collaboration avec la DGE. Quant à la délégation générale des élections, nous la saisirons pour qu’elle donne des éclaircissements. Son silence est incompréhensible et inadmissible.

Du   1er au 31 octobre, c’est la période d’inscription des personnes en âge de voter sur le fichier électoral. Le gouvernement n’a jusqu’à présent pas entrepris des campagnes de sensibilisations .Que pensez-vous de ce silence ?

 C’est ce silence que nous avons dénoncé dans notre correspondance adressée au premier ministre. Nous croyons qu’il est indispensable que le gouvernement mène des  campagnes de sensibilisation autour de ce sujet. Nous trouvons qu’il est inadmissible que personne ne cherche à ce que les élections de l’année prochaines se fassent dans un climat apaisé. Nous savons qu’il y a beaucoup de sujets de préoccupations tels que la crise au nord du pays, les questions de gouvernance de manière générale mais  les élections de l’année prochaine restent   un challenge  majeur pour les autorités. Pour nous, ce challenge se situe à un niveau essentiel, la révision du fichier électoral, l’inscription sur les listes électorales et la distribution des cartes Nina. De 2013 à nos jours, des centaines de milliers de nos compatriotes ont atteint l’âge de voter mais ne savent jusqu’à présent ni s’ils sont inscrits sur la liste ni s’ils auront leur carte Nina. Tous ces gens ont manifesté leur mécontentement à l’encontre du gouvernement. Aujourd’hui, nous nous demandons si nous allons prendre le risque d’aller aux élections présidentielles avec ce système très flou ou  si nous allons commencer  à nous dire comment va  se dérouler  le calendrier pour l’enrôlement des maliens , pour la révision des listes, pour la consolidation et comment va se dérouler le calendrier pour la remise des cartes Nina .On doit savoir que la carte Nina n’est pas qu’un élément électoral .Elle est un élément d’identification nationale et il est inadmissible que les Maliens ne puissent pas être identifiés  dans leur propre pays. L’Etat doit assumer sa responsabilité et faire preuve de beaucoup plus de transparence dans le processus de révision des  listes électorales qui doit commencer le 1er octobre prochain.

En cas de la non prise en compte de votre inquiétude, qu’allez-vous faire ?

 Nous avons pour le moment adressé une lettre au premier ministre en toute  bonne foi. Nous espérons que nous trouverons une repense qui nous permettra de nous situer sur nos futures actions.je ne pense même pas à un échec à notre noble demande auprès du chef du gouvernement. Nous croyons qu’aujourd’hui, l’audit du fichier électoral malien est plus qu’une nécessité, c’est un impératif. La population malienne est plus que déterminée pour savoir si le fichier électoral  est exact et fiable. Je suis sûr que si les autorités sont de bonne foi, elles prendront en compte nos préoccupations.

Quelles sont les dispositions prises au sein de votre parti  pour sensibiliser les populations à aller s’inscrire sur les listes électorales ?

 Nous avons dès à présent commencé à sensibiliser dans nos structures de bases afin que les sections mobilisent leurs  militants pour qu’ils s’inscrivent  sur les listes électorales. Nous faisons ces sensibilisations parce que la carte Nina est non seulement un document qui leur permet de voter pour le candidat de leur choix mais aussi parce que c’est le droit de chaque malien ayant l’âge de voter. Nous allons, en collaboration avec d’autres acteurs politiques travailler pour que ce moment de la révision des listes électorales soit un grand moment de démocratie dans notre pays.

Etes-vous déterminés pour que les élections présidentielles à venir soient libres transparentes ?

 Nous sommes plus que jamais déterminés à obtenir une élection  libre, transparente et crédible parce qu’il en va de l’avenir de notre pays. Notre parti fera tout ce qui est de son possible pour que nous obtenions cela. Je suis convaincu que l’élection présidentielle de l’année prochaine sera un tournant décisif. Nous allons pour le moment travailler pour que nous ayons une solution au problème du dossier le plus brulant de nos jours .Pour ne pas être en retard, nous avons préféré commencé ce combat de l’audit pour la satisfaction de la demande de nos populations.

Quel appel avez-vous à lancer à nos partenaires ?

Nous leur faisons savoir que le Mali a  un défi à relever .Ce défi n’est d’autre qu’inviter le gouvernement à faire l’audit du fichier électoral dans un bref délai. Pour résoudre ce problème, chacun doit jouer sa partition et nous leur invitons de s’ajouter à nous pour que le gouvernement du Mali fasse des campagnes de sensibilisation pour l’inscription sur la liste électorale ceux qui ont atteint l’âge de voter et aussi faire l’audit du fichier sans laquelle les élections ne seront pas crédibles. Dans notre correspondance adressée au premier ministre, nous avons fait beaucoup d’organisations internationales des ampliateurs. Nous croyons avec la participation de tout un chacun, nous pouvons espérer à une transparence dans la révision du fichier électoral et dans la distribution des cartes Nina.

Entretien réalisé par B. Guindo

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