Chic ou choc ? La République est menacée !

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« Le Mali est le pays de la débrouillardise ».

Prononcée sur un ton presque innocent, cette phrase lapidaire est pleine de significations et cache pas mal de sous-entendus.

Le Malien se « débrouille ». Comment ?

Pas en se dérouillant selon les prescriptions divines qui veulent que l’homme gagne son pain à la sueur de son front.

En tirant sans cesse le diable par la queue, les Maliens, eux aussi se font tirer la « queue » (faut pas fâcher hein ? Nous s’amuser) par le diable.

Même pas moyen de faire  économie de bouts de chandelles dans un pays où l’indigence côtoie la misère générale.

A défaut de vivre pour manger, il faut bien manger pour vivre.

Joindre les deux bouts, tout juste pour ne pas crever de faim, oblige chaque jour à moult acrobaties.

La ménagère a perdu son panier, entend-on dire face à la hausse abusive des prix des produits de base, alors que le panier était déjà en mille lieues.

A force de chercher leur pitance quotidienne, même les mendiants sont devenus des loups pour l’homme. Mendicité rampante et agression sur le passant, tous les moyens sont bons pour ramasser quelques miettes.

Mais au pays des aveugles, les borgnes sont rois.

De lazare à Crésus, c’est comme la distance entre le ciel et la terre.

Si certains dorment dans les chaudières, d’autres se construisent des châteaux dignes des mille et une nuit. Ne sommes-nous donc pas tous fils d’Adam et Eve ?

Dieu n’est le père à personne. Fort bien, mais, certains roulent sur l’or, pendant que d’autres croupissent dans la misère.

Le monde se divise en deux : entre ceux qui trinquent et ceux qui triment, entre ceux qui sont (presque) au jardin d’Eden et ceux qui boivent le calice jusqu’à la lie.

Le Mali est pauvre, mais certains Maliens sont très riches.

Tout le monde se « débrouille ».

C’est la débrouillardise.

Pour tout dire, la débrouillardise, c’est la magouille.

Quand on n’est pas né coiffé, comment se taper une belle voiture, construire une villa au bord du fleuve Niger, avoir un beau verger, un gras compte bancaire ? Les quatre « V », c’est dans l’air du temps qui permet aussi de se taper de belles nanas.

Le petit fonctionnaire puisera à pleines mains dans la caisse du service, l’opérateur économique véreux gonflera la facture, de connivence avec le Boss, des marchés se passent de gré à gré. Commissions et pots de vin sont versés pour obtenir des faveurs particulières. Partout pullulent les plongeurs en eau trouble, les magouilleurs de haute volée, les requins de la pire espèce, les caïmans aux crocs pointus. La sueur du peuple s’en va… en fumée ou en larmes. Misère pour la grande majorité, opulence pour la minorité.

La République est menacée.

Et quand, face à la situation, Konaré (avant), ATT, (après) décide de taper du poing sur la table, on les accuse de se livrer à la chasse aux sorcières.

Ils ne prendraient, dit-on, que le menu fretin, pendant que les gros poissons passent entre les mailles du filet.

Aussi, malgré la chasse au gros gibier enclenchée et dont quelques uns sont passés à la trappe, la lutte contre les délinquants financiers s’embourbe dans les méandres de la politique politicienne.

Prises sélectives, dit-on par ci, élimination d’adversaires politiques, cri-t-on par-là.

Sait-on vraiment où on va et ce qu’on veut ?

A ne rien faire, c’est le laxisme, à frapper dans le tas, c’est l’acharnement. A faire quelque chose, c’est autre chose.

Ah ! Incompréhensibles Maliens !

Au premier coup de gourdin, corrupteurs et corrompus ont tôt fait de mettre leur fortune à l’abri.

Comme par enchantement, certaines banques se vident, les chantiers s’arrêtent, l’argent ne circule plus, l’économie marque le pas face à l’épée de Damoclés suspendue au-dessus  de leur souffle. Le temps de voir passer l’orage, espère-t-on.

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