Chronique du vendredi / Ultime moment de vérité entre ATT et la nation

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Le 22 septembre prochain, si tout se passe bien, Att devra suivre, en citoyen, l’adresse à la nation du président du Mali. Il aura, certes le 7 juin 2012, l’occasion comme son prédécesseur Konaré, de régler ses comptes, car dix ans de pouvoir et d’un pouvoir africain où tout le monde voit en le prince la main qui nourrit ou qui affame, suscitent bien quelques coups de gueule, des propos de dépits ou d’envie mais aussi de légitimes interrogations. Car là aussi, c’est le dernier rituel  de l’homme en tant que président de la 3è République, le message présidentiel du nouvel an et les réponses aux délégations qui vont défiler devant lui à cette occasion, sont un moment singulier cette année.

Singulier dans le contexte national dans lequel il intervient, à quelques mois des élections générales qui doivent élire le futur président du Mali, pendant que le Nord-Mali et le Sahel sans exploser nous causent des frayeurs et que, manque de pot, nous ne sommes pas, loin s’en faut, en année d’abondance alimentaire.  Singulier ensuite en raison d’un contexte sous régional et continental qui questionne les rapports de l’Afrique aux valeurs qu’elle professe et au monde avec lequel elle aspire à un partenariat gagnant. Pour les valeurs, il va falloir repasser, car même le moment unique de renouvellement de confiance ou de sanction que doit être l’élection donne lieu à des duels fratricides presque partout sur le continent.

Et pour le partenariat, ce n’est pas l’Union africaine qui nous démentira, il y a encore loin de l’intention à la réalité, le cas Kadhafi traité par les puissants du monde ayant fini de nous convaincre que notre continent ne pèse pas lourd et très souvent par sa faute. Singulier enfin dans un contexte mondial qui n’a résolu aucune contradiction fondamentale – les nations pauvres sont plus pauvres et les riches plus riches- alors qu’elle fait face, aux Etats-unis et en Europe à une crise économique et financière qui n’est pas pour déplaire au concurrent chinois. Compte tenu de toutes ces circonstances, le président Touré n’a pas beaucoup de choix.

C’est normal qu’il nous dise où son double mandat finissant a mené le pays, comment il juge lui-même  les résultats, quels étaient les  objectifs derrière les grands axes, et où, à son avis, se trouve le Mali aujourd’hui par rapport à ce qu’il a voulu faire ou a réussi à faire. Donc l’Etat face à la nation. La nation dans ses différents segments. Le Mali face à lui-même. Et le Mali face aux autres. Le listing des réalisations, certes peut être fastidieux et peut-être, faudra t-il simplement que les historiens du présent au moment où ils ne peuvent être soupçonnés de courtisanerie se penchent sur le bilan d’Att.

On ne peut pas avoir honte de célébrer un président qui s’est rendu près de trois cent fois à l’intérieur de son pays, donné des coups de pioche partout, négocié le financement de projets qu’il n’inaugurera pas, inauguré autant de projets structurants. De la même manière, et parce que dans la tradition de ce pays qui respecte tout de même ses anciens leaders, c’est Att lui-même que nous devons entendre sur les dossiers en instance et dont aucun à notre avis n’est banal. Qu’il s’agisse du Nord, il doit nous dire ce qui se passe, avec l’exacte rigueur de quelqu’un qui a dû entendre qu’il est l’instigateur et le seul bénéficiaire du chaos redouté dans cette partie de notre pays.

Qu’il s’agisse du processus électoral, il importe également que le président obtienne de son gouvernement des échéances concrètes sur le fichier électoral et qu’il nous dise comment il entend s’attaquer au douloureux problème du taux d’abstention généralement imputé aux partis alors que la mission d’encadrement du citoyen incombe d’abord à l’Etat.

Qu’il s’agisse de la situation alimentaire, Att aura bien raison de revenir sur les mesures prises mais il lui faudra nous parler de l’ampleur du problème, dans la mesure où, dans la presse comme dans les salons, le gouvernement est accusé de vouloir atténuer la gravité du sinistre. Enfin sur le dossier social, l’école tient le haut du pavé. Le président ne pourra pas ne pas l’aborder, malgré les mesures récentes ainsi que la dynamique de dialogue entamée par les départements de l’éducation. Pour la simple raison que l’université accuse du retard et que le secondaire est en grève. Et pour une autre raison : c’est bien lui qui a dû monter au créneau dans le bras de fer qui opposait le Snesup à Modibo Sidibé.                

Adam Thiam

 

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