Chronique du web : Michaëlle Jean à la conquête du sixième continent

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Elle est canadienne d’origine haïtienne. Elle est journaliste et fut Gouverneure générale – représentante de la Couronne britannique – pour son pays d’adoption. Elle est aussi très belle, ambitieuse et entière. Mais elle est surtout profondément humaine. En fonction des circonstances, elle est capable de pousser un coup de colère, d’esquisser des pas de danse avec ses sœurs, rire sans retenue avec elles ou fondre en larmes quand ses convictions profondes sont heurtées par l’infortune humaine. Les Maliens se souviennent encore de l’historique visite qu’elle effectua dans notre pays en novembre 2006, visite au cours de laquelle elle dévoila un registre insoupçonné de ses qualités humaines, humanistes et d’homme d’État.

 

A 57 ans, Michaëlle Jean, pour ne pas la nommer, a été désignée à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie le 30 novembre dernier à Dakar, à l’occasion du XVème Sommet de la Francophonie. La successeure (parlons français canadien) d’Abdou Diouf est une femme de challenge qui a pris la juste mesure de sa nouvelle charge qu’elle sait délicate, complexe et parsemée d’embûches. Première femme et première « non-africaine » à ce poste, elle devra ferrailler dur contre les forces d’inertie qui ne manqueront pas d’être à l’œuvre pour plomber son mandat.

 

Malgré ce handicap originel, le mandat de Michaëlle Jean s’annonce plutôt sous de meilleurs auspices. Outre ses qualités intrinsèques, elle pourra s’adosser à un géant, le Canada, pour l’aider à « pacifier » l’espace francophone passablement mis à mal par les circonstances de son élection. Justement, ce pays très en pointe de l’innovation technologique, vient de produire un excellent rapport sur l’état de la francophonie numérique, disponible en téléchargement libre à cette adresse : http://www.francophonie.org/IMG/pdf/isocrapport_francophonie_numerique2014_web.pdf

 

Cet excellent rapport a été commandé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Isoc Québec et vient d’être rendu public. Dans sa conclusion, les rédacteurs citent le journaliste et essayiste français, Jean-Claude Guillebaud, qui compare carrément la mutation numérique à un sixième continent : « la mutation numérique […] est celle qui modifie le plus notre rapport au monde : cette irruption de l’immatériel marque l’émergence d’un sixième continent – Internet – auquel chaque être humain est désormais connecté. Situé partout et nulle part, il ne cesse de s’étendre, toujours plus vite. Les bouleversements engendrés s’avèrent incommensurables : nous savons qu’ils vont se produire, sans être en mesure d’en savoir plus sur eux ».

Ceux d’entre nous qui sont confortablement installés dans des postures ringardes ont encore le temps de coller à l’arrière-train du convoi de la modernité. La révolution numérique, consécutive à l’avènement de l’Internet et à sa prégnance dans notre quotidien, offre à chacun de nous, indépendamment de notre lieu de résidence, de notre origine sociale, de notre niveau d’éducation, de nos convictions politiques, religieuses…, l’opportunité de transformer nos handicaps en atouts et d’être des acteurs, à part entière, de la société mondiale de l’information et du savoir.

Fort heureusement, Mme la nouvelle Secrétaire Générale a annoncé qu’elle prendra d’assaut ce sixième continent.

Serge de Méridio

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