Focus : Le PDES en rattrapage !

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Combien de voix s’étaient élevées au moment du rayonnement du Mouvement Citoyen (MC), pour demander, sans succès, son érection en parti politique ? Elles sont nombreuses. Parmi elles, celle d’Ousmane Ben Fana Traoré, un jeune et dynamique cadre qui sert depuis longtemps aux côtés du président Amadou Toumani Touré, aura marqué plus d’un. Ayant ainsi prêché dans le désert, il a fini par créer le parti Citoyen pour le Renouveau (PCR) qui, vaille que vaille, occupe le terrain politique. Le parti Force Citoyenne et Démocratique (FCD) de Djibril Tangara (précédemment président du MC) suivra la même logique, après que son leader eut été mis en douce à la touche au MC.

C’est après avoir perdu plusieurs de ses cadres (qui sont allés au PCR et à la FCD), que le Mouvement citoyen et la nébuleuse d’associations qui s’y greffait ont décidé de faire la mue tant redoutée. Le lancement du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) est devenu ainsi une réalité le 17 juillet 2010. Après une valse d’hésitations. Or, les livres saints nous enseignent que tout ce qui est entrepris avec hésitation connaît difficilement le succès escompté.

Après quelques difficultés pour recevoir son récépissé, le "parti présidentiel" est passé à la vite supérieure… de ses soucis. Le PDES a été confronté à une…saignée. Trois députés viennent de quitter ses rangs. Deux d’entre eux, Mody N’diaye et Mamadou Diaw ont été accueillis à bras ouverts par l’URD et un autre, Abdoulaye Sidibé, est parti à l’ADEMA. L’honorable Sidibé, élu à Gao sur une liste commune avec Assarid Ag Imbarcawane et Abouzeïdy Maïga, a déposé  sa démission du groupe parlementaire PDES, le jeudi 21 octobre, pour des "raisons personnelles". Il a le même jour  adhéré au PASJ. Ainsi, en un temps record, le groupe parlementaire PDES, avec ses 17 députés, se retrouve avec la portion congrue de 14 élus de la nation.

 Faut-il préciser que les deux députés partis à l’Urd ont, eux aussi, évoqué des "raisons personnelles" pour motiver leur retrait du parti présidentiel. Que cachent ces fameuses raisons personnelles si ce n’est un malaise quelconque ou un climat d’insatisfaction au sein du groupe PDES à l’Assemblée nationale ? Les députés démissionnaires du PDES reprochent-ils à leur parti  le léger retard pris dans son déploiement sur le terrain ? Nul ne saurait le dire. Tout compte fait, ce retard commence à être comblé depuis quelques jours. En effet, les premiers responsables du PDES ont décidé de se consacrer rapidement à l’implantation des coordinations régionales du parti.

C’est ainsi que le monsieur "stratégie politique" du parti et non moins 3ème vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Hamadaou Sylla, vient de sonner la fin de la récréation. Il était à la tête d’une forte délégation pour installer la section du parti à Nara, Banamba et dans d’autres contrées au cours week-end du 16 au 17 octobre dernier. Il vient de poser les bases du parti, le samedi dernier à Dioïla et dans les localités environnantes. Ici et là, Hamadaou Sylla rassure les uns et les autres que le PDES a son destin en main. Il jouera pleinement sa partition, malgré les peaux de bananes qu’on peut glisser sur sa route.

Le parti présidentiel était, toujours le samedi 23 octobre dernier, en phase d’installation de ses bases dans la région de Tombouctou et dans le District de Bamako. Ainsi, l’honorable député et non moins 11 ème vice-président du PDES, Oumar Bouri Touré dit Billy a été élu à la tête de la section du parti présidentiel de Goundam, au sein d’un bureau de 47 membres. On annonce, pour les deux mois restants de cette année 2010, un programme d’implantation du parti dans tous les coins et recoins du pays et au-delà des frontières nationales. La question qui se pose est de savoir si cette course contre la montre à laquelle les responsables du PDES vont se livrer permettra au parti d’atteindre ses objectifs. Ceci, dans la mesure où le président Ahmed Diané Séméga et cinq autres membres du bureau du parti sont des ministres en fonction et auront du mal à mouiller le maillot pour implanter le PDES à hauteur de souhait.

Or, la fatidique échéance électorale de 2012 est déjà à nos portes. Et, quand on sait qu’une élection présidentielle se prépare minutieusement par un quadrillage systématique du territoire et des opérations de charme à l’endroit de la diaspora, on se demande si l’héritage du président ATT ne sera pas trop lourd à porter  pour des novices en politique comme Jeamille Bittar, Ousmane Thiam, Hamane Niang, Mohamed El Moctar, Maharafa Traoré et autres.

Ce qui est sûr, c’est que les «ATT boys» ne doivent pas oublier qu’il ne sert à rien de courir; mais qu’il faut simplement partir à point.

                                               Bruno Djito SEGBEDJI

 

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