Gouvernance et lutte contre la corruption : Pourquoi le Bureau du VEGAL est-il si encombrant pour les autorités ?

6
IBK lors de la cérémonie de Remise des rapports 2013 et 2014 par le BVG
IBK et Amadou Ousmane Touré lors de la cérémonie de Remise des rapports 2013 et 2014

Le Bureau du Vérificateur Général a été institué par la loi N°03-030 du 25 Août 2003 qui lui assigne les missions d’évaluation des politiques publiques à travers un contrôle de performance et de qualité des services et organismes publics et en particulier des programmes et projets de développement. Il contrôle la régularité et la sincérité des opérations de recettes et de dépenses effectuées par les Institutions de la République, les administrations d’Etat, les collectivités territoriales, les établissements publics ou tout autre organisme financier bénéficiant du concours financier de l’Etat.

A la suite de ses investigations, il propose aux autorités publiques les mesures et actions idoines à assurer une meilleure adéquation du coût et du rendement des services publics, à rendre plus pertinent l’emploi des ressources publiques et d’une façon générale, à garantir le fonctionnement régulier des organismes et structures publics. Dirigé par un Vérificateur Général pour un  mandat de sept ans non renouvelable. Un bel instrument entre les mains des décideurs pour traquer les gros bonnets et les malfrats de la République. Le bureau du Vegal est à sa source un formidable outil au Canada de lutte contre la corruption et la  délinquance financière. Au Mali, après l’euphorie de sa mise en œuvre, les autorités semblent avoir une tout autre appréhension et lecture des suites à donner à son travail. L’ancien Vérificateur Général M. Sidi Sosso Diarra en a appris à ses dépens. Son seul tort fut sa rigueur et sa stricte application des textes. Trimballé et humilié par une justice aux ordres des hommes politiques corrompus de l’époque, M. Diarra a échappé à la justice grâce à la détermination de la population qui menaçait de descendre dans la rue. Sidi Sosso Diarra a connu une fin de mandat difficile parce qu’on lui tirait dessus de toute part.

Ce fut ensuite  M. Amadou Ousmane Touré de succéder à M. Diarra.  Réputé être le juge anti-corruption, M. Touré, un magistrat qui a fait ses preuves surtout pendant la vaste campagne de lutte contre la corruption sous Alpha Oumar Konaré devra-t-il s’attendre au même sort ? A défaut d’être trimballé devant la justice, M. Touré fait l’objet de mépris de la part des hautes autorités. La preuve est que la cérémonie de remise des rapports a été reportée plusieurs fois sine die sous prétexte d’«agendas très chargé du Chef de l’Etat ». Même si tel devrait être le cas, le réflexe aurait voulu qu’il en responsabilise le Ministre Secrétaire général de la Présidence à  défaut d’être remis au président de la République comme le disposent les textes. Le langage non verbal est aussi un langage. Cette  méprise  cache bien des intentions. Et le Vegal en prête le flanc quand il fait un choix sélectif de ce qu’il doit vérifier dans les structures. Au moment où tout le monde s’attendait à ce qu’il audite la gestion administrative et financière de l’Agence Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes (AMRTP), le Vegal instruira fermement à ses envoyés de ne fouiller que la gestion administrative et financière du Fonds d’accès universel.  La gestion administrative et financière de l’AMRTP elle-même aurait permis sans nul doute de révéler à  la face des maliens comment nos deniers publics issus de l’impôt numérique sont utilisés et gérés. L’AMRTP est une poudrière dont la gestion est l’une des plus politiques et des plus opaques de l’Administration malienne. C’est à l’AMRTP et nulle part ailleurs que  l’on mêle le politique au technique. On se rappelle que l’AMRTP dans le cadre d’un appel d’offres sur l’achat d’équipement de contrôle de fréquence radioélectrique, avait invalidé la cotation d’une entreprise israélienne au motif que le Mali n’entretiendrait pas de relations diplomatiques avec Israël et que par conséquent il ne se justifiait pas qu’une entreprise israélienne emporte le marché. L’Agence cassera le marché pour l’attribuer à la même société israélienne qui avait un quasi-monopole mondial sur ses équipements.

Dans tous les cas de figure les différents Rapports du VGAL en disent long sur la qualité de nos gouvernants et sur leur volonté de se servir avant de servir le Peuple. Ces milliards de manque à gagner ou détournés ont été  dénoncés dans tous les rapports mais aucune poursuite aux contrevenants n’a jusque-là été activée ni sous ATT, l’initiateur de cette structure, ni sous IBK qui était tant attendu pour la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière. C’est pourquoi l’ancien Premier ministre Moussa Mara affirmera que la corruption au Mali était plus grave que la crise au nord. Comme pour dire que la corruption et le détournement de fonds publics de leur destination finale est l’une des causes de la rébellion du nord dont les nombreux programmes et aides pour le développement n’ont jamais atteint les populations du nord. En définitive le Bureau du Vérificateur Général est un bel outil de lutte contre la corruption, si et seulement si, des suites judiciaires sont données à ses rapports.

Youssouf Sissoko

Commentaires via Facebook :

6 COMMENTAIRES

  1. Bamako demande aux honorables députés d’être la voix des sans voix pour demander au ministre des transports de ne pas embêté les honnêtes citoyens qui ont payé tous les frais afférents au dédouanement de leurs véhicules et qui n’arrive pas circulé malgré qu’ils sont leurs cartes grise provisoires.
    La population ne doit pas souffert des lourdeurs administratives
    Trop c’est trop attention aux mécontentements populaires

  2. Que ce soit le BVG ou pas,aucun malien n’est sans savoir qu’IBK depuis son investiture,a mener des actions significatives contre les personnes qui avaient abusé de l’argent publique pendant le règne de Maréchal Mobutu alias ATT.
    Ces résultats ont permis d’injecter des milliards de FCFA dans la caisse de l’État.

  3. Comment exploiter les rapports du vérificateur quand les fonctionnaires maliens ont leur prix de condiments dans la corruption. En effet avec les modiques sommes qu’on leur paie regarder le train de vie des gens(école privée pour les enfants/villas/Park auto/le social).
    Comment exploiter les rapports du vérificateur quand les partis politiques ont pour seule et unique mode de financement les fonds publics? Comment exploiter les rapports du vérificateur quand tout le monde vit au dessus de ce qu il gagne. Le MALI est un grand corps malade, malade de ses propres anticorps qui lui soutire sa subsistance. LE PREMIER ENNEMI DU MALI CE N EST NI LA FRANCE NI LA MINUSMA CE SONT LES MALIENS. ENSEMBLE ILS SONT PRETS A TOUT POUR LEURS INTERETS PERSONNELS QUITTE A FAIRE SOMBRER LEUR PAYS.

  4. IBK: 77% des suffrages exprimés, Raz de marée électoral ou pire usurpation d’un pouvoir ramassé par terre?

    Je sais qu’aujourd’hui il est très difficile d’être serein au bord du fleuve Djoliba, tant la crise du Nord et la psychose qu’il draine au quotidien, diluent le sens du raisonnement et délave les priorités aux yeux de beaucoup de maliens.

    Mais il est impératif de garder une éthique pour bâtir une nation forte et le conduire vers le progrès social et économique.

    La crise actuelle se résoudra dans une société juste résolument tournée vers le travail et le mérite, mais surtout pas dans les incantations et autres supputations de nature à endormir la conscience du peuple malien pour qu’il se réveille le lendemain avec une gueule de bois et un problème du Nord en réalité multiplié par 10.

    Partant de ce constat, je pense que nous ne devons pas faire l’économie de la nécessaire mise en lumière des stratagèmes et autres combines obscures et improductives qui ont pignon sur rue au sommet de notre État au motif que le pays est en crise et pire qu’il est attaqué par le monde entier, ce qui est évidemment faux et archi faux.

    En se basant sur le dernier rapport 2014 du bureau du vérificateur général, le journal le Sphinx, s’interroge dans un article en date du 30 mai 2015, intitulé “Rapport du Vegal et si les 900000 électeurs fictifs ont peut-être fait la différence”.

    Dans cet article il est fait mention de 895 156 cartes électeurs NINA en plus par rapport au nombre total des électeurs inscrits sur le fichier électoral issu du RAVEC découvert par le bureau de Vérificateur général dans sa mission de contrôle au ministère de l’Administration territoriale sous Moussa Sinko Coulibaly et les faits remontent à mars et avril 2013.

    Celui la même qui fut directeur de cabinet du capitaine Sanogo, le chef des putschistes de Kati et celui la même qui annonçait à tort la probable élection d’IBK dès le premier tour des élections présidentielles au Mali après le dépouillement de seulement 22% des résultats de l’élection du 28 juillet 2013.

    En outre, ce personnage aujourd’hui est promu directeur de l’école de maintien de la paix, alors que la plupart de ses amis putschistes croupissent en prison en attente d’un procès pour crimes et assassinats.

    En plus de l’irrégularité entre cartes Nina commandées par rapport au nombre des électeurs en liste dans le fichier électoral, il y a eu manifestement violation des procédures de passation des marchés publics pour l’attribution du marché à une obscure société Safran Morpho-sa filiale de la société française Sagem et représentée par un certain Sidy Mohamed Kagnassy, celui là même qui fut précipitamment nommé conseiller à Koulouba par IBK avant de démissionner sous les pressions du FMI pour avoir bénéficié d’un autre rocambolesque marché public dit d’équipements militaires, drapé dans un fallacieux “secret de defense” pour 69 milliards de FCFA.

    Le journal le sphinx met en lumière que dans la cuisine interne du ministère de l’Administration territoriale sous la transition de Dioncounda, le marché des cartes Nina a été octroyé à la société Safran Morpho-Sa alors que son bilan n’était pas dans les dossiers d’appel d’offres.

    Il y a avait un autre bilan d’une autre société du groupe français Sagem, en occurrence Sagem Sécurité.

    En plus du coup élevé de ce marché artificiellement gonflé de près de 900000 cartes Nina supplémentaires à 8,51 milliards de FCFA, il a un fort soupçon d’un véritable vagabondage électoral autour de l’élection du président de la république du Mali en 2013.

    Le journal le sphinx, rappelle les résultats du premier tour des présidentielles de juillet 2013:
    “1er: IBK : 1.175.769 voix (39,79%)
    2ème : Soumaïla Cissé : 582.127 voix (19,70%)
    3ème: Dramane Dembélé : 286.929 voix (9,71%)”
    Pour autant que les 895.156 électeurs fictifs auraient bénéficié à IBK, vu sa proximité avec les putschistes dont Moussa Sinko Coulibaly, IBK se retrouverait troisième et non premier si on invalidait les électeurs fictifs.

    La question qu’on se pose à ce niveau est de savoir comment est-il possible que le bureau du vérificateur général parvient à découvrir ce nombre impressionnant d’électeurs fictifs dans les marchés publics du ministère de l’Administration territoriale et comment ce fait-il que la cour constitutionnelle du Mali n’a rien vu en 2013 et a validé comme une lettre à la poste les résultats acheminés par Moussa Sinko Coulibaly et ses services pour les élections présidentielles de juillet et août 2013?

    Il y a t-il eu un complot entre le ministère de l’administration territoriale et la cour constitutionnelle du Mali pour imposer IBK aux maliens en 2013?

    Et pourquoi ni la CENI ni la Délégation Générale des Élections n’ont-elles aussi rien vu d’anormal avec ce gap de près de 900000 électeurs par rapport au fichier électoral en 2013?

    S’il y a eu complot ourdi au sommet de l’État malien sous la transition de Dioncounda, on comprend mieux pourquoi Sanogo et sa bande de Kati avaient menacé de balancer des vérités quand ils furent traqués par le juge Karembé dans l’affaire des bérets rouges retrouvés dans les charniers de Djago et environs.

    Ensuite on comprend mieux pourquoi IBK aussi avait dit qu’il ne doit son élection à personne en parlant des membres de son parti le RPM dont il refuse jusqu’à présent un poste de premier ministre malgré une écrasante majorité à l’assemblée nationale.

    C’est vrai qu’avec une avance de 900 000 électeurs on peut même s’arroger le droit de battre les dirigeants Nord coréens dans n’importe quelle élection à Pyongyang.

    Et enfin on comprend mieux pourquoi la vraie priorité d’IBK une fois élu en 2013 a été le positionnement de sa propre famille et ses belles familles et l’étalement malsain de son goût personnel prononcé pour le luxe inutile, les voyages inutiles et le verbiage inutile loin, et même très loin des préoccupations quotidiennes des maliens.

    C’est pourquoi la crise perdure car aucune mesure idoine n’a été prise en deux ans pour le juguler dans l’intérêt supérieur de la nation malienne.

    Pour masquer une incompétence majeure à la tête d’un État qu’il a hérité sur un plateau d’or sous le fallacieux sceau de 77% de prétendus suffrages qu’auraient exprimés les maliens, IBK et ses partisans jouent une étrange carte de victimisation éhontée face aux accointances avérées avec les scandales financiers et les milieux crapuleux que la presse nationale et internationale ou les institutions financières internationales distillent au rythme des saisons depuis deux longues années.

    Il n’y a pourtant pas de fumée sans feu IBK, et cinq ans de mandat présidentiel c’est très long pour prendre le pari de se cacher derrière les buissons pour narguer un peuple éprouvé par une crise sécuritaire, économique et politique.

    On peut se la jouer à la Mugabé pendant un temps, mais quand on est pas à la tête du Zimbabwe, c’est peine perdue surtout dans un monde interconnecté où tout se sait et en une fraction de seconde.

    Il est évident IBK que beaucoup de supercheries sont déjà été mises à nues en votre encontre mais la seule inconnue qui subsiste est jusqu’où le peuple malien accepterait-il d’être roulé dans la farine et de tous les côtés pour en subir gratuitement et en pleine figure les déflagrations d’une errance malsaine au sommet de l’État malien.

    Salute.

    • La seule pertinence de tes phrases kassin”On peut se jouer à la Mugabé pendant un temps, mais quand on est pas à la tête du Zimbabwe, c’est peine perdue”.Alors, ce qui semblerait dire que le peuple malien n’est pas solidaire envers le pouvoir,envers eux contre l’ennemi.l’ennemi premier de ce pays est d’abord ces citoyens maliens qui acceptent à tout prix de trahir pour le pouvoir.
      Nos réactions stériles,nos intentions obscures contre le pouvoir ne sont que nos façon de réagir contre nos propres intérêts.

Comments are closed.