Dioncounda-Cmd, échec et mat !

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La partie d’échec que se livraient le président par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, et son Premier ministre, Dr. Cheick Modibo Diarra (avec le capitaine Amadou Haya Sanogo comme juge) a pris fin ce 11 décembre. Echec et mate en faveur du Professeur qui a juste bénéficié d’un coup de pouce du «juge» de la partie. À peine reconduit en août dernier, malgré une farouche opposition de la classe politique malienne, Dr. Cheick Modibo s’est fixé lui-même d’autres priorités aux dépens des missions qui lui ont été assignées.

Et pourtant, le président de la Transition avait averti. «Il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes». Hélas, CMD n’avait pas compris les choses comme telles. Il a perdu plus de temps à soigner son image personnelle, à peaufiner son profil de futur président de la République du Mali. Il s’y est adonné à tel point qu’il a rapidement oublié que le «Mali» devait être «notre seule priorité». L’astrophysicien et navigateur extra planétaire a ainsi perdu un précieux temps dans «les polémiques stériles au lieu de «se focaliser sur l’essentiel» : la reconquête de l’intégrité territoriale et l’organisation d’élections libres pour la reprise du processus démocratique interrompu le 22 mars 2012.

Malheureusement pour lui, Dionkiss (Dioncounda Traoré) tient à ces deux priorités, également contenues dans l’Accord-cadre CEDEAO/CNRDRE, y tient plus qu’à la prunelle de ses yeux. La grande erreur de CMD a surtout été de n’avoir jamais compris que le «Plein pouvoir» accordé par l’Accord-cadre n’était plus qu’un leurre, une coquille vide.  Pis, selon certains de ses proches, il a progressivement pris ses distances avec tous ceux qui pouvaient réellement et sincèrement l’aider à assumer les lourdes missions qui lui étaient confiées. C’est dire qu’il n’a pas eu non plus la main heureuse dans le choix des conseillers dont il s’était entouré.

Lâché par ses parrains de la junte

Toujours est-il que le divorce était devenu inévitable entre le président et un Premier ministre qui a toujours pensé qu’ils avaient le même rang hiérarchique comme autorités de la Transition. La rupture a été totale quand Cheick Modibo a désavoué publiquement les premiers contacts à Ouagadougou entre les groupes armés et une délégation officielle malienne dirigée par le ministre des Affaires étrangères. On savait déjà que les deux personnalités n’échangeaient presque plus sur la gestion du pays créant ainsi une humiliante cacophonie au sommet de l’Etat. Et le chef du gouvernement déchu avait pris une telle assurance que rien de mal ne pouvait lui arriver qu’il s’est permis le luxe de rompre avec ses parrains de l’ex-junte putschiste. On s’en doutait depuis quelques semaines, et on a eu l’assurance après la sortie médiatique du Capitaine Sanogo le 11 décembre. En effet, pour le leader des putschistes, la démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra s’imposait parce qu’il était devenu le point de blocage qui n’avait aucun égard pour le peuple. En un mot, il reproche à son ex-protégé d’avoir fait cavalier seul au détriment des priorités de l’heure. Et le bras de fer qu’il avait engagé avec le président de la République par intérim, dont il ne reconnaissait plus l’autorité, a été l’erreur de trop. Surtout que, en 9 mois, le Premier ministre n’a pratiquement rien fait pour montrer qu’il avait la volonté d’accomplir les deux missions principales pour lesquelles il était à la tête d’un gouvernement d’union nationale. Il n’a même pas été capable de présenter la «Feuille de route» tant réclamée par la communauté internationale. Sans compter que l’ex-junte militaire s’est toujours plainte que l’armée n’a rien reçu en termes de moyens pour initier une quelconque action au nord.

Une manière non démocratique

Comme le disait récemment une amie artiste, «aveuglés par leurs agendas perso, les dirigeants n’écoutent ni n’entendent le peuple qui se meurt à petit feu». CMD en était la parfaite illustration ces dernières semaines. Jugés autant responsable du blocage institutionnel que lui, notamment par le Cherif Mohamed Ould Cheichnè dit Bouyé de Nioro, Dioncounda et le capitaine Sanogo n’avaient d’autre choix que de le mettre à la touche. Les arguments avancés par le jeune officier ne sont pas forcément ceux de celui qui veut noyer son chien en l’accusant de rage. Les reproches sont fondés puisque constatés par tous les observateurs de la situation actuelle du Mali. À commencer par les diplomates accrédités dans notre pays. L’astrophysicien s’est donc auto neutralisé ! Cela ne fait l’ombre d’aucun doute.

Mon amie Tetou Gologo a raison quand elle dit, «nombreux sont ceux qui après avoir fait leur vie à l’étranger, reviennent pour sauver le Mali… Mais, il leur manque la connaissance du Mali et du Malien. Ils viennent avec des préjugés, qui poussent certains au mépris, et sont souvent coupés des réalités. Il y a quelques jours, je m’indignais de ne savoir où trouver d’infos fiables sur ce qui se fait par les dirigeants au nom des Maliens…Ou ka sira té an na (ils s’en foutent de nous)…Il nous faut une vraie révolution à la Jerry Rawlings». Si les griefs sont fondés, la manière doit inquiéter les démocrates du pays. Comme le disait une jeune juriste sur Facebook, «c’était démocratiquement correct que Dioncounda le limoge sans que Haya n’intervienne». Même si l’ex-PM était leur choix, il ne revenait pas aujourd’hui au Capitaine Sanogo de le limoger. À quel titre ? Le Comité de suivi des réformes des forces armées et de sécurité qu’il dirige n’a pas pour vocation de s’immiscer dans la gestion politique de la transition. Un Premier ministre est conventionnellement démis par le Président qui l’a nommé ou par un vote de défiance de l’Assemblée nationale. Et comme le disait l’artiste Rokia Traoré, dans une contribution publiée ce matin (12 décembre 2012) par Les Echos, «lorsqu’il y a des changements à réaliser au niveau du fonctionnement, cela devrait se passer dans le respect des règles convenues au préalable à cette fin… Dans toutes les sociétés du monde, afin que nous puissions mener une existence harmonieuse, il existe des règles établies selon différents concepts d’organisation sociale, le respect de ces règles est d’une importance capitale pour toute forme de collectif humain ayant un socle commun».

La seule circonstance atténuante à accorder au Capitaine Sanogo, c’est que nous sommes dans une situation d’exception et rien ne prouve qu’on aurait pu convaincre autrement CMD de démissionner que par la force. Parce qu’il ne savait pas à qui «remettre sa démission» !

Il ne faut pas seulement que cela soit une habitude chez lui. C’est en tout cas inquiétant de l’entendre dire qu’il assumera de telles responsabilités chaque fois que le peuple le lui demandera. Là, il retombe dans le populisme «démocraticide» car conduisant à toutes les dérives. Comment sonde-t-il le peuple ? Quelle est la vraie motivation de ceux qui viennent se plaindre à «Kati» ? Généralement, en démocratie, la volonté du peuple est connue par les urnes (référendum…) ou par des manifestations de soutien ou de protestation dans la rue.

En tout cas, il ne fait pas de doute que Dioncounda Traoré a remporté la partie d’échecs contre CMD. Il a marqué un point décisif qui renforce davantage son autorité. Mais, il doit maintenant faire preuve de plus de leadership dans cette transition. Il doit s’assumer davantage et surtout ne jamais oublier que le «juge», qui lui a donné un coup de pouce pour se débarrasser du très gênant Premier ministre, veille aux grains. Et en fin stratège, il attend désormais la moindre erreur de son seul concurrent pour totalement reprendre en main la transition malienne.

Hamady TAMBA

 

Commentaires via Facebook :

11 COMMENTAIRES

  1. Ah le Mali ,tu es tombe si bas ,et meme tes propres enfants ne se soucient de toi ,
    pour CMD il vient de rater une belle occasion de rentrer dans l’histoire ,et c’est lui meme qui a signe son propre certificat de deces politique donc ,pour le Mali 9 mois c’est quand meme trop .

  2. ON VERRA , SI AVEC LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE , LE NORD SERA TRÈS RAPIDEMENT LIBÉRÉ . CE N’EST PAS UN PROBLÈME FACILE.
    LA CLASSE POLITIQUE QUI N’AVAIT JAMAIS DIGÉRÉ LA NOMINATION DE CMD À LA PRIMATURE LE SAIT TRÈS BIEN; C’EST LA CORRUPTION, LA MAUVAISE GESTION ,LA MAUVAISE GOUVERNANCE DE CETTE MÊME CLASSE POLITIQUE QUI NOUS A CRÉE CE PROBLÈME.
    HONTE À EUX! C’EST L’ECHEC DE LA DÉMOCRATIE,DES POLITIQUES AU MALI CAR ON EST OBLIGÉ DE FAIRE APPEL À DES GÉNÉRATIONS DE MOUSSA TRAORÉ; DJANJO CISSÉ , UN ANCIEN MINISTRE DE MT.
    L’AVENIR DU MALI M’INQUIÈTE ,C’EST LA POLITIQUE CYNIQUE QUI VA DÉTRUIRE LE MALI.
    LA POLITIQUE EST DEVENU UN FOND DE COMMERCE DANS CE PAYS OÙ ON OUBLIE COMPLÈTEMENT L’INTÉRÊT COLLECTIF.
    QUAND CES ANCIENNES GÉNÉRATIONS NE SERONT PLUS ,QUE VA DEVENIR LE MALI! AVEC CES MENTEURS DE POLITICIENS QUI NE PENSENT PAS À L’AVENIR, QUI NE PENSENT QU’À LEUR INTÉRÊT PERSONNEL.

  3. Les moines de kati doivent sortir de leur monastère pour s’atteler à leur vrai rôle qui est de sécuriser le pays.

    • Eh Kabako! S’ils avaient eu la moindre envie de le faire, ils l’auraient deja fait depuis longtemps!! :mrgreen: :mrgreen:

  4. Bel article! Ca fait de l’humour, c’est comique. décidément, l’affaire CMD mérite d’etre monter en scenario puis exécuter par de comédiens. Je me rappel de ce monsieur a segou dans un camp de militaire en conference; il etais débrailler en tenue millitaire et criait de toute ses forces “nous allons faire la guerre”, quelques jours plutard a bamko: “nous n’avons ni honte ni peur de négocier…nous allons négocier”; encore plutard a New york, a l’Onu: ” il faut des avions et bombes pour le mali”. Tenez vous bien, une autre épisode: des vols sur Alger, Nouakchott Marrakech, paris… sautant d’avion en avion mais n’ayant rien de concret a discuter. pres d’un an et toujours aucune direction, perssone ne sais ou va…

  5. Il n’y a jamais deux sans trois. Ni sabata, ni trinita, c’est moi sartana!! Le premier qui sort la tête est mort. Diango EST ARRIVE. Et Les masques commencent à tomber. Attendons la fin du film.

  6. C’est événements se déroulent réellement entre 22 heures et 23 heures le samedi 15/12/2012 quelque part dans la banlieue bamakoise.

    -Officiers, Eh officiers venez voir!
    Venez vite!

    Eh Seyba, apporte moi la liste, vite!
    Allons dans la cour, allons, il fait plus frai la bas avec ce vent doux.

    -Garde à vous mon Capi, voilà la liste des ministres reconduits, tous nos ministres sont sur place et peau grattée à fait un bon boulot!

    -Bien Seyba, il me semble qu’il est plus intelligent que Big Man Zero, il va nous aider faire oublier le nord par les maliens pour un bon moment!
    Eh Seyba, appelle le Colonel-caporal!

    -Oui mon Capi, Ah là t’es devenu le meilleur chasseur du Mandé “Karamogo i dan sago”
    “Karamogo i dan i dan i ni ko”
    Même RFI et AFP, tout le monde parle de ce faux problème de nouveau gouvernement qu’on a créer.

    Personne ne parle plus du nord, à part une émission de TV5 , mais c’est loin d’être le succès.
    Les internautes maliens ne jurent que par Diango Cissoko et son gouvernement Cheick Modibo Diarra mais sans Cheick Modibo Diarra.

    T’es génial mon capitaine!

    -Avec quelques nouveaux quand même hein, Manga Dembelé, un nouvel arabe un certain Ould…
    Kiakiakiakiakia, je fais comme Tamacheq voleur, ce quand même marrant qu’on a pu détourner les maliens de tous leurs objectifs et tout le monde a oublié qu’on a reçu des armes débloquées de Conakry.
    Ah vraiment on est tranquille maintenant, même Kidal Info s’engouffre dans la dans tête baissée.

    -La magie est que ça marche à tous les coup et tout le monde croit que Diango va faire des miracles.

    -Miracles ou pas mon colonel-caporal, il faut qu’il nous donne plus de pignons que Big Man Zero sinon lui on lui fera trainer sur le goudron avant qu’il signe sa démission.

    Avertit le Lieutenant-capitaine Konaré pour qu’il suit de près!

    -Non Capi, on ne fait pas ça avant 8 mois, comme cela on gagnera autant de temps avant que quelqu’un vient nous déranger avec cette affaire du nord.

    -Eh Seyba, que disent les américains?

    -Ils ne veulent pas d’actions militaires au nord à cause de nous et de tous ce qu’on fait sur le pouvoir transitoire au Mali, et ils veulent un président élu carrément, ce que les maliens ne veulent pas.
    Tout le monde est d’accord avec nos bêtises.

    -Très bien Seyba, comme cela on dors tranquille à Kati ici pendant longtemps avec femmes et alcool.

    Elle n’est pas belle la vie?

    J+12

  7. la partie n”est pas terminee d’abord, car CMD vas revenir tres bientot et cette fois ci pas pm mais president

    • …”cette fois ci pas pm mais president”

      Astafourilaye!!!! Tu crois que le Mali a connu suffisamment de calamités comme ça pour 2012?????????

      • C’était le loup et le renard!!!!!!! mais diango vient ‘arriver et il est armée. Alors le renard doit faire très très très attention. A bon entendeur salut ❗ ❗ ❗ ❗ 😯 😯 😯

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