Aboubacar Macalou, ex-chargé de mission à la Présidence de la République et ex-conseiller à l’ambassade du Mali à Tunis : « J’ai porté plainte contre la présidence de la République pour être dans mes droits »

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Consultant international, Aboubacar Macalou a été, chargé de mission à la présidence de la République et 2è Conseiller à l’Ambassade du Mali à Tunis. Dans l’interview qui suit, il nous a raconté pourquoi la présidence de la République a décidé de lui mettre les bâtons dans les roues, ses déboires en Tunisie et surtout les raisons de sa plainte contre le « Palais Louveaud ». Entretien sans détour.

 Tout d’abord pouvez-vous  vous présenter à nos lecteurs ?

  Je suis Aboubacar Macalou, Economiste de formation. J’ai 56 ans, marié et père de quatre (4) enfants. Je suis sortant du cours supérieur de la Banque de Milan (Italie) et titulaire d’un DESS obtenu à l’Institut d’économie de Paris. Consultant national et International. Ancien cadre de la Présidence de la République, de 1993 à 2006, comme Chargé de mission et Coordonnateur de la Cellule Economique. Je viens de terminer une carrière comme 2è Conseiller à l’Ambassade du Mali à Tunis.

  Un différend vous oppose à la présidence de la République et au ministère des Affaires Etrangères, qu’en est-il  exactement de cette affaire ?

 En effet l’Etat m’a privé d’un droit élémentaire, qui est celui du bénéfice de la retraite ou de la reconnaissance du droit à la retraite. Pour votre information j’ai 55 ans en 2010. Donc en 2009, je suis rentré au Mali, pour quelques jours de congé en vue de préparer cette retraite. J’ai rempli toutes les formalités. J’ai donc touché tous les services dans lesquels j’ai eu à travailler y compris la présidence, le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, qui m’ont donné des attestations et des relevés de salaires. Avec ces documents en main, je suis parti voir le Directeur Administratif et Financier du ministère des affaires Etrangères qui les a signés, avant d’autoriser mon départ à la retraite. Ce document je l’ai et les remet à la disposition de qui veut les voir. Donc à partir de cet instant là, j’ai engagé ma procédure de demande. J’ai déposé mes dossiers en bonne et due forme au niveau de l’INPS. Ce service m’a accordé ma retraite à partir du 1er Janvier 2010. Mais j’ai commencé à jouir de ma pension à partir de juin 2010. Donc officiellement, je suis à la retraite depuis le 1er janvier 2010. De cette date à octobre 2010, je suis en poste à Tunis en attendant mon rapatriement. Sans succès. J’ai adressé plusieurs lettres au département des Affaires Etrangères pour mon rapatriement.  Aucune de mes correspondances n’a été suivie de  réponse, une année d’attente, j’ai sollicité et obtenu un pré congé d’un mois pour préparer ma retraite. Quand je suis rentré au pays, j’ai été surpris d’entendre dire qu’au niveau de la DAF du ministère des Affaires Etrangères et au Secrétariat Général de la Présidence de la République qu’ils ne sont pas au courant de mon départ à la retraite. Et ceux-ci m’ont demandé de fournir la preuve que je suis à la retraite. Je leur ai montré le papier qu’eux-mêmes ont signé qui prévoit que je dois cesser le travail au plus tard en juin 2010. Ils m’ont dit que cela ne suffit pas et de fournir une autre pièce attestant que je dois aller à la retraite. Je leur ai fourni les papiers de l’INPS attestant que je suis à la retraite et que je dois toucher ma pension. Malgré tout, le ministère des Affaires a refusé de payer mes indemnités de départ à la retraite. Puisque je suis un contractuel de l’Etat. En plus, il a refusé de me payer les frais de rapatriement de ma famille de Tunis à Bamako, de transporter mes effets personnels, alors la loi prévoit de ramener un employé chez lui à la fin de son contrat de travail.

Donc je suis actuellement une personne, qu’on a privée de son droit le plus élémentaire. Et ceci est incompréhensible pour une personne comme moi, ayant  servi l’Etat au plus haut niveau. Surtout, quelqu’un qui a été un collaborateur du président de la République et du ministre des Affaires Etrangères. En plus, j’ai été l’objet de plusieurs brimades, au niveau de l’Ambassade du Mali à Tunis, j’ai été victime de prélèvements sur mon salaire par le comptable. A mon domicile à Tunis, j’ai été victime de coupure d’électricité pendant 72 heures en plein hiver. Ma fille a été malade, hospitalisée et  j’ai du payer plus de 2, 5 millions de francs CFA. L’ambassade a refusé de me rembourser ces frais. Tout ceci pour vous dire que j’ai été victime d’injustice. C’est trop pour un combattant des droits de l’homme, dès l’avènement de la démocratie dans notre pays.   

 Quelles sont, selon vous les raisons  de cette cabale contre vous ?

 En effet c’est une cabale à partir du moment où,  j’ai déclaré ma candidature à l’élection présidentielle de 2012. Je crois que tous mes problèmes sont partis de là, sinon ils n’auraient me refuser le droit le plus élémentaire qu’est le départ à la retraite.

 Tous ces problèmes me sont créés pour me distraire et m’éloigner de mes électeurs. Le but recherché est de créer de faux problèmes pour m’empêcher d’être candidat.

  Jusqu’où êtes-vous prêts à aller dans cette affaire ?

  J’ai saisi la justice malienne, via le Tribunal du Travail, parce que je suis un contractuel de l’Etat. Je n’ai jamais émargé un seul jour comme Fonctionnaire de l’Etat. Je demande à quiconque de prouver le contraire. Donc je porte plainte contre la Présidence de la République parce qu’elle est mon service employeur. Et c’est elle qui nomme aux plus fonctions du ministère des Affaires Etrangères. Je porte plainte, parce qu’ils ont bafoué ma dignité. La justice dira si oui ou non, je dois bénéficier du droit d’aller à la retraite, si oui ou non les affaires de ma famille doit être transportée de Tunis à Bamako.  L’Etat et tous ses démembrements sont au service exclusif des citoyens et non le contraire. Jusqu’à preuve du contraire, je fais confiance à la justice de mon pays.

Quelles sont les répercussions de cette affaire sur votre  candidature ?

  J’ai passé trois ou quatre fois devant le juge. Cela est très incommodant pour moi. Il y’a d’abord l’immobilité, car je n’ai pas pu me déplacer à souhait pour rencontrer mes électeurs. L’état malien me doit aujourd’hui, au bas mot, 30 millions de F CFA, qu’ils ne m’ont pas versé. Cette somme aurait pu servir à ma famille et à moi-même. Et ensuite, cela pourrait me servir pour aller devant mes concitoyens et porter le message que j’ai à leur apporter. La stratégie visée, par l’Etat est de perturber ma campagne. Mais  c’est que peine perdue parce que je ne renoncerai pas à cette candidature. S’il faut 10 ans ou 20 ans encore, je mènerai ce combat.

  Avez-vous bénéficié du soutien de vos électeurs dans cette affaire ?

  Je les ai informés de ce qui se passe. Ma famille est victime et cela se sent en elle, parce que mes indemnités de départ à la retraite sont partie intégrante du travail. Face à tout cela, j’ai transporté ma famille de Tunis à Bamako à mes frais. Tout cela a déséquilibré mes économies. Si je tiens aujourd’hui, c’est grâce au soutien de ma famille, mes amis et mes sympathisants. L’Etat a essayé de me ruiner en me refusant le minimum. Cela est inadmissible.

Votre mot de la fin ?

  Je demande à mes sympathisants, à mes électeurs de cesser de se plaindre, de cesser de gémir, face à cette situation. ils doivent savoir qu’on est dans  un Etat de droit.

 Depuis que j’ai commencé ce combat, je me sens en danger. J’ai même été menacé de mort par personne interposée. Mais je leur dis qu’ils perdent leur temps, parce que je mènerai ce combat  jusqu’au bout et au prix de ma vie.

La première audience cette affaire devrait avoir lieu le 2 janvier dernier. Mais elle a été reportée sine die.

 

Propos recueillis par Hassane Kanambaye

 

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