FIN DE LA VISITE DU PRESIDENT VENEZUELIEN HUGO CHAVEZ AU MALI: Trois accords signés dans les domaines des visas, de l'énergie, des mines et de la formation en diplomatie

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La visite à Bamako, avant-hier mercredi, du président de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Rafael Chavez Frias, sur invitation de son homologue malien, Amadou Toumani Touré, a donné naissance à la signature de trois accords sur la suppression des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service, de l’énergie, des mines et de la formation en diplomatie. C’est ce que l’on retient du séjour de cet infatigable combattant de la libération politique et économique des pays du Sud.
Le Mali choisi comme chef de file de la coopération vénézuélienne en Afrique. Telle pourrait être l’essence de la nouvelle donne que semble vouloir imprimer le Venezuela et le Mali à leurs rapports bilatéraux.
C’est ce que l’on pourrait, tout au moins, retenir des discours prononcés lors de la visite du président Hugo Chavez à Bamako avant-hier.
En échangeant les cadeaux – un sabre touareg de la part d’Amadou Toumani Touré, un pistolet fabriqué au Venezuela de la part d’Hugo Chavez -, celui-ci a déclaré: "Nous sommes des frères, nous sommes des enfants de la même Afrique-mère, des enfants de la même Amérique latine, des enfants de la même patrie. Nous avons posé ainsi la pierre fondamentale de notre unité. Une pierre vivante qui bat comme un cœur. Nous partons d’ici honorés". Quant au président Touré, il a déclaré vouloir "accompagner un frère dans son engagement et sa vision".
Un frère dont le parcours est presque similaire au sien. Car tous deux, militaires bérets rouges, sont arrivés au pouvoir dans le grade de lieutenant-colonel. A cet effet, il a remis un brevet militaire à son invité en le faisant membre du 33e régiment du commandement parachutiste de Djikoroni Para. 
Les deux discours rappellent celui qui, auparavant avait été prononcé par le vice-ministre des Relations extérieures du Venezuela pour l’Afrique, Reinaldo Bolivar,. lors de la séance de travail qu’il a eue, au siège du département des Affaires étrangères, avec Moctar Ouane, Tout en louant Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré, "grands promoteurs de l’unité africaine", le ministre vénézuélien avait déclaré que "le Mali peut devenir le point de départ de la coopération avec l’Afrique".
Ils rappellent aussi les propos de Moctar Ouane Qui, dès l’entame de son discours, s’est rappelé que les rencontres entre Vénézuéliens et Maliens sont toujours marquées "du sceau de l’amitié sincère, de l’estime réciproque et de la solidarité".
 La visite d’Hugo Chavez au Mali est le témoignage de sa volonté politique et de celle du président Touré "de développer des relations fortes et confiantes qui préfigurent le partenariat véritable que nos deux pays ont entrepris de conduire ensemble", a-t-il soutenu. Avant de saluer le dialogue constructif instauré entre le Venezuela et le Mali. Un dialogue "qui participe de la nouvelle dynamique insufflée à notre coopération qui est appelée à devenir un modèle de coopération sud-sud fondée sur la solidarité et les avantages réciproques".
Le ministre des Affaires étranngères et de la Coopération internationale a également ajouté: "Le Mali, à l’instar du Venezuela, a fait du développement durable la priorité de l’action gouvernementale… Nous privilégions le rôle de premier choix que l’homme est appelé à jouer dans les programmes et politiques de développement, en mettant un accent particulier sur l’amélioration des conditions de vie des populations à travers la relance de l’économie, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, la construction de logements sociaux".
Une  coopération prometteuse  à forte odeur de pétrole
Entre les deux pays, l’essentiel a commencé le 2 septembre 2003 à La Havane quand les présidents Chavez et Touré s’étaient rencontrés à la Conférence des Etats signataires de la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification et jeté les bases de la nouvelle coopération bilatérale.
Suite à cette rencontre, une lettre d’intention sur les grandes lignes des futurs rapports a été signée à Caracos. Trois projets de textes avaient été élaborés pour en régir le cadre: l’Accord général de coopération, l’accord portant création de la Grande Commission mixte Mali-Venezuela et le Plan de coopération entre les deux ministères des Affaires étrangères. En plus du mémorandum d’entente commerciale par lequel la Compagnie pétrolière du Vénézuéla (PDVSA) entendait fournir au Mali des produits pétroliers, des engrais et y effectuer de la recherche pétrolière dont la signature est en butte à des difficultés institutionnelles.
Un programme de micro-finance dont le montant est de 500 000 dollars américains a été initié par le Venezuela. Qui s’est engagé à acheter du coton malien sans passer par des intermédiaires et a suggéré la création d’une société de commercialisation de ce produit.
Aujourd’hui, l’identité de vues sur les questions bilatérales, régionales et internationales qui se dégage des rapports entre les deux pays augure un coopération fructueuse. Au plan bilatéral, il s’agit d’intensifier la coopération dans les domaines politique, économique, social, culturel et scientifique. Pour formaliser ces relations, trois accords ont été signés au Palais de Koulouba, sous le regard enjoué des deux Chefs d’Etat, par Reinaldo Bolivar et Moctar Ouane.
Le premier porte sur la suppression de visas pour les titulaires de passeports diplomatiques ou de service. Le deuxième est un mémorandum d’entente entre le ministère de l’Energie et des Pétroles du Venezuela et le ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau du Mali. Par sa dénomination même, ce "mémorandum" est une sorte d’aide-mémoire qui trace le canevas de la coopération à préciser davantage notamment dans le secteur du pétrole. Un produit dont le Venezuela est le cinquième producteur mondial. L’on s’imagine, de ce fait que, dans ce secteur, le pays de Simon Bolivar, mettra son expertise – bien connue des spécialistes de l’or noir – au profit du Mali. Dont le sous-sol, à son tour, promet beaucoup.
Le troisième est un programme d’action entre l’Institut des hautes études diplomatiques "Pedro Gual" du ministère des Relations extérieures du Venezuela et l’organisme similaire du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali.
Pour entamer la concrétisation de ces accords, il est prévu la réunion de la prochaine session de la Commission mixte de coopération à Caracas au premier trimestre 2007 et la mise en œuvre d’un mécanisme de suivi de ses recommandations. Autre action concrète majeure: l’ouverture, à Bamako, d’un bureau de la Banque de développement économique et social du Venezuela (BANDES) afin d’appuyer les programmes de coopération en cours.
Au plan régional, la tenue à Abuja au Nigeria du premier sommet Afrique-Amérique latine, les effets néfastes de la mondialisation sur les économies du Sud et les quatre projets de partenariat stratégique entre les pays du Sud à travers la création d’une commission du pétrole (PETROSUR), d’une compagnie de télévision du Sud (TELESUR), d’une banque du Sud et d’une université du Sud sont les principaux sujets.
Au plan international, il s’agit de la réforme de l’ONU, du soutien du Mali au Venezuela pour un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2007-2008. 
La coopération très jeune entre Bamako et Caracas commence déjà à être très dynamique. Mais le Mali pourra-t-il vraiment être le chef de file de la coopération vénézuélienne en Afrique ? Rien ne s’y oppose en apparence: le Mali est un Etat stable, démocratique et bientôt producteur de pétrole. Mais, vu son faible niveau de développement par rapport à d’autres Etats africains, l’on est en droit de se poser la question.
Zoubeirou MAIGA

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