Gouvernance : Qui a dit qu’IBK, était le président le plus populaire ?

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Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta

Les auteurs du sondage faisant d’IBK le président le plus populaire du continent auraient certainement gagné en crédibilité en actualisant leurs résultats avant de les rendre publics en ce mois d’août 2014. L’homme reste, aujourd’hui certes célèbre auprès de ses concitoyens, mais sinistrement. Les raisons du désaveu.

 

Le président malien serait le plus populaire du continent à en croire le site américain Gallup.com. 86% des sondés, selon lui, disent approuver son action, contre 12% de mécontents. Il est donc populaire. Peut-être, mais il y a nuance : le sondage a été réalisé en 2013. Que d’eau a coulé sous les ponts !

 

La grève décrétée par l’UNTM et largement suivie par les travailleurs est tout simplement révélatrice du profond malaise social et du désamour populaire. En 2013, aux premières heures de son élection, le président «plébiscité» jouissait encore de l’estime de ses concitoyens. Mais ses frasques ont tout bonnement et profondément affecté l’enthousiasme populaire. L’achat d’un avion, la présence très encombrante de la famille dans la gestion des affaires publiques, la corruption persistante, l’insécurité, la mauvaise gestion de la question du Nord, son goût prononcé pour le luxe dans un pays presque totalement dépourvu…, sont autant de motif de désaveu.

 

 

Aujourd’hui, la quasi-totalité des inconditionnels d’hier pensent avoir marqué contre leur propre camp pour avoir voté pour lui. Dans le jargon de rue, on appelle cela le «Yabé», pour désigner le geste d’un joueur maladroit qui marque un but contre sa propre équipe de football.

 

En clair, le président malien a considérablement perdu de son capital de sympathie et de confiance. L’UNTM a d’ailleurs parlé de «mauvaise foi». C’est dire que la confiance n’est plus de mise avec les acteurs sociaux.

 

Outre cette centrale syndicale, l’opposition politique a également dénoncé de nombreux écarts du régime et ne cache désormais plus son pessimisme à propos de la gestion du pays. Les deux entités (UNTM et opposition) bien que mues par des objectifs différents, reprochent cependant toutes deux une mauvaise gouvernance au régime.

 

Avant elles, l’ancien premier ministre, Oumar Tatam Ly a douté de son employeur. L’ex-ministre de la défense, Soumeylou Boubeye Maïga s’est également senti trahi et vilipendé… Les partis alliés se sentent eux-aussi floués et l’idée de regagner l’opposition politique fait lentement mais surement son petit bonhomme de chemin.

 

Après l’UNTM, ce sont les commerçants qui commencent à hausser le ton. Si l’augmentation des taxes (une disposition réglementaire censée exister), est initialement à l’origine de cette hausse, les opérateurs économiques ont une autre lecture de la chose. Ils estiment être, par l’Etat, obligés de payer les frais de la mauvaise gestion du régime en place.

 

Les consommateurs n’en pensent pas moins. L’augmentation tarifaire du prix de l’électricité et des hydrocarbures n’a pas fini de faire des remous. Et l’on pense, là aussi, que ce sont les factures salées du président de la République qu’ils sont appelés à payer.

 

Dans les rues de la capitale, la grogne est désormais perceptible et s’exprime le plus souvent par des actes isolés (pour l’instant) comme les récents mouvements d’humeur des habitants de la commune II à propos de la gestion des ordures. Ceux-ci n’ont trouvé mieux que de déverser les ordures ménagère sur la voie publique entravant ainsi la circulation sur les principaux axes routiers de leur commune. Un geste certainement révélateur de profondes frustrations et ressentiments. Soit dit en passant, il faudra suivre les choses de très près de ce côté-ci.

 

En somme, le lot des mécontents grandit au jour le jour et le point de convergence entre toutes les revendications sociales restent les mêmes : cherté de la vie, insécurité (sous toute ses formes), début d’inflation etc., le tout imputable à la mauvaise gouvernance.

 

Soutenir alors aujourd’hui qu’IBK reste le président le plus populaire du continent, est donc à prendre avec réserve. Pour certains compatriotes, il s’agirait même d’une insulte à leur endroit. A moins qu’il s’agisse d’un subterfuge pour adeptes de Machiavel de maintenir le président IBK sur les nuages. Il se doit bien d’y redescendre.

 

Sidiki Magassouba

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5 COMMENTAIRES

  1. les deux jours de grève de l’UNTM ne peut pas mettre en cause le fonctionnement de l’Etat. La grève est un droit et c’est fait, et c’est pas une première au mali. Nous savons comment était manipulé l’UNTM sous le régime déchu. IBK ne va jamais faire main basse sur cet aéronef, il restera au malien et certes, un honneur pour le mali. Où est parti des milliards injectés dans la fameuse initiative riz? le coupeur de tête pense que tout le monde est comme lui. Tous ceux qui disent des bobards, tous ceux qui polémiques autour de la gouvernance d’IBK n’ont plus de mots à dire pour le progrès de cet maliba. corruption corruption mais hélas sans preuve, parce que l’ancien chef de village ne souhaite pas voir le village progressé. Ils sont eux mêmes fauteurs de crise, ils ne veulent pas la stabilité de ce pays; ils veulent leur propres intérêt. L’incivisme a pris ascenseur au mali, sinon une personne qui se respecte ne va jamais déverser les ordures au milieu de la voie publique…………..

  2. Il est célèbre à travers des actes de bravoures entre autre :on a
    -capable de dissoudre le groupement du nom de la CNDRE et de les traduisent en justice ;
    -De lutter contre la corruption (l’enrichement illicite)
    -De renforcer la défense etc. et cela en moins d’un an

  3. “86% des sondés, selon lui, disent approuver son action, contre 12% de mécontents”

    Il suffit aujourd’hui d’inverser ces chiffres, pour avoir un reflet assez fidèle de la situation. Et encore!… Je serais très surpris qu’il reste encore 12% de satisfaits! 😳

    Ca me parait vraiment trop!… 🙄 🙄 🙄 🙄

  4. Que voulait dire IBK aux travailleurs de l’UNTM quand il disait, je cite: “Le pays a été mal géré”?

    C’est dommage que le président de la république n’a pas précisé depuis quand le pays a été mal géré.

    Mais si c’est pendant les régimes précédents d’Alpha Oumar Konaré et d’ATT on lui rappelle ce qui suit.

    En ces temps de l”Ice Bucket Challenge” cette petite piqûre de rappel lui rafraîchira certainement la mémoire quelque peu malmenée sûrement:

    I. La constitution du Mali, en vigueur aujourd’hui, dispose:

    1. Dans son article 53:

    “Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation et dispose de l’administration et de la force armée.”

    2. Elle continue dans son article 54.

    “Le Gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 78 et 79.”

    3. Et poursuit dans son article 55

    “Le premier ministre est le chef du Gouvernement : à ce titre, il dirige et coordonne l’action gouvernementale.
    Il assure l’exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l’article 46, il exerce le pouvoir réglementaire. Il est responsable de l’exécution de la politique de défense nationale.
    Il peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres.
    Il supplée, le cas échéant, le président de la République à la présidence du Conseil et du Comité prévus à l’article 44.
    Il le supplée pour la présidence du Conseil des ministres, en vertu d’une délégation expresse et pour un ordre du jour déterminé.”

    Ces articles ci-dessus de notre loi fondamentale, nous apprennent que c’est le gouvernement qui mène la politique de la nation et est responsable devant l’assemblée nationale du Mali.

    Mieux, que c’est le premier ministre qui est chef du gouvernement et c’est lui qui dirige et coordonne ses actions.

    Il se trouve justement que sous Alpha Oumar Konaré, un certain IBK qui ressemble comme deux goutes d’eau avec l’actuel IBK à Koulouba, était premier ministre du Mali entre 1994 et 2000.

    Donc pendant 6 ans il a dirigé et coordonné les actions du gouvernement du Mali et a engagé sa responsabilité devant l’assemblée nationale du Mali.

    4. Continuons de voir ce dit notre constitution sur le gouvernement:

    Article 56

    “Les actes du premier ministre sont contresignés, le cas échéant, par les ministres chargés de leur exécution.”

    Article 57

    “Avant d’entrer en fonction le premier ministre et les ministres doivent remettre au président de la Cour suprême la déclaration écrite de leurs biens.
    Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle.
    Les dispositions de l’article 35 ci-dessus sont applicables aux membres du Gouvernement.”

    Tiens, tiens, déclaration de biens, il serait intéressant que la cour suprême du Mali, nous publie la déclaration de biens qu’IBK lui a faite en 1994, quand il rentrait en fonction premier ministre pour qu’on puisse le comparer à ses biens d’aujourd’hui et analyser l’évolution et sa vraisemblance eu égard aux revenus légaux de sa famille.

    Cela nous édifierait tous sur l’honnêteté et la probité de celui qui pointe du doigt aujourd’hui la mauvaise gestion de l’état au Mali.

    5. De 2002 à 2007, le même IBK était président de l’assemblée nationale du Mali et de 2007 à 2012, député dans cette même assemblée.

    Donc à cette période, les gouvernements du Mali étaient responsables devant lui et il pouvait à tout moment leurs interpeller sur la gestion du pays.

    Mais IBK a-t-il été à l’initiative de combien de Motion de censure contre les gouvernements du Mali de 2002 à 2012?

    La réponse est claire et nette: zéro, nada, que dalle!

    Alors, j’ai une autre série de questions:

    IBK ne savait-il pas que l’Etat était mal géré quand il fut premier ministre, président de l’assemblée nationale ou simple député élu à l’assemblée nationale du Mali?

    S’il ne le savait pas étant aux affaires dans les hautes sphères de l’État, alors par quelle étrange magie il l’a su maintenant?

    S’il le savait, pourquoi n’a t-il jamais rien fait de connu pour palier à cette mauvaise gestion du pays de part les pouvoirs constitutionnels qui lui étaient conférés?

    II. Au cas où la mauvaise gestion évoquée par le chef de l’État date d’aujourd’hui, on lui rappelle, quand même, qu’il est président de la république du Mali investi dans ces fonctions depuis le 4 septembre 2013.

    Mais de cette date à maintenant on lui a vu nommer (de son propre chef) puis donner sa “totale confiance” à deux premiers ministres qui ont eu en charge de diriger sa politique de la nation conformément à la constitution du Mali.

    Donc je suis perplexe mes amis, comment peut-on donner une entière confiance à des premiers ministres dont la gestion publique serait mauvaise?

    À moins que la mauvaise gestion dont parle IBK ne concerne pas son propre régime et date des régimes passés, ce qui nous renvoie aux questions déjà posées plus haut.

    Qu’IBK nous donne donc plus de précisions sur comment le pays a été mal géré et comment son gouvernement actuel est incapable de satisfaire aux doléances des travailleurs de l’UNTM.

    Nous attendons avec impatience les communiqués d’éclaircissement de Koulouba à l’endroit des maliens car nous n’avons pas compris.

    Wa salam

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