IBK et la présidentielle 2018 : Candidat de la CMP ou du RPM ?

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Le Président Ibrahim Boubacar Kéita, doit faire face aux revendications des syndicats
Le Président Ibrahim Boubacar Kéita, doit faire face aux revendications des syndicats

Les hommes sûrs d’IBK – Ceux qui s’aligneront contre lui

Les indécis de la candidature unique

A un peu plus d’un an de l’élection présidentielle de 2018, l’équation de la candidature unique d’Ibrahim Boubacar Keïta est murmurée dans le landerneau politique malien et timidement posée au sein de la Convention de la Majorité présidentielle (CMP). Ce silence relatif des partis qui composent ce regroupement politique s’explique en partie  par la réticence de certains d’entre eux à l’option de candidature unique. Par contre, d’autres y sont fortement favorables. Un troisième groupe comprend des leaders politiques qui vont infailliblement s’aligner au starting-block, quoi qu’il arrive. Dans l’un ou l’autre cas, le RPM, parti présidentiel, a besoin d’avoir, le plus tôt possible, une idée précise du topo de ses vrais alliés pour poser les jalons d’une réélection du président IBK, y compris dès le premier tour. 

En Afrique, rarement un  président renonce à briguer un second mandat ou échoue à rempiler à ce stade. On explique généralement cette volonté de se maintenir au pouvoir par le désir de consolider les acquis, mais surtout d’achever l’œuvre entamée et les chantiers ouverts.

Au Mali, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré (ATT) ont tous passé le cap du premier mandat, respectivement en 1997 et en 2007.

Si le premier président du Mali démocratiquement élu en 1992 a dû batailler seul lors du 1er tour de sa réélection, ATT a lui, bénéficié du soutien d’une coalition de partis politiques importants dont les plus en vue, en 2007. Ce qui lui avait permis de rester à Koulouba, sans coup férir, et dès le premier tour. Un plébiscite !

Le troisième président de l’ère démocratique, Ibrahim Boubacar Keïta vient de confier à la chaine de télévision Al Jazeera qu’il est candidat à sa propre succession. D’ailleurs, sa grande offensive lancée, début mai, en faveur d’importants projets de développement en dit long sur cette logique et légitime ambition.  Mais, auparavant, ses lieutenants au sein du RPM, à l’image du président du parti, Bokary Tréta, avaient déjà commencé à « vulgariser » que leur mentor briguera un second mandat en 2018.

Si cela ne fait l’objet d’aucune ambiguïté, la question est de savoir quelle sera l’équation pour faciliter une nouvelle victoire éclatante de leur candidat? La question est d’autant plus pertinente, que l’on sait qu’IBK a été élu en 2013, certes par les militants et sympathisants du RPM, mais aussi grâce au soutien de plusieurs partis politiques, à la société civile, notamment les religieux musulmans.

Donc en s’installant au pouvoir, le président IBK s’est concocté, après les législatives de novembre 2013, une majorité confortable, avec laquelle il gère le pays, sur le principe du partage du pouvoir.

Naturellement, une telle coalition se construit et évolue avec deux plans de bataille au fur et à mesure qu’approchent les échéances électorales, en particulier la Présidentielle.

Un plan A consiste à former autour du président sortant un boc de soutien à une candidature unique. Un plan B prône plutôt de libérer les initiatives de candidatures, tout en se fixant un objectif global de ralliement massif au candidat qui ira au deuxième tour.

Dans le cas malien, l’année électorale s’approche à grands pas, et pour le moment, aucune option n’est dégagée comme stratégie au sein de la Convention de la majorité présidentielle, même si le débat y est ouvert timidement. Malgré ce silence autour du sujet, des tractations sont en cours pour convenir d’une candidature unique, car, tôt ou tard, il en sera question.

Les fidèles d’IBK

Le RPM de Bokary Tréta, le PS Yeleen Kura de Amadou Koïta, le RDS de Younouss Hameye Dicko, l’APR de Oumar Ibrahim Touré, le MODEC de Konimba Sidibé, la CODEM de Housseini Amion Guindo, l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly, l’UM-RDA Faso Jigui de Bocar Moussa Diarra sont des partis sur lesquels le président peut compter dès le premier tour. Le groupage de ces formations politiques rappelle une certaine complicité depuis 2013, d’une part, et le désir de rester dans les grâces du pouvoir d’autre part.

Le jeune Amadou Koïta ne devrait pas se présenter (pour éviter d’écrire formellement qu’il ne se présentera pas) contre IBK. Rien qu’en analysant la façon dont il a rallié la CMP et la grande considération à lui accordée par le chef de l’Etat avant et depuis qu’il est ministre. D’ailleurs, tout porte à croire que Koïta sera le fer de lance lors des prochaines campagnes présidentielles. Ses atouts : un politicien aguerri, un bon orateur pour haranguer la foule. Younouss Hameye Dicko a déjà clarifié sa position, celle de soutenir la candidature d’IBK. Donc il ne sera pas candidat.

La complicité entre Tiéman Hubert Coulibaly et IBK ne date pas d’aujourd’hui. On se rappelle qu’il fut parmi les premiers à donner son soutien à IBK en 2013. Son rappel au gouvernement pour lui confier le ministère de l’Administration territoriale en dit long sur un probable deal entre les deux hommes.

Au sein de la CODEM, le débat a été reporté. Mais, de l’avis de la majorité d’observateurs, le président du parti de la quenouille ne devrait pas s’aligner contre IBK. Ils en veulent pour unique argument, le soutien inconditionnel du président IBK à son ministre dans les durs combats qu’il a eux dans l’accomplissement de ses missions ministérielles. IB l’a soutenu contre des Premiers ministres, des ministres, certains acteurs du football, des hommes politiques mal intentionnés, bref, tous ceux qui veulent faire tomber son ministre. En plus, le président de la République lui a toujours renouvelé sa confiance depuis avril 2014 à chaque remaniement ministériel. Calcul politique ou pas, « Poulo » est un homme d’IBK.

Cependant, pour tous les cas que nous venons d’évoquer, le dernier mot revient aux instances des partis concernés.

 Les adversaires du président en 2018

Membre de  la CMP, le parti  Yelema de Moussa Mara, bien qu’il ne se soit pas encore prononcé sur le sujet, va présenter une candidature à la prochaine Présidentielle. Cela ne saurait souffrir d’aucune ambiguïté. Et pour cause ! Depuis son débarquement de la Primature, et le rapport accablant de l’Assemblée nationale sur sa visite à Kidal, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, semble être dans une logique d’en découdre avec le régime actuel. Il ne cesse de multiplier les sorties médiatiques, pour critiquer la gouvernance d’IBK. Ses fléchettes à l’endroit du régime mettent en évidence sa rage de prendre sa revanche sur celui qui l’« a fait monter sur l’arbre avant de couper le tronc ». Cela passe par son élection à la magistrature suprême. Paradoxalement, son appartenance à la CMP n’a aucune influence sur son comportement discourtois vis-à-vis de la gestion de son ancien mentor. Bref, les hostilités sont lancées  pour 2018 entre IBK et Moussa Mara.

 L’Adema et les autres indécis 

A l’Adema règne une atmosphère de confusion qui risque de disloquer encore le parti. Un soutien  à  IBK ou la  présentation d’un candidat divise aujourd’hui le parti de l’abeille. Les avis sont partagés et on se retrouve avec deux tendances. Une première où l’on soupçonne le président du parti, le professeur Tiémoko Sangaré, et certains ministres du gouvernement, d’opter pour le soutien sans faille à IBK dès le 1er tour, comme en 2007 avec ATT.

L’autre tendance n’est pas dans la même logique. Elle a d’ailleurs deux propositions : la candidature de Dioncounda, pur produit de l’Adema, ou à défaut une candidature externe, mais qui portera le maillot du parti de l’abeille. Le choix de ceux-ci porterait sur l’ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly. Qui aura le dernier mot ? Le temps nous édifiera. En tout cas, une divergence pour trouver un terrain d’entente pourrait conduire une fois de plus  à l’effritement du parti de l’Abeille.

Les chefs des partis  CNID,  MPR, et UM-RDA  n’ont pas été reconduits lors des deux derniers remaniements. C’est vrai qu’ils n’ont pas fait de déclarations officielles  fracassantes, mais toujours est-il que, selon certains, ils ne sauront accepter leur remerciement pour avoir soutenu le président IBK et ils demeurent toujours dans la mouvance présidentielle. Mais, seul le temps reste maître pour dévoiler leurs ambitions.

Soumeylou Boubeye Maïga, secrétaire général de la présidence est un politicien intraitable. Quel que soit son intimité, sa complicité avec quelqu’un, personne ne le maîtrise. Sa position le place parmi le cercle restreint de fidèles autour du président IBK. Certes, son soutien d’emblée à la candidature du président IBK ne serait qu’une reconnaissance à l’égard de son patron, mais sa candidature ne fera que confirmer son statut d’homme politique convaincu de son idéal  que le pouvoir est fait pour être conquis.

Tout cela dénote que la CMP a des difficultés pour parvenir à un (futur) consensus. Le chemin n’est plus long qui conduit à 2018. Alors, une clarification des intentions s’impose.

Housséini Traoré

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Un grand diviseur servir interest de la France contre sont people avec le nom de allah Mande toubabou jonkeba

  2. Ta tam ly sera le future president du Mali 2018 et il va l’emporter Inha Allah. Car Dieu voit la souffrance du peuple.

  3. Il ne faut pas que les partisans d’IBK pensent le faire élire dès le premier tour en 2018. Le bilan négatif va être en jeu donc attention ! Et en plus les réalités actuelles nous imposent un homme ou une femme jeune compétant à la hauteur, qui peut être le terrain.

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