IBK et la Révision constitutionnelle: reculer pour mieux sauter…

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Référendum constitutionnel au Mali: IBK jette l'éponge, jusqu'à nouvel ordre
Le président Ibrahim Boubacar Keïta (ici le 15 août 2017 à son arrivée à Ouagadougou après l'attentat au restaurant Aziz-Istanbul) a décidé de surseoir à l'organisation d'un référendum constitutionnel au Mali. Il l'a annoncé dans la nuit du 18 au 19 août. © Ahmed OUOBA / AFP

« … En considération de l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un referendum sur la révision constitutionnelle. Pour le Mali, aucun sacrifice n’est de trop ». C’est en substance, le message de l’adresse, vendredi dernier, du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, à la nation, suite à différentes consultations menées au sein de la classe politique et de la société civile de notre pays sur le sujet. Une victoire à la Pyrrhus pour les partisans du non, mais amertume, frustration et voire déception dans le camp du ‘’Oui’’. Le Président IBK a-t-il vraiment eu raison de retirer ce projet de révision de la Constitution du 25 février 1992 ?

Au-delà de toutes les clameurs et autres pressions de la rue, le Président de la République a annoncé, vendredi dernier, en toute souveraineté et liberté, sa décision de surseoir à la révision de la Constitution, qui avait divinisé les Maliens. La décision annoncée le vendredi est le couronnement de nombreuses consultations entamées par le Président IBK, depuis quelques semaines, en vue d’écouter les couches socioprofessionnelles sur la question qui, malgré son importance pour la vie de la nation malienne, a été très diversement appréciée.

Déception du Oui ?
La Plateforme ‘’An Te A Bana’’, notamment constituée au lendemain du vote du projet de loi par l’Assemblée nationale du Mali, le 3 juin 2017, par 111 voix pour et 35 contre, avait fait du ‘’retrait pur et simple’’ dudit projet de loi une question de vie ou de mort. À l’opposé, le camp de la majorité présidentielle et l’autre groupement de la société civile, ‘’Oui An Sona’’, n’ont cessé d’encourager le Président de la République pour l’aboutissement de l’initiative qu’ils ont jugée salutaire pour le Mali. Après l’étape de l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, dont la décision est sans appel, saisie par l’opposition, avait jugé le projet conforme à la Constitution du 25 février 1992, dans son arrêt du 4 juillet 2017, sous réserve de certaines corrections.
« Article 2 : Sous les strictes réserves et observations portant sur la mouture de la loi, sa date d’adoption ainsi que les articles 37, 47, 48, 61, 110, 115, 119, 145 et 148, la Loi n° 2017-31/AN-RM du 02 juin 2017 portant révision de la Constitution du 25 février 1992 est conforme à la Constitution », indique l’arrêt du 4 juillet 2017.
Malgré tous ces acquis, qu’est-ce qui a donc poussé le Président de la République à faire marche arrière ? IBK a-t-il eu raison de renoncer à ce projet ? Outre la stupéfaction, la frustration et même déception qui gagne le camp du ‘’Oui’’, à la suite de cette décision, la situation sécuritaire précaire du pays (des régions nord jusqu’à Ségou), n’encourage pas le Président IBK à ouvrir un nouveau front à Bamako.
Par contre, ce renoncement ou ce sursis n’enlève rien à l’importance de ce projet, qui au-delà de la nécessité pour le Mali de se conformer à certains de ses engagements internationaux (la Cour des comptes au niveau de l’UEMOA), reste indispensable pour la conquête de la paix entamée par notre pays, depuis 2013. En effet, l’article 6 de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale stipule : ‘’réactiver et diligenter le processus de mise en place de la deuxième chambre du Parlement sous la dénomination de Sénat, de Conseil de la Nation ou de toute autre appellation valorisante de sa nature et de son rôle, et en faire une institution dont les missions et la composition favorisant la promotion des objectifs du présent Accord’’. Cette disposition de l’accord n’est possible que par une révision de la loi fondamentale de notre pays. Il ne s’agit ni d’une volonté d’élargir les pouvoirs du Président ni de les renouveler.

Sacrifice pour le Mali !
Pour cette paix tant recherchée par les Maliens ont-ils une autre alternative ? En tout cas, l’opposition, à travers la Plateforme ‘’An Te A Bana’’ qui a joué son va-tout pour l’échec du projet, et qui savoure aujourd’hui une victoire, n’est jusque-là pas parvenue à proposer de recette miracle à la paix.
Mais comme le disait le Président de la République, dans son adresse à la nation, de ce vendredi, ‘’aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali’’. C’est en tout cas le sens de cette sage décision présidentielle.
« J’ai constaté que ce qui était à l’origine des divergences est hélas devenu au fil du temps de profonds clivages menaçant d’ébranler durablement notre cohésion nationale. J’ai enregistré avec inquiétude la montée des radicalités. Ces alarmes, nous les avons partagées, vous et moi. Je vous ai entendu exprimer vos craintes de voir notre cher pays dériver vers des affrontements tragiques. En tant que Président de la République, mes responsabilités me font mesurer mieux que tout autre l’importance des défis qu’il nous faut relever pour extraire notre pays de la crise que nous affrontons depuis 2012. Il était, il est et il restera de mon devoir d’expliquer tous les bénéfices que la révision constitutionnelle apporterait au rétablissement de la paix, à la consolidation de nos institutions et à l’amélioration de la gouvernance de notre pays » a expliqué le président IBK.

Un président mal compris
En fait, malgré l’importance du projet, les Maliens n’ont pas compris cet intérêt. C’est pourquoi le Président de la République qui a jugé inopportun d’ouvrir un autre front à Bamako en plus du calvaire vécu au Nord, a décidé en toute souveraineté de surseoir à son initiative.
« Je constate toutefois que dans le climat actuel, ces explications peinent à être entendues et acceptées. Au regard de tout ce qui précède, et en considération de l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un referendum sur la révision constitutionnelle », a-t-il justifié.
Aussi, faut-il le dire, le Président a raison de surseoir à son initiative, puisque la Majorité qui le soutient, malgré les concertations préalables qui ont eu lieu autour de cette question, est loin d’être un bloc compact. Dès les premières confrontations avec la Plateforme ‘’An Te A Bana’’, certains n’ont pas hésité à laisser tomber le masque. Alors, si IBK dans son adresse à la nation indique que ‘’les explications peinent à être entendues et acceptées’’, il le dit en toute connaissance de cause.
Nous pensons que cette décision présidentielle devrait permettre de tirer tous les enseignements de cet échec apparent en vue de mieux relancer le processus. Si la décision de ‘’surseoir’’ est donc un recul, elle devrait permettre au Président de mieux sauter prochainement.

Par Sidi DAO

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1 commentaire

  1. S’il saute, il atterrira bien devant les contestataires qui ne se laisseront pas faire. Il peut sauter plus haut qu’il peut, les Maliens seront débout pour l’attendre. Comment être humain peut-il être autant têtu que cet IBK. Les gens disent qu’ils ne veulent pas de son référendum, pourquoi s’entête t-il à vouloir le remettre en jeu? Il cherche certainement autre chose qu’un référendum. La CEDEAO est claire sur le sujet. A moins d’un an des élections, aucune modification de constitution n’est permise dans tout l’espace de la communauté. IBK n’a qu’à s’occuper des prochaines élections qui se profilent, pour voir si les Maliens sont toujours aptes à le recevoir encore à Koulouba. Ce crétin a bloqué le pays pendant tout un mandat, et il voudra encore présenter sa tronche devant ses concitoyens désabusés et déçus. C’est à dire qu’il n’a pas encore compris le cri de douleur des Maliens. Hollande ne s’est pas laissé compter, il a saisit le message de ses compatriotes, et a décidé en toute bonne foi de ne pas se présenter. Mais, notre crétin national, imbu de sa personne et succombant chaque fois aux chants et louanges de ses thuriféraires, croit qu’il est encore éligible après son bilan insignifiant et morbide. Il peut-être trompé par ses laudateurs, mais se tromper soit-même est une bêtise. Il eut la chance de n’avoir pas été chassé du pouvoir par la rue comme cela avait été prévu, alors, qu’il se ressaisisse pour comprendre le désarrois de ses compatriotes et faire mine basse. Le pays est au bord de l’implosion et d’une insurrection populaire par sa seule présence à la tête de l’état. Il doit saisir la balle au bond et dire non à ses thuriféraires qui ne sont là que pour leurs intérêts sordides. Si IBK veut remettre son référendum en jeu, il aura la honte de sa vie. Au lieu de s’occuper de son armée désarmée, démoralisée, il veut créer une nouvelle institution aussi budgétivore qu’inutile qu’est le Sénat. Un Sénat pour quoi faire, d’autant plus que le pays marche bien sans cette institution? Vraiment, les crétins qui entourent notre crétin national doivent avoir honte de conduire leur chef vers les abîmes. Le pays est au bord du gouffre. Les Maliens ne savent plus à quel saint se vouer. IBK doit entendre la voix de la rue, celle du pauvre qui gémit, qui peine à manger un repas par jour, se soigner et éduquer son enfant. Cet homme est une honte pour les Maliens, un véritable tueur d’hommes. Qu’il dégage, c’est tout ce qui lui est demandé!!!!!!!!!!!

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