Intox et désintox: le faux – procès

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La bavure diplomatique découlant d’une diarrhée verbale de l’ambassadeur des USA, Paul Folmsbee, qui sort de son rôle ; les rappels à l’ordre de la communauté internationale par le GATIA diabolisé ont occupé la manchette des canards cette semaine. Face à l’INTOX, nous vous proposons la DÉSINTOX.
Lisez les PÉPITES de la semaine.

Le conspirateur
Intox
Paul Folmsbee, ambassadeur des États-Unis au Mali : « (…). Le GATIA, un groupe de milices armées qui ne contribue pas à ramener la paix (…) ».

Désintox
Le diplomate est pris en flagrant délit de porter des œillères. La fixation sur le GATIA tourne à sa diabolisation, si ce n’est sa criminalisation. Parce que si ce groupe d’autodéfense ne contribue pas à ramener la paix au Nord, aucun autre, au sein de la Coordination des mouvements armés, ne le fait et n’a même pas l’intention de le faire. Cela est patent. C’est la CMA qui refuse la gestion consensuelle de Kidal, contrairement à l’accord d’Anafif, mettant ainsi le feu aux poudres. C’est la même CMA qui était à l’origine des précédents affrontements (Tabankort, Ménaka, Anéfis). Le tort du GATIA est d’avoir réagi et d’infliger une déculottée aux indécrottables agresseurs narco-djihadistes séparatistes. Son tort est de n’être pas dans les grâces des donneurs universels de leçon.
Sinon, les USA étaient là, au Mali, quand les populations noires de Kidal étaient victimes de pogrom. Le modèle de démocratie était présent dans notre pays quand des groupes terroristes aux accointances avérées avec Ansar Eddine et AQMI attaquaient le Premier ministre et sa délégation à Kidal, conduisant au départ forcé de l’administration et des FAMAS. Il était là quand des administrateurs ont été égorgés à Kidal tels des moutons. Il était là quand l’ancien Président ATT demandait, à cor et à cri, une mobilisation internationale pour barrer la route aux djihadistes. Il était là quand les groupes rebelles et leurs alliés djihadistes égorgeaient plus d’une centaine de soldats en rupture de munitions (en violation de la Convention de Genève) à Aguel’hock, coupaient les mains de Maliens, lapidaient des gens, poussaient les femmes et les enfants sur des routes inconnues…
« Le gouvernement malien doit aller au-delà de l’adoption des lois et de mise en place de commissions, et se concentrer sur l’extension de son autorité sur l’ensemble du territoire ».
Il est facile de parler de l’extension de la souveraineté sur toute l’étendue du territoire. Ce n’est un secret pour personne que c’est le vœu le plus ardent du Gouvernement. Mais, il en est empêché par la CMA qui prive les enfants d’école, depuis quatre ans ; prive les populations de soins adéquats, de médicaments, de nourriture. Le diplomate s’abstient soigneusement de souligner le rôle de la CMA dans ce crime et préfère charger le Gouvernement de responsable de tous les péchés d’Israël.
Contrairement à la CMA, le GATIA est né de la nécessité de protéger les populations civiles (des exactions de cette CMA) et œuvre d’arrache-pied à l’extension de la souveraineté de l’État sur toute l’étendue du territoire national. C’est grâce à son sens de responsabilité, son patriotisme que L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été signé quand il a accédé à la demande insistante de se retirer de Ménaka. Si c’est un crime de lèse-majesté que le GATIA se dise proche de Bamako, il l’assumera. Parce que nul n’a vocation à mettre délibérément sa patrie en danger.
Le Gouvernement également œuvre à l’extension de la souveraineté, à travers l’adoption de lois et la mise en place de commissions.
Au demeurant, les USA sont autant responsables du désordre qui prévaut à Kidal et même dans tout le nord de notre pays pour s’arroger le droit de faire des injonctions à un État souverain. Et pour cause, ils ont aidé le tristement célèbre Nicolas SARKOZY à semer le bazar en Libye, dont notre pays paie le prix fort. Les armes et les combattants rebelles étant pour la plupart rentrés de Libye.
« Le gouvernement malien doit mettre fin à tous liens, public ou privé, avec le GATIA ».
La condescende du ton de l’ambassadeur tanche nettement avec la tradition diplomatique de son pays et trahie une sympathie pour la Coordination des mouvements armés (CMA) qui a des connexions établies avec les mouvements djihadistes, à commencer par Ansar Eddine. « Il faut ». Le ton est impératif. L’ambassadeur donne un ordre au gouvernement malien. Mais au fond, pourquoi ce dernier romprait ses liens avec le GATIA dont le patriotisme n’a jamais été remis en cause. Ce, contrairement à la CMA aux velléités séparatistes et stipendiés par le djihadisme.
En fait, c’est plutôt à ceux que tout le monde connaît qu’il faut demander de mettre fin à leurs liens publics et privés avec la CMA. Parce que ce sont eux qui ont allumé le feu dans le nord de notre pays et ce sont eux qui l’attisent en entretenant de faux espoirs. Sinon, le problème dans cette partie du pays serait déjà résolu. Mais les intérêts de puissances étrangères sont passés par là.

Le pestiféré
Intox
Dans une interview accordée à notre confrère ‘’Procès-Verbal’’, Fahad Ag Almouhmoud, le secrétaire général du GATIA soutient : « lorsque la force française Serval a ramené le MNLA sur place, la commission a été élargie à deux ou trois représentants de ce groupe (…) ».

Désintox
Ainsi, il n’y a plus de doute que ce sont les éléments de l’armée française qui ont ouvert la voie de Kidal au MNLA pour que celui-ci vienne plastronner et parler, sans pudeur, des villes conquises. Conquises par qui et à qui, puisqu’il n’y avait plus aucun adversaire en face ? Les pièces du puzzle se mettent en place dans cette avilissante affaire de Kidal. Les éléments de Serval combattent avec les soldats maliens. Les villes de Konna, Tombouctou et Gao sont libérées. À Gao, à l’aube, les éléments de l’opération Serval faussent compagnie aux soldats maliens et foncent sur Kidal déjà abandonnée par Iyad Ag Ghaly de Ansar Eddine. Ils vont camper à l’aéroport. Ils appellent le MNLA qui avait été chassé hors du pays par le MUJAO et Ansar Eddine, à l’issue de combats violents. Celui-ci rentre triomphalement prendre possession de Kidal. Donc, mission accomplie pour les éléments de Serval. C’était le bis repetita du scénario de Gao où un colonel français disait à un autre malien : « mon colonel, la ville est à vous ». Sauf qu’à Kidal, il s’agissait de livrer une ville à des rebelles séparatistes. La suite ? C’est connu de tous. Un Capharnaüm dans lequel il est impossible de distinguer djihadistes et rebelles qui finissent même par faire alliance ; des Forces armées et de sécurité absentes ; des populations esseulées ; des affrontements avec les forces patriotiques et une partialité nauséabonde de la Force ‘’neutre’’ d’interposition ou d’imposition. Les récents combats à Kidal indiquaient un rude parti pris contre les forces du Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés.

Intox
« Nous avons découvert qu’au lieu de distribuer l’aide aux populations, celle-ci, une fois à Kidal, est divisée en trois parties : un tiers pour les membres de la commission, un tiers pour les groupes armés présents à Kidal, et l’autre tiers pour les populations civiles (…) ».

Désintox
Fahad n’est pas le seul à porter une accusation aussi grave contre la Coordination des mouvements armés. L’une des preuves les plus irréfutables est ce passage du communiqué de la Coordinatrice humanitaire : « la Coordonnatrice de l’action humanitaire au Mali par intérim, Mme Fatouma Seid, condamne fermement le pillage d’un entrepôt de vivres destinés à l’assistance humanitaire survenue à Kidal dans la matinée du 6 juin ». S’il y a pillage d’entrepôt de vivres, c’est que ces vivres n’étaient pas destinés à l’assistance humanitaire ; mais à l’assistance des caïds de la CMA. Ce, d’autant plus que ceux qu’on appelle population qui n’a droit qu’à 1/3 de l’aide alimentaire se résume aux familles des membres de la CMA et des djihadistes qui dirigeaient la Commission de distribution des vivres. C’est donc faute d’alternative que la population a pillé l’entrepôt et elle pourrait remettre ça si l’on continuait à l’affamer.
Il faut souligner surtout que la distribution de l’aide se fait à l’exclusion des Imghads. Ce, pendant que la Mission onusienne, prenant conscience que le différend GATIA/CMA a des relents communautaires, demandait une médiation du Gouvernement.
Madame Seid a indiqué dans le même communiqué : « un tel geste est inacceptable. Cela constitue une violation des règles du droit international humanitaire qui garantissent la protection du personnel et des biens humanitaires ». Mais elle oublie que la première violation du droit humanitaire est de transporter et aller livrer des vivres à des gens qui ne sont nullement dans le besoin et qui, pis est, prive la population de l’aide qui lui revient de droit et en priorité pour nourrir des combattants. Ce qu’elle doit craindre, ce n’est pas un pillage; mais une véritable émeute de la population pour réclamer son droit le plus légitime. On se rappelle les émeutes du pain au Maroc. En juin 1981, plusieurs subventions sur des produits de première nécessité connaissent une baisse très importante dans le cadre du programme d’ajustement structurel voulu par la Banque mondiale et par le Fonds monétaire international. L’effet de cette baisse est aggravé par une sécheresse persistante (le pays subit sa première vague de sécheresse de 1980 à 1984) et une très grande inflation (de l’ordre de 12,5 % en 1981).
Pour protester contre cette réduction, les syndicats UMT et CDT, lancent une grève générale qui dégénère en manifestations et en émeutes à Oujda, Berkane et Nador entre le 28 et le 31 mai, mais, surtout à Casablanca les 20 et 21 juin 1981. Les marches de protestation avaient pour but la dénonciation des réductions des subventions et l’augmentation brutale des prix de 14 à 77 % pour le blé, l’huile, le beurre et la farine. C’est pourquoi ces émeutes sont appelées souvent émeutes du pain.
À Kidal, il n’est pas admissible qu’une aide destinée à une population vulnérable serve à nourrir des combattants, alimenter des magasins pour la vente de produits pharmaceutiques. C’est pourtant la pratique qui est connue de tous qui est en cours. Alors, la Coordinatrice humanitaire, par sa condamnation du pillage de l’entrepôt, fait preuve d’une hypocrisie surréaliste.

Intox
« La Plateforme à laquelle nous appartenons a distribué 250 tonnes de vivres à ces déplacés, sans distinction d’ethnie ».

Désintox
C’est cette neutralité qui est attendue des mouvements armés, tout comme des organisations intervenant dans le domaine de l’humanitaire. La Plateforme administre une nouvelle fois la preuve de son souci des populations ; contrairement à ceux de la CMA qui se transforment en milliardaires de la crise. Et dire qu’il y a un ambassadeur qui soutient que le GATIA (qui fait l’objet de fixation) ne contribue pas à ramener la paix ! C’est navrant, parce que son acte prouve tout le contraire de ce dont il est affublé.

Intox
Le secrétaire général du GATIA poursuit : « de plus, les recrutements du personnel des ONG et de la MINUSMA se font sur recommandations des leaders d’Ançar Dine et de la CMA ».

Désintox
En plus des vivres qui leur sont gracieusement offerts, au grand dam de l’écrasante majorité de la population nécessiteuse ; ils placent leurs parents à des postes. Parce qu’on voit mal comment, dans une atmosphère aussi électrique, un Ifoghas ferait des facilités à un Imghad. Il y a là une discrimination créée et entretenue par les organisations non gouvernementales et la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali. Cette dernière, comment peut-elle stabiliser le Mali en maintenant des frustrations au sein de certaines communautés du fait d’un traitement préférentiel ? Quant aux ONG, quelle crédibilité pour elles qui sont censées traiter toutes les parties sur le même pied d’égalité ?

Intox
« À notre grande surprise, un convoi dit humanitaire du PAM a voulu directement se rendre à Kidal sans que le GATIA en soit informé ».

Désintox
Le tort du GATIA est d’avoir naïvement cru à la sincérité du PAM ; d’avoir cru qu’il tiendrait son engagement de l’informer de ses déplacements pour la sécurisation de ses convois. Le convoi n’étant pas humanitaire, parce son véritable destinataire ce ne sont pas les populations démunies ; il ne voit, par conséquent, aucune nécessité de prévenir le GATIA ou n’importe quel autre groupe de la Plateforme pour assurer l’escorte. De toute évidence, l’intention du Programme alimentaire mondial (PAM) était d’arriver incognito à Kidal et servir la CMA qui est sa priorité en tant que mouvement et non la population civile victime des ambitions démesurées de ceux qui ont décidé de prendre les armes contre la Patrie. Pourtant, c’est ce même PAM qui n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme sur le sort des élèves. Dans un récent communiqué, on peut lire : « alors que les écoles ouvrent leurs portes la semaine prochaine au Mali, près de 180,000 enfants dans environ 1,000 écoles à travers le pays risquent de ne pas bénéficier de repas scolaires à cause des contraintes financières du Programme Alimentaire Mondial (PAM) – l’artisan principal de cette initiative. Si un financement de $3 millions n’est pas trouvé en urgence, le PAM va devoir suspendre son programme de repas scolaires au Mali ». De la duplicité à plein nez. Parce qu’il serait beaucoup plus responsable et juste de supprimer les 2/3 de l’aide détournée par la CMA et l’attribuer aux élèves dont l’avenir est en jeu. Parce que sans cette aide, beaucoup d’entre eux vont devoir arrêter les études comme le PAM le reconnaît lui-même, se fondant sur les témoignages d’enseignants. Mais à l’évidence, l’avenir des enfants et du pays, par conséquent, n’est pas le souci majeur de ces organisations. Ce qui est primordial, c’est accorder une aide humanitaire, plutôt un fonds de commerce à la CMA qui peut alimenter ses magasins de céréales et ses pharmacies, à travers la ville de Kidal.

Intox
« Malheureusement, la communauté internationale ne se préoccupe que des seules plaintes de la CMA ».

Désintox
La Communauté internationale ne peut pas faire autrement, sous peine de se dédire. Il y a l’enfant fétiche, de qui on sait, au sein de la CMA. En raison de cela, la CMA reste la seule source crédible ; c’est elle qui est victime des agressions du GATIA pestiféré ; c’est elle qu’il faut écouter quand bien même la majorité de la population de Kidal est Imghad. Il ne faut pas non plus perdre de vue que la CMA est une création de cette communauté internationale et que c’est grâce à elle que ses membres, dont certains ont été ‘’blanchis’’, se sont retrouvés à Kidal et mènent tranquillement leurs activités.

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2 COMMENTAIRES

  1. Pauvre Afrique !
    Une recolonisation qui ne dit pas son nom.
    Une souveraineté bafouée,
    Un président téléguidé par l’Occident.
    On comprend aisément pourquoi l’Occident a mis le bâton dans les roues d’ATT.
    C’est un bon patriote !
    Il n’a pas accepté d’être téléguidé.
    L’Occident a fait donc une campagne d’intoxication contre lui.
    Le résultat est là.
    Africains ,ouvront les yeux, évitons les médias mensongères de l’Occident.
    Dans lele cas d’ATT,comment vous pouviez croire le fait qu’un chef d’armée complote contre sa propre troupe.
    L’Occident ne défend que ses intérêts,ça il faut qu’on le comprenne.

  2. Bonjour,
    Chaque acteur ou chaque partenaire doit prendre ses responsabilités et cultiver des relations équilibrées avec les parties prenantes à l’accord de paix qui n’empêchent pas que ce dernier se déroule normalement et qui ne commettent pas des entorses au droit international humain et/ou divers crimes.

    Les États Unis ne doivent pas condamner les liens entre le gouvernement et GATIA et ne pas condamner les agissements de la CMA, en particulier, l’accaparement à Kidal de l’aide humanitaire par la CMA au profit de ses combattants, le fait de refuser que soient à Kidal l’administration Malienne ainsi que toutes les communautés autres que les Ifoghas, cas de de la communauté Imghad, et le GATIA.

    Ils ont quand même dénoncé le fait qu’il n’y ait pas l’administration Malienne à Kidal.

    J’ai appelé, le 16 SEPTEMBRE 2016 et, il y a plus d’un an, le 21 SEPTEMBRE 2015, toutes les parties prenantes (CMA, PLATEFORME/GATIA et ÉTAT MALIEN) et tous les acteurs (MÉDIATION,ONU/MINUSMA, PARTENAIRES, CITOYENS, PARTIS POLITIQUES, …) à prendre leurs responsabilités et à s’engager clairement (en étant crédibles et en jouant sur cette crédibilité), sérieusement et sans complaisance pour une mise en œuvre diligente et rapide de l’accord de paix.

    On n’obtiendra une paix durable en toute quiétude que lorsque chacun(e) prendra et assumera ses responsabilités.

    ENGAGEONS-NOUS, TOUTES LES PARTIES PRENANTES ET TOUS LES ACTEURS, CLAIREMENT EN ÉTANT CRÉDIBLES, SÉRIEUSEMENT ET SANS COMPLAISANCE POUR UNE MISE EN ŒUVRE DILIGENTE ET RAPIDE DE L’ACCORD DE PAIX AFIN DE GARANTIR UNE SÉCURITÉ ET UNE PAIX DURABLES DANS UN MALI UN ET INDIVISIBLE.

    Cultivons la confiance à travers des relations claires et crédibles entre toutes les parties prenantes et entre tous les acteurs.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC, Gouvernance et Sécurité
    TEL 00223 95 58 48 97

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