Macron à Gao: l’autre face d’une visite

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Le retour du Mali dans le concert des Nations, tant souhaité par le Président Ibrahim Boubacar KEITA, passe nécessairement par sa stabilité. Ce en quoi notre pays bénéficie d’un soutien sans faille de l’Opération Barkhane. Découverte de cette autre facette de la visite du Président MACRON à Gao, à ses troupes, le vendredi dernier.

L’Elysée a été très clair : le Président français Emmanuel MACRON se rendrait au Mali, mais à Gao. Et cela, pour rencontrer ses troupes, pour échanger avec elles. Il n’en fallait pas plus pour fouetter certains chauvinismes endormis qui ont crié au mépris du Mali et de son président.
Mais pour beaucoup de personnes tenaillées par la rancœur, il s’agissait d’une énième occasion à saisir pour jeter en pâture le chef de l’Etat.
Mais est-ce de cela qu’il s’agit ?

Pourquoi le Mali
Assurément non. Pour sa première visite hors de l’Europe et sur le continent africain, c’est Gao qui a été choisie. Pourtant, Barkhane évolue sur cinq pays, à savoir le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Mali, tous membres du G5 Sahel.
Mieux, quand bien même le plus gros des effectifs français se trouve déployé au Mali, il n’en demeure pas moins que le Poste de commandement interarmées de théâtre est basé à N’Djamena, au Tchad. Il aurait pu privilégier ce pays à cet effet. Il ne l’a pas fait. Pourquoi ? Par solidarité envers le Mali dans le dur combat qu’il mène contre le terrorisme.
Pour dire que le Mali compte, on notera qu’en cinq mois, ce sont deux présidents de la République française qui s’y sont rendus. En janvier dernier, le Président François HOLLANDE était dans la capitale, à faveur du Sommet Afrique-France (13 et 14 janvier) et le vendredi dernier, le tout nouveau Président MACRON était reçu à Gao. Hasard de calendrier pourraient faire valoir certains esprits chagrins.
Ce qui ne souffre par contre l’ombre de doute, c’est le contexte défavorable dans lequel ledit Sommet s’est tenu dans notre capitale. En effet, notre pays venait de vivre les attentats du 20 novembre de l’hôtel Radisson Blu. L’occasion faisant le larron, la Côte-d’Ivoire est rapidement apparue comme le pays de substitution naturelle, en raison de sa stabilité et avec une croissance économique de 9%. Or les entreprises françaises préfèrent cette croissance à une insécurité. L’argent n’aime pas le bruit. Malgré le fait que la balance penchait fortement du côté de notre voisin du sud-ouest, le Président IBK et la France ont tenu bon. Point besoin d’être un foudre d’intelligence que la France a pesé de tout son poids pour que le Sommet ne soit pas délocalisé
Un tout autre scénario serait catastrophique pour l’image du Mali et serait une tache noire dans le bilan du Président HOLLANDE qui a lancé l’Opération ‘’Serval’’ pour libérer le Nord des djihadistes.
Finalement, c’était l’apothéose. Le Sommet a enregistré, selon le président de la Commission d’organisation, Abdullah COULIBALY, une participation record des chefs d’Etat et de gouvernement africains: une quarantaine.

Le binôme paix et sécurité
Le 27e sommet Afrique-France, placé sous le signe de la paix et de la sécurité, révélait que ces deux questions étaient inséparables et qu’elles étaient une constante dans l’intervention française dans notre pays.
À Gao, le Président MACRON déclarait : « ces combats sont bien menés lorsqu’ils s’inscrivent dans une perspective de construction de la paix et de sécurité ». Ce qui est bien traduit sur le terrain par les actions menées. En effet, apprend-on de source officielle française, ‘’l’Opération Barkhane a aussi réalisé 80 projets de développement et 34 000 consultations et aides médicales gratuites au profit des populations’’.
La paix allant de pair avec la sécurité, les soldats de Barkhane ne vont pas de main morte. Au10 juillet 2015, l’armée française affirme avoir fouillé 150 caches et avoir saisi et détruit 25 véhicules, 80 appareils électroniques (GPS, ordinateurs, téléphones et postes radio) et 20 tonnes de munitions, dont : 2 000 obus, 680 grenades, roquettes et fusées, 25 engins explosifs improvisés (EEI) et mines, 210 détonateurs et commandes d’EEI, 30 mortiers, mitrailleuses et lance-roquettes. Elle s’est également emparée de 3 500 kg de drogue.
À la date d’aujourd’hui, plus de 400 terroristes ont été mis hors de combat.
Lancée le 1er août 2014, l’Opération Barkhane repose sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne. Elle vise en priorité à favoriser l’appropriation par les pays partenaires du G5 Sahel de la lutte contre les Groupes armés terroristes, sur l’ensemble de la Bande sahélo-saharienne.

Par Bertin DAKOUO

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