Pr. Younous Hameye Dicko, président du Rds : « Cet accord doit corriger les erreurs de l’Accord d’Alger de 2006 qui est à la base de tout ce désastre»

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Younouss Hameye Dicko
Younouss Hamèye Dicko

Au moment où les autorités du pays et les groupes armés du nord, sont à Alger pour relancer le processus de dialogue en vue d’une sortie de crise définitive, un traité de coopération dans le domaine de la défense, est signé entre la France et le Mali. C’est dans cette démarche participative que nous avons rencontré un des principaux acteurs de la vie politique nationale, le Professeur Younouss Hamèye Dicko, Président du parti Rassemblement pour le Développement et la Solidarité (RDS). Cet ancien Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique, natif du nord du Mali, nous livre son opinion sur le sujet, à travers cet entretien exclusif.

 

 

Le Pouce : Depuis quelques jours, le gouvernement malien et les groupes armés sont à Alger dans le cadre des pourparlers pour le processus de sortie de crise. Quelle lecture faites vous de cette initiative ?

Prof Younouss Hameye Dicko : C’est une excellente initiative. Je pense que bien avant cette rencontre, l’Accord de Ouaga a posé des jalons qui nous ont permis d’élire le Président de la République ; de mettre en place une Assemblée nationale à l’image du fonctionnement de la démocratie. Avec la nomination du chef du Gouvernement dont les actions sont contrôlées par les députés de la nation, le pays est revenu dans le concert des nations. Mais, depuis que ces évènements se sont produits, le pays est resté statique. N’ayant rien fait pendant ce temps, les autres ont profité de notre immobilisme pour s’installer. Et c’est ça les accords de guerre. C’est aussi ce qui a fait qu’a chaque fois que nous avons signé un accord, la bataille suivante, nous l’avons perdue. Parce que tout simplement, nous ne mettons pas nos troupes dans le combat. C’est pourquoi, il faudra, au-delà de tout ce nous abordons, que nous continuons à former notre armée et à la maintenir à hauteur d’action. Aller aujourd’hui à Alger, c’est simplement honorer nos engagements. Il faut alors l’exploiter à fond. Si la négociation doit amener le gouvernement à signer ce que le Mali ne peut garantir, nos représentants légaux ne doivent pas céder à aucune intimidation. Il s’agit de dire oui ou non à quelque chose. Mais tout compte fait, il faut aller dans le sens de la négociation. Celui qui refuse de négocier, est dans la sphère de la négociation. J’ai confiance aux gens qui représentent le Mali à ces assises. Je pense que le Haut représentant du président de la République qui fait partie de ma génération, est digne de confiance à ne pas induire le Mali dans la division. Nos représentants qui sont là-bas, savent parfaitement l’avantage du peuple dans ces pourparlers. Ils ne peuvent pas revenir nous dire qu’ils ont fait le contraire de ce que le Président a dit. Il faut être confiant. Ce qu’on ne peut pas donner, ne se donnera pas. Mais, tout ce qui peut être donné, doit l’être pour la paix de notre pays et l’intégrité du territoire. Nous sommes tous les mêmes dans ce pays. C’est avec la rébellion que j’ai entendu les histoires de peau blanche et noire. Il faut qu’on revienne à ce qu’on fût avant. Pour le faire, il faut corriger un certain nombre de déséquilibres qui existe dans le pays fort longtemps. Ces problèmes se règlent sur de long terme. Il s’agit de ce fait d’appliquer les accords qu’on signe entre nous. A notre niveau, il ne faut plus qu’on nomme par décret des gouverneurs qui vont plomber l’ensemble des efforts des populations. Il faut désormais que nos populations, soient libres dans leur entreprise, dans leur créativité pour faire développer leur coin. Par exemple, les affaires de Bougouni, doivent être locales. Le Mali doit aller dans le sens de la vraie reforme en élisant des gouverneurs qui connaissent les réalités des zones concernées. Pour moi, le mot gouverneur doit changer de valeur. L’élection du gouverneur par les populations au suffrage universel direct, n’est pas, du tout, aller vers le fédéralisme, car, le gouverneur dispose de tous les moyens pour faire respecter la loi du pays. C’est en fait, le fond du problème. Aussi, il faudra financer notre effort de guerre à partir de nos recettes nationales tout en évitant la publicité. Il y a la loi de la programmation militaire que le gouvernement n’applique pas. Toutes les déroutes que notre armée connaisse, sont dues au fait que tous nos financements viennent de l’extérieur. Les gens parlent beaucoup. Ils doivent savoir que nous ne sommes qu’au niveau de l’élaboration de la feuille de route permettant d’ouvrir la voie à des conclusions concrètes. C’est un début pour le processus de négociation. Nous devons être très vigilants.

 

 

Le Pouce : Le Mali vient de signer avec la France un traité de coopération en matière de défense. Quelle pourrait être l’impact de cet accord dans l’évolution politique du Mali ?

Prof Younouss Hameye Dicko : A ce sujet, je me souviens de mon défunt frère, prof Mamadou Lamine Traoré qui nous reprenait un cours d’histoire : « l’arrivée du Nil au Caire ». Pour moi, ces accords avec la France, ne constituent pas une catastrophe. Au contraire, lors de sa conférence de presse le 04 juin 2014, le RDS a préconisé des accords stratégiques avec la France. On fait les accords avant les guerres. Mon parti a été pour ce traité de coopération militaire avec la France. Pour nous, cela fait partie de la stratégie de libération de notre pays. Dans les accords, il y a ce qu’on accepte et ce qu’on refuse. On ne peut pas rejeter tout accord a priori. Ce que nous redoutions, c’est d’avoir des bases militaires étrangères sur notre territoire. Aujourd’hui, j’ai la conviction que si la France subissait une invasion, le Mali n’hésiterait pas à lui porter son secours. Nous l’avons fait quand nous étions des colonies. L’accord avec la France, n’est qu’un début de stratégie de défense des pays du Champ qui regroupent le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, l’Algérie et aussi le Maroc. C’est pour faire face, à tout temps, aux problèmes communs de la région du Sahel. C’est insensé d’aller toujours chercher la France ou les Etats-Unis pour vernir défendre chacun d’entre nous. Ce qui se passe au nord du Mali, n’est pas un problème qui concerne seulement les Maliens et les pays du Champ. C’est un problème international. Si cette zone du Sahel est déstabilisée, c’est toute l’Europe qui sera secouée. Et de surcroît, le reste du Monde. Si vous déstabilisez l’Algérie, c’est l’Espagne, la France, l’Italie ainsi de suite qui sentiront le coup immédiatement. C’est un problème global qu’il faut chercher à résoudre. L’accord avec la France, doit être accepté car, il nous permet d’avoir une meilleure vision des choses.

 

 

Le Pouce : Croyez-vous que cela pourrait être une solution pour la stabilité du Mali ?

Prof Younouss Hameye Dicko : Rien ne stabilisera le Mali que les Maliens eux-mêmes. Un accord n’est qu’un accord. Il faut savoir que cet accord permet, particulièrement, aux Français de pouvoir agir mieux dans l’espace du Sahel. Le problème est que les Maliens sont inquiets parce qu’ils n’ont pas confiance en eux-mêmes. Beaucoup pensent que la présence Française au Mali, est seulement de protéger un groupe déterminé. Concrètement, cet accord peut servir contre AQMI, MUJAO et, éventuellement, contre An sardine. Cet accord ne fera rien contre le MNLA. C’est à nous Maliens de régler entre nous ce problème. C’est justement ce que beaucoup de nos citoyens ne comprennent pas. La France ne prendra pas des armes contre une partie de la population malienne. Malgré nos combats, nous sommes au regret de constater que les forces étrangères qui sont déployées sur notre sol, sont en réalité des véritables forces d’intimidation, d’interposition. Ces forces ne peuvent faire que ça. Elles n’ont pas mandat de faire de l’offensive. Même leur propre défense, n’est pas claire. C’est avec l’histoire de la Côte- d’Ivoire qu’ils ont commencé à se défendre. L’accord est fait pour permettre au Mali de combattre les djihadistes. C’est ça l’esprit du traité. Chaque fois que les djihadistes attaqueront le Mali, la France sera à mesure de nous aider et de défendre l’espace du Sahel. Pour ce qui concerne nos problèmes internes, la France ne mettra pas son doigt dedans. Avec cet accord, la France sera plus clair, car, pour bon nombre de Maliens, c’est elle qui soutient le MNLA dans son action. Il n’y a pas de fumée sans feu. Pour l’instant, c’est ça le gros problème. Aux Maliens de prendre leur responsabilité devant l’histoire. Le MNLA n’était pas dangereux avant qu’il se livre dans la demarche de la division. Cet accord de coopération militaire, doit corriger les erreurs de l’Accord d’Alger de 2006 qui est à la base de tout ce désastre. Il appartient au Mali de régler l’affaire du MNLA qui n’est pas différent du MUJAO. C’est des vases communicants.

 

 

Le Pouce : Un appel ?

Prof Younouss Hameye Dicko : Je souhaite que la rencontre d’Alger aboutisse à une négociation de sortie de crise par le Mali. Que l’accord avec la France soit le début d’une véritable stratégie de libération du pays par les autorités. Que les Maliens prennent conscience du danger que nous traversons. Ce danger guète notre descendance, notre unité. Je lance un appel à nos frères du MNLA, en ce sens que les principaux responsables intellectuels que je connais tous depuis l’enfance, doivent savoir que le chemin qu’ils ont choisi, est sans issue. Je les invite à revenir au bercail pour qu’ensemble, nous construisions le Mali qui nous est commun. Ils ne doivent pas oublier que la majorité des Touaregs ne sont pas dans la dynamique de division du pays. Ni les Peulhs, ni les Sonrhaï, les Arabes ne sont de cet avis. Personne n’a intérêt à encourager cette initiative. Notre avenir est commun.

 

Entretien réalisé par Jean GOÏTA

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12 COMMENTAIRES

  1. Cet homme manque d’honnêtement intellectuelle. Toute personne dotée de bon sens sais que c’est l’accord de Tamarasek qui est la base de tous nos problèmes: démilitarisation des 3 régions nord et reconnaissance de l’entité “Azawad”. C’est son manque d’objectivité qui le décrédibilise.

  2. Je suis au regret de constater que notre pays est en train de perdre l’une de ses valeurs cardinales : le sens du respect, notamment vis-à-vis des personnes âgées. Oui aux débats contradictoires, mais dans un cadre de respect mutuel à l’image de notre société. Je serais étonné qu’un peuple puisse réellement avancer en s’insultant et en se haïssant les uns les autres !

  3. Ce type n’a rien a dire au Mali. Il fait parti des gens qui ont tjrs critiqué la transition par ce que tt simplement il n’ont pas été nommé quelque part.
    Notez bien: si soit disant parti n’a même pas un seul conseiller communal sur toute l’étendue du territoire. Donc mon cher prof tu as intérêt à te taire personne ne te croie plus

  4. Ce vieux con là est un démon. Il fait parti des 1ers ennemis du pays. Imaginez au moment ou on cherche la solution à la crise il est entrain
    De vouloir tjrs accuser les gens. Que dieu nous épargne des gens comme celui là

  5. Vraiment monsieur le professeur vous devez être réaliste car avec ces genres de propos vous manquez de sagesse vu votre âge.
    On dit que celui qui manque de sagesse récolte de bassesses. Depuis très longtemps(début de notre crise) vous vous ne faites que poser des actes de bassesse.
    Comme a dit l’autre il faut la fermer car vous n’êtes plus une référence.

    • toi au lieu de parler dans le vent argumente; lui au moins il donne sont point de vue tout en les appuyant avec des arguments sûrs si tu veux le contredire il faut que tu appuis tes propos par des faits non pas à nous parlant de la personne

  6. De toutes le facons, personne au Mali n´a besoin d´être prof, politique,nordiste ou sudiste, musulman chrétien ou animiste pour comprendre que:
    le probleme du Mali avec son NORD c´est le MALI MÊME QUI DOIT LE REGLER
    PAR LES MOTS OU PAR LES ARMES. ( cela néxclut pas la communauté internationale)
    NOUS L´AVIONS REGLÉ PAR LES ARMES DANS LES ANNÉES 60, ON NOUS A BATTU PAR CES MEMES ARMES en 2012.
    SI NOUS NE POUVONS PAS A CE JOUR LE REGLER APR LES ARMES PUISQUE NOUS SOMMES, MILITAIREMENT INEXISTANTS AUJOURD´HUI PAR NOTRE PROPRE GACHIS DE L´ARMÉE
    ALORS REGLONS LE AVEC L´INTELLIGENDE DE NOTRE CERVELLE:CAD LES MOTS GAGNANTS
    SINON NOUS NE SERONS QUE LES PETITS SUJETS AUX TABLES INFINIES DE NEGOCIALTIONS
    OU ALORS NOUS DEVRIONS REPRENDRE ENCORE LES ARMES
    VIVE LE MALI

  7. Merci mon prof YHD. Vous avez raison en disant que: “Cet accord ne fera rien contre le MNLA. C’est à nous Maliens de régler entre nous ce problème.” .Il faut que les maliens comprennent cela et pour toujours. Le MNLA ne représente que lui-même dans ces négociations. Pendant que les représentants du Mali ont été envoyés à Alger par un président de la république élu par l’ensemble des maliens… 😉

  8. Décidément certains perdent le nord avec l’age. Directeur de l’ancêtre de l’ORTM sous GMT, Ministre l’enseignement secondaire, supérieur et de la recherche scientifique sous AOK, aujourd’hui dénonce 20 année de pagaye. Il ferra mieux d’aller se courber pour Ag coupe le muchui chaud sur son dos.

  9. C’EST pour çà que le gouvernement n’est pas précipité d’aller négociation un délai de soixante jours après élection tous les représentants du nord étaient présenté A ALGER cette foi ci le gouvernement ne sera pas signer n’est porte quoi comme en 2006 et en 2012!!!! L’époque un gouvernement incapable ….

  10. Tu la ferme, tu n’es reference de rien au Mali. Si c;est la rechercehe ou l’ecole ou l’education tout a periclite pendant que tu etais aux affaires.
    Ne reveillez pas le chat qui dore. Tu a interte a rester dans ton coin.
    Abon entendeur salut.

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