Le projet Moussa Mara en 12 points

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Le projet Moussa Mara en 12 points
Le premier ministre Moussa MARA

Nommé premier ministre à la faveur du dernier remaniement, Moussa Mara, 38 ans, incarne la timide transition des générations dans un pays où le droit d’aînesse règne sans partage. Parviendra-il à bousculer les mentalités et à consolider une paix fragile dans un territoire où le morcellement de facto menace de se transformer en césure à la soudanaise? Réponses à travers ce précis tiré de sa déclaration de politique générale faite le mardi 29 avril devant les députés maliens.

 

1-Le plan “Mali émergent”. Ce concept du président IBK qui couvre la période 2013-2018 est revenu souvent dans le discours de Moussa Mara sans beaucoup de précisions sur les leviers qu’il compte solliciter.

 

2-Une institution militaire sous l’autorité politique. Restauration de la discipline dans les casernes. Loi de programmation militaire et loi de programmation de la sécurité, adoption d’un cadre d’organisation des secours (ORSEC). Lutte contre le trafic illicite. Le Mali consacrera 4% de son budget, soit 240 milliards de FCFA à l’armée contre 175 milliards avant la grande débâcle. En ce moment, 83 000 hommes et 1 000 véhicules sont dans le Nord.

 

3-L’année 2014 est dédiée à la lutte contre la corruption. Au programme, revalorisation des salaires et adoption du projet de loi contre l’enrichissement illicite. L’avant projet est sur la table de travail du président IBK. La CENTIF (cellule nationale de traitement des informations financières) sera renforcée. Recensement biométrique en 2015 pour faciliter la traçabilité. Déclaration de patrimoine des responsables politiques. Augmentation des tribunaux de commerce. Renforcement des moyens de la justice.

 
4-Décentralisation par la régionalisation. Plans triennaux de transferts de compétences et de ressources. Suppression des cercles et augmentation des régions. Conciliation du pays officiel avec le pays réel selon les termes du premier ministre qui n’a pas employé le terme “Touareg” dans son discours.

 
5-Administration permanente de gestion des élections pour limiter les coûts des scrutins. Remplacer les charges variables par des charges fixes? En bon comptable, le premier ministre en a saisi l’importance.

 

6-Edification de grands groupes de presse à capitaux privés. Régulation et auto-régulation.

 
7-Réconciliation nationale de concert avec les médiateurs Blaise Compaoré du Burkina Faso et Goodluck Jonathan du Nigeria. Distinction nette entre les irrédentistes et les trafiquants et terroristes. Association des groupes rebelles et des légitimités aux négociations. 110 milliards pour réparer le Nord et ramener les 300 000 déplacés.

 

8-Education. Inversion de la tendance actuelle: 20% de scientifiques pour 80% de littéraires. 40% des ressources publiques sont affectées à l’éducation.

 

9-Croissance du PIB. Le PM veut faire plus que les 4% enregistrés entre 2000 et 2011 et arriver à un minimum de 7%, bascule vers l’émergence et la réduction de la pauvreté qui affecte 42% des maliens. Leviers: augmentation de la pression fiscale (14,7% contre une moyenne de 17%) apparemment préférée à l’élargissement de l’assiette fiscale. Enjeu, 200 milliards de revenus supplémentaires d’ici 2018. Le PM fixe l’objectif du taux de croissance à 6,5% en 2014 et idem pour 2015. A la clé, 200 000 emplois d’ici 2018.

 

10-Dette intérieure. Le PM s’engage à apurer une bonne partie des 66 milliards dus aux agents économiques sans préciser de montant, qui sera fixé en fonction des disponibilités. La chaîne de paiement sera assainie, “Inchallah”, comme l’a dit le PM.

 
11- Infrastructures. Entretien de 14 500 km par an. Construction ou réhabilitation de 1 400 km de route par an. Réduire le déficit électrique (111 MW en 2013). Porter de 60 à 80% le taux de maliens ayant accès à l’eau potable. Appel aux investisseurs sociaux pour résorber le déficit du logement au Mali (400 000 unités). Réalisation du programme présidentiel de logements sociaux, soit 50 000 logements suivant le modèle PPP.

 

12-Agriculture: Passer de 450 000 tonnes de coton à 800 000 en 2018. 70 000 tonnes de viande en 2018. Constitution d’un stock de sécurité alimentaire (38 000 tonnes déjà). Côtés moyens, 9,6% du budget de l’Etat orienté vers l’agriculture. Ce ratio passera à 15%. 

 

Auteur : Financial Afrik

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2 COMMENTAIRES

  1. Moussa Mara: Nouveau Pape canonisé “Sursaut National” ou bonimenteur?

    Moussa Mara, nouveau premier ministre du Mali, expert-comptable diplômé de formation française, cet “ingénieur des chiffres et des métiers de l’audit” très vite devenu politicien local à Hamdalaye, un quartier de la rive gauche de Bamako, s’essaye aux destinées de la nation en distribuant de manière désordonnée des médailles de “leadership” à qui il veut.

    “un grand serviteur de l’Etat qui a dédié sa vie professionnelle à son pays et a développé des qualités de leadership”

    Disait-il d’Issiaka Sidibé lors de sa déclaration de politique générale, le beau père du fiston national depuis peu bombardé président de l’assemblée nationale du Mali.
    Je ne sais pas pour vous mais je n’ai pas connaissance de ces “qualités de leadership développés” chez l’honorable Issiaka Sidibé qui n’a même pas daigné nous dire quand est-ce que qu’il fut diplômé de l’ENA du Mali dans son CV de présentation à la nation.

    Une fine barbe négligée sur un visage lucide, le ton nonchalant et le regard félin, Moussa Mara égraine des promesses aux maliens à coup de déclarations tonitruantes promettant ciel et terre au travers de
    “La politique qui va rendre les Maliennes et les Maliens heureux.”

    Poursuit-il et ce n’est pas fini.

    “La politique qui va effacer des yeux et des mémoires de nos compatriotes les affres de la honte, de la peur, du désespoir, de l’inquiétude sur l’avenir du pays. La politique qui va redonner à notre pays sa dignité et sa fierté.”

    Et je vous jure qu’il était en pleine forme et le meilleur c’est son “sursaut national” qu’il va “réussir” en ces termes:

    “Le sursaut national est plus que nécessaire. Tous ensemble, chacun en ce qui le concerne. Nous avons la charge d’amorcer, d’organiser et d’encourager ce sursaut. Sous l’égide du Président Ibrahim Boubacar KEITA, nous allons nous y employer et réussir.”

    J’ai retenu mon souffle et j’ai ouvert mes yeux pour voir comment il va y parvenir.

    Côté investissement je n’ai pas noté grand chose, un programme d’investissements et une politique macroéconomique nettement moins ambitieux non seulement par rapport au PDES d’ATT mais aussi et surtout par rapport aux programmes économiques en cours dans la majorité de nos pays voisins.

    Moussa Mara parle de 15 lycées très insuffisants pour accueillir les suppléments d’enfants maliens en fin de cycles de l’enseignement fondamental.

    Il est resté évasif sur les efforts d’investissements dans l’enseignement fondamental (il songe plutôt à l’enseignement préscolaire, aux jardins d’enfants et oublie l’enseignement fondamental en tout cas en terme d’investissements concrets) alors qu’il veut orienter les enfants maliens vers les “sciences et les techniques”.

    Cela demande des ateliers, des laboratoires des bibliothèques qu’il faut construire mais combien et comment?

    Mystère de Dieu et mystère de Mara.

    Idem pour les politiques sanitaires, agricoles et industrielles qu’il compte mener où les investissements concrets sont noyés dans des objectifs généraux sans moyen de voir clair dans les priorités en terme de construction d’hôpitaux, d’aménagements sylvo-agro-pastoraux (combien d’hectares faut-il aménager où et quand) et d’aménagements de zones industrielles (combien, où et quand).

    Pour financer sa politique, Mara écorche les pourcentages du budget d’état (40% pour l’éducation, 15% pour l’agriculture, pour la santé il ne donne aucun pourcentage).

    Mais il oublie gentiment de nous dire le montant de ce budget d’état (qui est de 1559 milliards en dépenses pour 2014) et celui du budget spécial d’investissement.

    Pour la défense et la sécurité il promet 4% de la richesse nationale qui vaut selon lui 240 milliards contre 175 milliards aujourd’hui consacrés par le budget d’état à la défense nationale.

    Ces 240 milliards représentent actuellement 15% du budget d’état de 2014.

    Donc 40% éducation, 15% agriculture, 15% défense nationale sans compter la santé, la diplomatie, l’environnement, l’administration, la justice, l’eau et l’énergie, l’entretien luxueux des institutions du pays notamment la présidence de la république, etc.

    À ce rythme nous risquons vite de dépasser les 100% du budget national, c’est à dire que la moyenne de la politique de financement de Mara va dépasser le total de la capacité financière de l’état malien.

    Alors en bon ingénieur du chiffre, il veut inventer une réforme fiscale mais sans daigner nous dire combien il compte accroître les recettes publiques avec la fiscalité intérieure et de celles issues de la fiscalité de frontières compte tenu des contraintes et engagements communautaires du Mali.

    Il est courageux Mara, il est même très courageux et il continue et là le meilleur est ce qui suit.

    Il sort de son chapeau, oh plutôt de son bonnet, ces fameux “Diaspora Bonds”.

    J’ai pris ma tête dans les deux mains et j’ai prié le bon Dieu pour que ce ne soit pas une “Diaspora Bombe”!

    Car Mara veut se lancer sur le financement d’un État corrompu (qu’il reconnaît “malade”) et dépensier par les marchés financiers en créant incognito une obligation d’état (c’est à dire un titre de dette publique) destinée aux maliens de l’extérieur.

    En clair, il veut solliciter l’argent des expatriés maliens à travers un emprunt public pour financer les investissements publics.

    Le problème est que la rentabilité et la sécurité des fonds investis par l’état malien ne sont pas encore garanties car le niveau de corruption, de laisser aller, de gaspillage de nos ressources publiques diminuent considérablement la rentabilité économique de nos projets d’investissements et sapent du coup la solvabilité de l’état malien.

    Alors si la loi contre la corruption annoncée par Mara peut à elle seule garantir cette solvabilité de l’état malien pour sécuriser les fonds empruntés aux travailleurs immigrés sans mesures concrètes de redynamisation de la justice sociale, de l’efficience et de l’efficacité des actions publiques, nous seront là pour voir cela sinon nous sommes dubitatifs pour le moment.

    Car pour faire passer un État “malade” à un “athlète” comme le veut super coach Moussa Mara, (le “special one” de la gouvernance en Afrique) il faut du COURAGE, du TRAVAIL et de la RIGUEUR alors que ces mots ne sont pas prononcés plus de deux fois dans le long discours de Mara devant la représentation nationale.

    Wa salam!

  2. “N’toma tu ne pourras pas”!
    “Non N’toma je pourra”!

    Ce n’est pas un pied de nez aux adeptes de la grammaire et de la conjugaison françaises ni une insulte à Molière mais c’est une reprise de l’une des discussions “off” les plus emblématiques de la gouvernance au Mali des cinquante dernières années.

    En effet après le coup d’état du 19 novembre 1968, un membre de l’ancien CMLN nommé Moussa ou Missa Koné aurait insisté auprès de Moussa Traoré pour que l’on confie un portefeuille ministériel malgré son analphabétisme car chez les militaires il suffit d’être dans un groupe de putschistes pour avoir tous les droits ou presque.

    Alors à l’époque, Moussa Traoré lui aurait dit qu’il ne pourra pas gérer un ministère car il n’était pas instruit.

    Et le militaire du même prénom aurait alors insisté qu’il pourra en ces termes “Non N’toma je pourra” littéralement “Non mon homonyme je pourrai”!

    Hier à l’assemblée nationale un autre Moussa mais cette fois-ci Mara, actuel premier ministre du Mali est bien instruit et capable d’écrire et de lire une politique générale de 70 pages d’un gouvernement.

    En face de lui il y avait un député malien de Yelimani, Mamadou Hawa Gassama, non instruit lui aussi comme le militaire Moussa Koné de l’époque CMLN.

    Mais la grande différence entre 2014 et l’époque CMLN c’est que la capacité a changé de camp, ce n’est plus le non instruit qui ne “pourra pas” mais bien l’intellectuel Moussa Mara.

    Eh oui c’est le monde à l’envers mais c’est la triste vérité du Mali d’IBK.

    Moussa Mara a eu le culot de venir avouer son incapacité notoire et l’incapacité sonnante de son gouvernement de résoudre la crise sécuritaire du nord de notre pays à court terme.

    Son incapacité criante a été avouée par lui même, alors que le problème du nord et sa solution idoine dans un bref délai a été l’un sinon le seul argument qui a permis à IBK d’engranger 77% du vote des maliens aux dernières élections présidentielles d’août 2013.

    Le premier ministre s’est mis lui même et tout seul en position de “je ne pourrai pas” résoudre maintenant la crise du nord mais “je vais le faire après”!

    Et c’est bien l’honorable Gassama de lui rappeler qu’il ne peut ne pas pouvoir puisque son patron IBK a été élu pour cela par les maliens.

    Au moment même où Moussa Mara vilipende la gouvernance du passé (à juste titre d’ailleurs), il oublie de dire aux maliens combien d’argent, d’assistance technique et logistique, les européens et bien d’autres pays partenaires du Mali ont apporté à l’armée malienne au cours des deux dernières années.

    Formation des troupes par vagues successives, équipement en tout genre, appui logistique et aérien, partage du renseignement, apport d’argent frais, l’armée malienne n’a jamais été aussi aidée dans toute l’histoire du Mali qu’elle l’est aujourd’hui sous IBK et Mara.

    Mais malgré tout, Moussa Mara et son gouvernement sont incapables d’assurer la sécurité et la défense des maliens sur toute l’étendue du territoire malien.

    Le pire est qu’il vient l’avouer à la face du monde alors qu’il possède un budget de défense de 175 milliards de francs FCFA et qu’il trouve tout de même 20 milliards supplémentaires non autorisés par aucune loi pour satisfaire la mégalomanie luxueuse et voyageuse de son patron d’IBK en avion inutilement.

    Ce gouvernement d’enfumeurs publics, spécialisés dans les manœuvres dilatoires, le faire semblant, l’inaction et le tape à l’œil, ne va rien résoudre des réelles préoccupations des maliens ni aujourd’hui, ni demain.

    Le ton qui a été donné à l’assemblée nationale par Moussa Mara, c’est à dire “je ne pourrai pas”, sera malheureusement le ton de la gouvernance IBK des 5 prochaines années.

    Tout le monde est averti et que personne ne vienne nous dire qu’il a été surpris.

    Wa salam!

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