Présidentielle 2012 / Qui est le candidat d’ATT ?

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A l’heure des grandes mutations politiques à l’aune de la présidentielle malienne de 2012, les candidats investis, déclarés ou non, ne ratent aucune sortie pour se découvrir des points de convergence avec ATT, le Président sortant, et des liens indéfectibles tissés depuis des lustres. Tous l’encensent à longueur de discours et de déclarations en espérant qu’il entendra leurs propos et surtout se le rappellera et en tiendra compte le moment venu. 

De ceux qui ont étroitement collaboré avec ATT à ceux qui ont eu vis-à-vis de lui une attitude plus ou moins hostile, tous se sont mués aujourd’hui en proches, irréductibles compagnons. De Modibo Sidibé à Ibrahim Boubacar Kéita, de Soumaïla Cissé à Dioncounda Traoré, et même au delà,  des acteurs politiques de la deuxième  ligne comme Soumeylou Boubèye Maïga, tous se disent des camarades parmi les plus proches  du Président sortant. C’est dire que dans l’esprit de tout ce monde, celui- ci détient la clé de Koulouba et la donnera à qui il voudra. Les candidats croient-ils moins en leurs forces politiques, moins en la force des urnes qu’au coup de pouce d’ATT ? La question mérite  d’être autant posée qu’au fur et à mesure qu’on se rapproche des échéances, ce que devrait être la force de rupture nécessaire à un nouvel élan politique s’effiloche et se mue  en tribune  partisane, défenseur de sa  «politique consensuelle ». Jamais ATT n’a été autant populaire  qu’aujourd’hui. Pour obtenir ce résultat, l’homme de Koulouba n’est pas resté sans rien faire. Il a tendu à chacun des candidats virtuels une main amicale  et leur a inoculé une dose de naïveté, amenant chacun à croire qu’il est l’élu. Soumaïla Cissé et Modibo Sidibé ont été invités par ATT à venir suivre avec lui, à Mopti, la finale de coupe dédiée en son nom. Dioncounda Traoré avec lui à Kayes. IBK avait déjà eu sa part à Kouroukanfoukan ; il a reçu des mains d’ATT, les attributs royaux de l’ancêtre conquérant, comprenant l’arc et la flèche symboliques du Mandé séculaire. Il fallait une dose supplémentaire à Dioncounda Traoré, en lui disant en face, le syllogisme que tous les présidents maliens sont issus des rangs des enseignants et que Dioncounda était un enseignant, donc…     

Lors de la conférence nationale d’investiture du candidat Soumaïla Cissé, le chef de l’URD était arrivé en trombe dans la salle des mille places du Centre international de conférence de Bamako, pour annoncer au peuple du parti de la poignée de mains qu’il partait à Mopti sur invitation du Président ATT pour assister à la finale de la « Super Coupe ATT ». Mais quand il annonçait cette information savait-il qu’il n’était pas le seul présumé candidat à l’élection présidentielle qui regarderait cette finale aux côtés d’ATT à Mopti, ville natale du Président ? Il trouvera sur place Modibo Sidibé, lui aussi candidat. Ce dernier  a collaboré avec ATT depuis la transition, qui fut son Directeur de Cabinet de Président du CTSP, avant d’être Secrétaire général de la présidence et Premier ministre. Qui dit mieux, pourrait-il s’interroger. Et Soumeylou Boubeye Maïga de lever le doigt. Il a été lui aussi collaborateur d’ATT depuis la transition. Comme Modibo Sidibé, il a étroitement collaboré avec lui et Alpha Oumar Konaré, « Je suis leur camarade », a soutenu Soumeylou Boubeye Maïga, lors du forum des leaders de l’Asma dont il est le président d’honneur. Soumeylou s’est même dit surpris d’entendre certains dire qu’ils sont des héritiers d’ATT, car pour lui, « personne n’est plus proche d’ATT que moi », a-t-il soutenu.

Que dire du « Kankélintigui » qui a réussi la semaine dernière son entrée à Mopti. IBK ne fait aucun mystère du fait qu’il appelle ATT, il lui a parlé avant de se rendre à Mopti. Ce sont les mauvaises langues qui  cherchent à le brouiller  avec son « frère et ami », ATT. Il veut faire savoir qu’il est soutenu jusqu’au bout par « Soudou Baba » et son champion sortant. Son propos  sur lui s’est tellement apparenté à un louange que le «  Kankelintigui » s’est ressaisi un moment pour laisser tomber un « je ne suis pas un griot… », avouant qu’il témoignait là d’un devoir de reconnaissance dont il fallait s’acquitter à Mopti. Tout comme Soumeylou Boubeye Maïga, il avait  effacé de son « disque dur » son passage au Front pour la Démocratie et République (FDR). L’image d’un IBK opposant homme au franc-parler reconnu fait place peu à peu à un « Mandéka » new look, fin négociateur et qui se  refuse d’être dit-il « politicien ». Tout est bon pour avoir le cœur et les faveurs  du Patron de Koulouba, même si IBK soutient qu’il n’a pas «  la folie du pouvoir ».  

Chacun pense et laisse croire qu’il est l’homme d’ATT. Devenu donc le maître incontestable du jeu, il contribue à renforcer cette crédulité qu’il a réussi à créer. Si le Président sortant soutient tout le monde, cela revient à dire qu’il ne soutient personne jusqu’à la proclamation des résultats du second tour. 

Baba Dembélé

B. Daou

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