Investiture : Péchés Mortels ou Péchés Mignons ?

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Le vendredi n’est pas bon pour être jour de fête, dit-on chez nous, parce qu’il y aurait deux prières, celle de la fête, le matin, et celle de l’après-midi, en d’autres termes, celle des hommes et celle de Dieu, même si, finalement, les deux viennent de Dieu. Peut-être y avait-il, dans de nombreuses localités, une vieille rivalité entre le jour saint de l’Islam et celui de l’animisme, mettant le chef de village, qui a toujours un pied dans chacune des deux confessions, dans un grand embarras ? rn

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En tout cas l’investiture d’ATT, le vendredi 8 juin dernier, a donné lieu à une série de hiatus avec l’ordre mystique, à donner froid au dos de ceux qui, comme Hampaté Ba, y croient. N’est-ce pas celui-ci qui avait relevé deux signes prémonitoires de l’éclatement de la Fédération du Mali ? Lors de la montée des couleurs, a-t-il relevé, le drapeau de la Fédération s’est coincé; puis Modibo Keïta n’a pas pu retrouver la clé de son bureau.

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Hiatus et désagréments

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Ainsi, vendredi passé, on avait attendu en vain le Président Faure et el Président Tandia : ils ne viendront pas. Au total, il n’y aura que 7 (sept) chefs d’Etat sur les dix-sept prévus ! La cérémonie devait commencer à 10 H et finir à 12 H, pour permettre aux fidèles musulmans d’aller à la mosquée remplir leurs obligations envers le Maître du Monde, après celles rendues au Président de la République. Mais il fallut se rendre à l’évidence : le vendredi serait raté !

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Le Colonel Koké Dembélé a mis au cou du chef de l’Etat le Grand Collier de l’Ordre national, une parure exclusivement féminine chez nous (du moins aujourd’hui), alors que le protocole de la Cour Suprême lui demandait d’enlever son bonnet, lequel est un symbole de la masculinité par excellence ! En 2002, il faut-il le rappeler, cela avait été signifié au chef de l’Etat par un geste énergique du Président de la Cour Suprême pointant son index vers son propre couvre-chef. ATT s’était exécuté avec une promptitude toute militaire, qui avait pu dérouter plus d’un civil, plutôt rétif à de telles injonctions !

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Cette année, les défenseurs de l’égalité des genres auront vu Mme Keïta Kadiatou Kayantao, Présidente de la Cour Suprême, ordonner à  son huissier de demander « aimablement » à la foule, à l’exception des dames et des hommes en tenue, de se décoiffer. ATT était-il concerné ? Avait-il demandé par avance une dispense ? Les textes ont-ils changé ? Toujours est-il qu’il gardera imperturbablement son bonnet noir, lui qui est le chef suprême de la magistrature ! Il est vrai que certains textes sont obsolètes ou inadaptés.

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En effet, notre civilisation ne condamne nullement le port d’une coiffure par l’homme devant un supérieur ou une dame qu’on salue, ni pendant la prière, lorsqu’on se tient devant Dieu. N’y a-t-il pas également quelque anachronisme, voire du baroque au port de la « grand-croix », un héritage du colonisateur à ne pas confondre avec le joyau architectural qu’est le palais de Koulouba ni avec la magnifique langue française, considérée par un auteur algérien comme un « butin » ? Il est vrai que ladite croix ressemble plutôt à l’étoile à  six branches, ce qui sauve les apparences !

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La réparation

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A-t-on remarqué la différence entre le serment prononcé par Alpha en 1997 et celui d’ATT l’autre jour au CICB ? Ledit serment porte en effet que le prestataire jure « devant Dieu et devant le peuple malien », alors qu’Alpha disait : « Au nom du peuple malien, je jure de… ». Il est bon d’associer le nom du Créateur du Monde à ces choses du monde, comme l’ont fait les rédacteurs de la Constitution américaine de 1776 et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789.

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En évitant d’ajouter « et au nom des Mânes des ancêtres », comme chez les Béninois, ATT a sûrement sauvé son vendredi pour cette fois. La prochaine fois que le 8 juin va tomber sur un vendredi, ATT  s’il est là, en touchera sûrement un mot à son protocole, en manière de rappel. Et il est à parier que celui-là ne se le fera pas répéter, étant donné qu’il a eu sa part d’ennuis du vendredi, avec, dit-on, une série de pataquès. Car si l’on entend dire volontiers qu’il n’y a pas de péché si grand que Dieu ne puisse pas le pardonner, on dit aussi qu’il n’y a pas de petit péché !

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Ibrahima KOÏTA

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