La fistule

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 Cheick Omar Touré , Directeur pour le Mali de IntraHealth International, explique ici, le contexte, le but de la formation et les objectifs à atteindre dans la prise en charge de la fistule obstétricale par la supervision (Monitoring Médical).

Monsieur Touré explique que la fistule se définit comme « une perforation de la paroi vaginale qui communique avec la vessie ou le rectum à la suite d’un travail d’accouchement long et difficile ». Elle se manifeste par une perte d’urines et parfois de matières fécales par le vagin engendrant une souffrance physique, morale psychologique et sociale.

La fistule obstétricale (FO) reste la morbidité la moins prise en charge bien qu’elle soit celle qui affecte le plus la femme, la famille et la société.

 

La situation de la fistule obstétricale est insuffisamment connue et peu documentée d’une manière générale dans les pays en développement et en particulier au Mali.

 

On estime que plus de 2 millions de femmes vivent actuellement avec une fistule obstétricale dans le monde, la plupart en Afrique et en Asie du Sud. Selon L’OMS, il se crée 50 000 à 100 000 nouveaux cas chaque année. Son incidence en Afrique de l’Ouest est de 3 à 4 pour 1000 accouchements. L’affection frappant en général des parturientes de bas niveau socio-économique dans les régions où la couverture médicale est restreinte, l’affection est mal connue des décideurs et de nombreux prestataires de service.

 

Pour faire face à drame le ministère de la santé du Mali avec l’appui de ses partenaires a élaboré une stratégie de prévention et prise en charge de la fistule obstétricale. C’est dans le cadre de cette stratégie que s’inscrit l’intervention de l’USAID à travers le projet Fistula Care mené par EngenderHealth en partenariat avec IntraHealth international au Mali.

 

Ce projet a pour but de réduire l’impact des fistules obstétricales sur l’état de santé des femmes par la promotion des conseils préventifs et la prise en charge curative des cas diagnostiqués.

 

La présente formation en Monitoring Médical et en Supervision des sites de prise en charge de la fistule obstétricale est un des objectifs spécifiques de ce projet.

 

La supervision des sites de prise en charge de la fistule obstétricale (Monitoring Médical)

La supervision est l’outil essentiel pour garantir l’offre des services de qualité par des prestations compétents et motivés. Elle est la fonction de gestion qui permet le mieux de guider, de soutenir et d’assister le personnel dans l’exécution de sa tâche en vue d’améliorer la performance de la formation sanitaire. La tendance dans nos systèmes de soins est de ‘‘nommer’’ des superviseurs cliniques sans leur donner les compétences requises pour mener à bien cette fonction capitale dans l’amélioration et le maintien de la qualité des services. Il en résulte souvent des situations inattendues où la supervision perd son intérêt, son rôle et sa place et devient une activité improductive et ‘’budgétivore’’. Il est clair que l’on ne peut s’improviser superviseur. Le superviseur a besoin d’être formé, d’acquérir des connaissances et des compétences dans domaine de la supervision et d’être lui-même suivi. Superviser est une compétence qu’il faut apprendre, maîtriser et mettre en pratique.

 

La présente formation met l’accent en particulier sur l’approche facilitant de la supervision qui permet d’obtenir rapidement des résultats satisfaisants pour tous.

 

 But de la formation

Développer les compétences des superviseurs afin de les rendre capables d’utiliser l’approche facilitant de la supervision pour améliorer la performance des sites de prise en charge de la fistule obstétricale autant par la supervision externe que par la supervision interne.

 

Objectifs d’apprentissage :

A la fin de la formation, chaque participant sera en mesure de : superviser pour améliorer la performance de la formation sanitaire ; décrire comment élaborer ou à mettre  à jour les instruments de supervision ; planifier une visite de supervision externe ; conduire une visite de supervision externe ; mener des activités de suivi après la visite de supervision ; aider à mener une supervision interne ; faciliter la résolution des problèmes en équipe ; organiser le travail en équipe ; encadrer au cours de la supervision ; aider à gérer et à utiliser les données et informations du site.

 

Participants

Cette formation est spécifiquement conçue pour les superviseurs, les gestionnaires de programme et les cliniques qui appuient les sites de prise en charge chirurgicale des cas de fistule obstétricale.

Thèmes de la session

 

La formation était repartie en 12 sessions.

Après la session d’ouverture, les participants se sont penchés sur les thèmes suivants : comprendre ce que qu’est la fistule obstétrique ; superviser pour améliorer la performance ; décrire comment élaborer ou mettre à jour les instruments de supervision ; planifier une visite de supervision externe ; conduire une visite de supervision externe ; mener des activités de suivi après la visite de supervision ; aider à mener une supervision interne ; faciliter la résolution des problèmes en équipe ; organiser le travail en équipe ; encadrer au cours de la supervision et enfin dernier thème, aider à gérer et à utiliser les données et informations du site.

 

La fistule :

Le mythe de l’incurabilité est désormais du passé selon le  Professeur Kalilou Ouattara ,  Chef du service d’urologie et de l’unité de traitement de l’hôpital du Point G et Coordinateur national du traitement chirurgical des malades de la fistule et de la formation en chirurgie de la fistule.

 

Pour le professeur, la fistule est une série de lésions qui vont des moins graves, sous entendu des petites lésions aux grandes lésions qui sont des délabrements uro-génitaux. En fait le critère de la gravité, c’est la destruction du col vésical et de l’urètre  de la femme avec lésions de l’appareil Sphinctérien (qui permet à chaque individu de contrôler les urines, de ne pas les perdre)

Heureusement ces derniers temps avec l’amélioration de la prise en charge des femmes en accouchement, les cas graves de fistule ont diminué et ne représentent que 10 à 15% dans les séries, contrairement aux cas chirurgicalement abordables et guérissables qui représentent 85 à 90%. Donc, les résultats de la chirurgie aujourd’hui en terme de guérison atteignent 90%.

 

Dans les cas difficiles on arrive à fermer les fistules, à reconstituer l’urètre et c’est le problème de la contenance de l’urine qui se pose. Et même là, la situation peut être bien améliorée par le port d’une sonde vésicale. C’est l’utilisation d’en fin de suture chirurgicale spéciale à la réabsorption lente par exemple : le vicryl qui a révolutionné les résultats du traitement, qui pour les équipes bien entraînées doit atteindre les 90%.

 

Le mythe de l’échec du traitement de la fistule était lié au fil qu’on utilisait à l’époque : le Catgut qui ne tenait pas au contact de l’urine, de l’infection et parfois des deux..

Aujourd’hui, toutes les équipes connaissent un fort taux de guérison et plusieurs femmes opérées de fistules ont pu réintégrer la société et reprendre une vie sexuelle voire procréer, donc, le mythe de l’incurabilité de la fistule est du passé et qui veut s’en convaincre peut rapprocher Entrahealth-Mali qui donnera les preuves à partir de l’expérience de Gao.

Justement, pour le cas de GAO, nous avons rencontré le Docteur Bintou Tine Traoré

                                            

LES REACTIONS :

Dr Bintou Tine Traoré : point focal de la fistule obstétricale

Ma mission, c’est d’avoir les résultats des activités menées sur l’étendue du territoire national. Ensuite, nous analysons les données pour voir la prévalence de cette affection au Mali. Nous avons élaboré une stratégie nationale de prévention et de prise en charge dans laquelle tous les acteurs se retrouvent. Puisque nous parlons de la gratuité des soins, il est extrêmement important de connaître le nombre de fistules enregistrées par an, sans cela le Ministère de la santé ne peut pas agir raisonnablement.

 

J’ai personnellement eu à guérir beaucoup de patientes à Ségou jusqu’à 80% quand j’étais la Coordinatrice du projet IAMANNEH/ MALI financé par IAMANNEH/ SUISSE.

 

Dr. Sitan Millimono : chargée de programme Engenderhealth, Bureau de Guinée.

Comment se présente la situation en Guinée ?

Selon le Dr Millimono, on peut guérir la fistule par intervention chirurgicale, des cas ont été guéris et des femmes ont par la suite eu des enfants.

 

Le rejet de la femme par la communauté alors que la communauté elle même n’a pas la bonne information cela relève de l’ignorance. La femme est aussi considérée dans nos sociétés comme sorcière, infidèle atteinte d’une maladie honteuse à cause des odeurs qu’elle dégage et pourtant, la fistule guérie.

 

Les fistules simples sont soignées en 14 jours et les fistules compliquées en 21 jours.

Je suis venue de Conakry appuyer l’équipe Intrahealth pour la formation des superviseurs des sites de réparation des fistules. Les sites sont : Point G, Ségou, Mopti et Gao.

 

Mieko Mckay

Chef de Programme de Fistula Care à New York aux Etats-Unis d’Amérique

Je ne suis pas médecin, je travaille dans le domaine de la santé publique pour l’ONG Engenderhealth aux Etats-Unis d’Amérique. Nous avons le Projet fistules/Care dans 12 pays du  monde  notamment en Afrique et au Bangladesh, notre projet est financé à 100% par l’USAID. Au Mali le projet dure 5 ans : 2007- 2012).

 

Les missions :

Notre mission est de traiter la fistule, faire la prévention auprès des femmes, favoriser les conditions de la réinsertion. Pour ça, on travaille avec les ONG locales telles que Delta Survie à Mopti et Greffa à Gao.

Dans le domaine des traitements, on forme les médecins et leurs équipes chirurgicales qui sont entre autres des infirmières, les anesthésistes, les sages femmes. On donne les équipements pour la salle d’opération, les coûts pour les patientes c’est à dire la prise en charge avec nourriture. Le budget 2010 s’élève à 750 000$.

 

Dr. Demba Traoré :

 Coordinateur de Fistula care, projet basé à Gao.

 

Ce projet appuie prioritairement le site de Gao parce que quand on commençait, en prenant  en charge les fistules, seul Gao n’avait pas de partenaire. On avait un seul  projet à Gao  du nom de Capacity Project/ qui fournissait des ressources humaines pour le Nord Mali.

Autre raison, Gao est l’une des régions beaucoup plus touchées en terme de prévalence et de fréquence de la fistule.

 

La difficulté résidait également dans l’acheminement des femmes atteintes à Bamako, le coûte étant très élevé pour les malades.

Aussi, l’engagement des autorités pour accompagner les femmes est une des raisons pour le choix du Nord.

 

Contrairement à certains partenaires qui opéraient et laissait derrière eux les malades, nous avons choisi de former les chirurgiens pour les petites fistules et les infirmiers  qui feront le suivi tout en assurant la pérennité.

 

 De mars 2009 à juin 2010, nous avons organisé 5 campagnes et opéré 136 femmes à Gao uniquement, avec 90% du taux de réussite.

 

Durant le processus, des chirurgiens sont formés pour les petites fistules ainsi que des infirmières en suivi préopératoire.

 

En dehors de cela, nous avons formé une  soixantaine de femmes pour les prestations dans ce sens.

Prévenir vaut mieux que guérir, on forme le personnel des Districts sanitaires de la Région et des centres de santé communautaires sur la prévention des fistules à l’accouchement.

 

Un autre aspect, la prévention primaire auprès des Maire, les élus locaux, les préfets etc.

Les causes : le mariage précoce, il faut faire la prévention prénatale pour éviter tout cela.

Je suis comblé de ce qui est entrain d’être fait. Je suis fier de pouvoir donner le sourire à nos sœurs qui sont guéries, mariées et qui sont devenues des mamans avec leur bébé au dos.

 

Aussi notre projet a contribué à faire connaître  la problématique de la fistule. Nous souhaitons qu’à l’avenir que la fistule soit intégrée aux activités du ministère de la santé.


YOUSSOUF DABO

 

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