Santé : Une matinée à l’Hôpital du Mali

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A l’Hôpital du Mali où les circonstances nous ont fait passer une matinée, le bon côtoie le moins bon.

Une vue de l’hôpital du Mali

 

L’Hôpital du Mali est un cadeau d’anniversaire qui nous a été offert par la République populaire de Chine en 2010 à l’occasion du cinquantenaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale.

Il est situé à Missabougou, non loin du 3e pont de Bamako. La première fois que le visiteur y débarque, il a l’impression d’être à Pékin tant le cadre est assaini et dépourvu des protocoles qu’on rencontre ailleurs. On y rentre paisiblement sans contraintes à part les indications qu’il faut respecter.

Ce mardi 16 octobre 2012 nous y étions pour voir un médecin chinois (oui, les Chinois sont vraiment des as de la médecine). Il faut dire qu’en plus du bâtiment, la Chine nous a aussi gratifiés de ses médecins et même d’une pharmacie. Les mardis (et les mercredis paraît-il) sont les jours de consultation des médecins chinois.

La procédure est simple, le patient prend un ticket qui lui donne droit non seulement à la consultation, mais aussi aux médicaments prescrits. A l’entrée, vous avez les guichets à votre gauche. Vous verrez aussi les patients assis dans un hall qui sert de salle d’attente. Les gens circulent aussi dans tous les sens, surtout les porteurs de blouses.

Au premier étage, un autre hall servant de salle d’attente pour les patients. Chacun se fait enregistrer auprès d’une secrétaire et patiente. A 8 h, c’est le début des consultations. Assis, des médecins chinois passent pour regagner leurs bureaux. Certains peuvent s’amuser en esquissant du Bambara avec les patients. C’est beau tout ça !

Dans ce hall d’attente en ce mardi, nous avons été surpris par l’arrivée d’un groupe de confrères de la presse écrite aux environs de 9 h. Nous avons cru qu’ils venaient aussi se faire consulter. Mais non, ils étaient à la recherche du “na” (la sauce si vous voulez). Le jargon est propre à nous journalistes seulement.

Après les salamalecs d’usage, nous avons été étonnés qu’ils nous disent qu’ils sont là pour une conférence de presse. Nous avons voulu évidemment leur dire de me donner déjà la “liste” pour m’inscrire, surtout en cette veille de fête de mouton que nous n’avons pas encore eu. Renseignements pris, la conférence concernait certes l’Hôpital du Mali, mais se tenait plutôt au stade 26-Mars. Et les journalistes ne pouvaient que prendre leurs jambes à leur cou.

Entre-temps, c’est un taxi qui s’arrête devant la porte intérieure de l’Hôpital. Des gens sortent pour porter un malade paralysé. Le patient ne faisait que lancer des cris de douleurs attirant ainsi tous les regards sur lui. Descendu du taxi le patient (la cinquantaine révolue) est transféré dans une bicyclette très petite en vue de monter les escaliers, les salles de consultation étant à l’étage. Là aussi c’était sur fond de cris de détresse. Arrivé à l’étage, il prend place dans la grande salle d’attente. A peine parvenait-il à se tenir dans la chaise et les accompagnateurs étaient là tout prévenants.

Tout à coup, le patient fond en larmes et entraîne avec lui tous ses accompagnateurs. Bizarrement, lui-même qui est en larmes, invitent ses accompagnateurs à ne pas pleurer en rassurant que le mal sera guéri.

Les accompagnateurs aussi en larmes invitaient le patient à ne pas pleurer et que tout devrait aller bien. La scène était pathétique et rares sont les autres patients qui n’ont pas été entrainés dans le train-train en écrasant des larmes.

C’est ça aussi nos hôpitaux. Ils ont leurs réalités que le commun des mortels ignore.

Abdoulaye Diakité

 

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