Lutte contre la drogue : le Mali passe du statut de pays de transit à celui de consommateur de drogues

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L’office central des stupéfiants en partenariat avec l’office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) organise un atelier de mutualisation des stratégies, de partage d’information et des meilleures pratiques en matière de lutte contre la drogue au Mali.

Premier du genre, cet atelier regroupe pendant deux jours l’ensemble des services de répression, de contrôle, de réglementation, de prise en charge ainsi que les organisations de la société civile du Mali. Il a pour objectif de débattre des problématiques liées aux échanges d’informations entre acteurs, à la coordination opérationnelle des activités de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants, à la prévention ainsi qu’à la prise en charge des toxicodépendants en vue d’y apporter des réponses appropriées.

La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Salif Traoré. C’était le lundi 12 décembre 2016 à l’hôtel Azalaï Salam, en présence du ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté ; du coordinateur régional du programme de l’office des Nations-Unies contre la drogue et le crime, Cheikh Touré, et du directeur de l’office central des stupéfiants, Adama Tounkara.

Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Salif Traoré, a rappelé que cet atelier résulte d’un diagnostic général de l’état de la lutte contre la drogue au Mali, qui se caractérise par une multiplicité d’acteurs et un déficit d’échange d’informations entre ceux-ci. Cette situation, dit-il, entraîne une dispersion d’efforts en termes de ressources humaines et financières. Ce qui est souvent exploitée par les narcotrafiquants pour mener tranquillement leurs activités illicites.

Conscient de cet état de fait, Salif Traoré a ajouté que le gouvernement du Mali œuvre depuis 2010 à réorganiser l’architecture juridique et institutionnelle pour mettre en place un cadre de lutte plus efficace et mieux coordonné en vue de faire face aux énormes défis du fléau. Selon lui, l’abus et le trafic illicite des drogues ont des impacts négatifs sur la santé, l’économie, la sécurité et la bonne gouvernance. Et de poursuivre : «il est indispensable que les services de répression du trafic de drogues aient désormais la même lecture de la coordination et de son importance, car la professionnalisation dans le trafic illicite de drogues, la capacité d’adaptation des trafiquants et les enjeux financiers liés à ces activités imposent plus que jamais que les réponses à cette forme de criminalité soient en harmonie».

Parlant des conséquences médico-sociales causées par l’usage des drogues, Salif Traoré a révélé que, selon une étude réalisée en juillet 2015 par Arcad-Sida, sur un échantillonnage de 500 utilisateurs des drogues par injection, 2% sont contaminés par le VIH/Sida, 15% de l’hépatite B et 3% de l’hépatite C, avec un fort taux de contamination des femmes. Pour réduire les conséquences de l’usage des stupéfiants, le gouvernement du Mali compte sur l’implication active des organisations de la société civile et des médias, à travers des actions de sensibilisation et d’information de la population, particulièrement les couches vulnérables, a-t-il déclaré.

 Proportion inquiétante de la consommation…

Selon le directeur général de l’office central des stupéfiants, Adama Tounkara, si le Mali était considéré comme pays de transit des drogues dans un passé récent, il est de plus en plus cité parmi les pays où le trafic et la consommation prennent une proportion inquiétante. Il dira que les différentes saisies de drogues effectuées illustrent parfaitement l’ampleur de ce phénomène. De 2014 à nos jours, plus de 9 kg de cocaïne, 12 kg de méthamphétamine, 10 tonnes de cannabis et une centaine de kg de substances psychotropes ont été saisis par les services chargés de la lutte contre la drogue. Il paraît opportun, pour Adama Tounkara, de créer aujourd’hui une synergie entre les différents acteurs pour mieux faire face à ce défi, car la lutte contre la drogue est une activité souterraine qui nécessite un énorme travail d’information et de renseignement.

Pour sa part, le coordinateur du programme de l’office des Nations unies contre la drogue et le crime, Cheikh Touré, a rappelé que le programme régional 2016-2010 de son organisation, dans la même lancée que le plan d’action de la Cédéao, veut contribuer à la promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance ainsi que la sécurité humaine, en soutenant les efforts des Etats, des organisations régionales et de la société civile, pour répondre à l’évolution des menaces. Selon lui, ce nouveau plan d’action de la Cédéao 2016-2020, adopté le 5 septembre 2016, est à inscrire dans cette démarche cohérente de consolidation des acquis et des engagements collectifs.

 Diango COULIBALY

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