Conflits intercommunautaires : Mahmoud Dicko abjure sa foi en IBK

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Mahmoud Dicko, l´Imam qui prêche aussi Politique!
Mahmoud Dicko

A l’appel du Haut Conseil Islamique, la communauté musulmane du Mali a massivement convergé, hier dimanche au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah de Bamako, dans le cadre d’un meeting d’explication et de clarification sur l’évolution du pays. C’était l’occasion pour leur leader Mahmoud Dicko de se démarquer d’IBK à quelques encablures de la fin de son mandat  et de mettre fin à une lune miel entamée fortement décriée ces derniers temps dans certains milieux confessionnels.     

Pour la circonstance, le monde musulman du Mali a comme à ses habitudes singularisé par une exceptionnelle démonstration de sa capacité à mobiliser. Tous les coins et recoins du Palais ont refusé du monde comme pour dire que l’appel du président du Haut Conseil Islamique a été entendu dans tous les compartiments et ramifications de la faitière des associations islamiques du Mali. Il faut dire que le jeu en valait vraiment la chandelle d’autant que le rassemblement se fixait pour objectif de clarifier la position du monde islamique malien sur les récents incidents à Mopti, un sujet sur lequel un avant-gout avait servi la veille à travers des extrapolations dans les différentes mosquées de la capitale.

Abordant la question, le président du Haut Conseil, Mahmoud Dicko, a d’abord exprimé ses inquiétudes sur l’ampleur de la problématique intercommunautaire en recourant à des propos assez alarmistes. «A ce jour, il n’est pas indiqué de parler peulh dans certaines localités voire adopter un style vestimentaire adoptant le Pulaku», a-t-il lancé, en condamnant le phénomène et en interpelant le gouvernement sur les conflits entre communautés du même espace géographique.

Le président du Haut Conseil Islamique du Mali n’a pas omis de pointer du doigt la montée en puissance de l’insécurité et de demander à l’Etat de s’assumer sur la question comme pour signifier que les autorités sont jusqu’ici en deçà des attentes et de la responsabilité que la situation leur impose. Et de renchérir en déclarant que tout s’est empiré dans le pays avec l’arrivée du nouveau régime car «trouver un métier, un gagne-pain ou s’insérer dans la société est devenu un parcours du combattant de nos jours».

L’une des flèches les plus virulentes du leader religieux a ciblé le Garde des Sceaux Me Konaté Ismaël que Mahmoud Dicko a qualifié d’espion en criant à la conspiration en ces termes : « Le Garde des sceaux a voulu nous diviser, moi et Haidara (patron de Ansardine, ndlr) au sujet de la question des MGF. Il était question d’avoir mon adhésion à la loi interdisant ces pratiques mais il a utilisé des discours différents entre moi et mon frère. Dieu merci, nous avons pu le comprendre in-extremis ».

La révélation du célèbre Imam a été accueillie à coups de haros et de cris exorcistes  par les nombreux fidèles musulmans ayant envahi le Palais de la Culture Amadou Hampathé Bâ, mais sa déception va bien au-delà et le Président de la République en a eu également pour compte. «On croyait en IBK quand il venait d’arriver au pouvoir mais la déception est grande», s’est confessé celui qui aura pesé de tout son poids sur l’issue de l’élection présidentielle de 2013. Des propos qui laissent pour moins entendre un penchant pour l’alternance de celui qui affirme apporter son aide aux autorités pour un Mali digne. Il n’en fallait pas plus, en tout cas, pour que ses ‘’militants’’ jouent le jeu en clamant à l’unissons que le peuple a été trahi au sommet de l’Etat.

Mahmoud Dicko en a aussi profité pour tirer au clair la polémique et les supputations d’une immixtion flagrante du religieux dans la politique. Tout en s’assumant par rapport à la politisation de ses positions de plus en plus tranchées depuis quelques temps, le leader religieux a sans ambages déclaré haut et fort qu’il préfère désormais dénoncer et agir que d’observer le déclin de la société malienne qui aura cumulé énormément de vices et de mauvaises publicités ces 3 dernières années. Une posture, selon toute évidence, qui laisse entendre qu’une prétention présidentielle n’est pas à balayée d’un revers de mains du côté de Mahmoud Dicko.

Quoi qu’il en soi, le meeting du Palais de la Culture aura sonné une abjuration de foi politique de la part d’un leader religieux qui s’est toujours distingué par un penchant ostensible pour le pouvoir actuel et un rôle prépondérant dans son avènement. A un point t(el que le président de la République a pu déclarer, dans le sillage du congrès de réélection de Mahmoud Dicko au sommet du HCIM, que c’est aux religieux qu’il doit son fauteuil de président et qu’il y restera tant qu’il continuera de bénéficier de leur soutien. Il parait évident aujourd’hui que le soutien confessionnel n’est plus un acquis mais les Maliens n’ont aucune raison de se laisser entrainer dans la volte-face de leaders religieux qui admettent les avoir abusés par le choix de la vague IBK.

Idrissa KEÏTA

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4 COMMENTAIRES

  1. Si j etais au Mali j allais sacrifié ma vie pour eliminer ce vieux de merde fils de pute soit disant musulman . je sais pas pourquoi les jeunes qui veulent le develppement de ce pays attendent .

  2. voilà ,vous avez mis les religieux sur la scène politique en les faisant croire sans eux vous ne serez rien.Depuis le coup d’état Dicko voulait le poste de président ou premier ministre et en 2018 il sera candidat.C’est le debut de sa campagne.Epargnez les religieux de la vie politique.Dicko est dangereux.

    • La religion n’est pas simplement l’adoration mais un mode de vie. Comme tel, l’Etat doit tenir compte du point de vue des cultures religieuses en place dans le Pays pour légiférer et prendre en compte les besoins des populations selon leur culture religieuse. En somme l’Etat pour être fort doit intégrer ces dimensions culturelles pour que les leaders religieux soient des simples citoyens comme les autres. Sinon, c’est l’Etat (occidental) et les populations maliennes musulmanes ou chrétiennes. Simplement dit, notre Etat doit coller à nos réalités culturelles pour que les populations s’y reconnaissent. Etat laïc, démocratique, etc. représente des pensées et modes de vie d’ailleurs. Même si c’est bien, cela ne colle pas à la pensée culturelle de chez nous. Le politicien qui comprendra cela et l’intègre, aura tout le monde; y compris les religieux qui n’auront du reste aucun poids si ce n’est de dire ce que dit Dieu.

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