Marche d’esclaves en Libye : La politique xénophobe de l’UE éclate au grand jour

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Migration

L’Union européenne n’est pas étrangère à ce qui se passe en Libye. Elle a fait de ce pays un terminus infernal pour les migrants de l’Afrique subsaharienne en s’alliant  avec des groupes djihadistes qui partagent le territoire libyen depuis l’assassinat ciblé de Mouammar Kadhafi par l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

Après le sommet de la Valette, tenu, en novembre 2015, en Italie, le sort des Africains qui tentaient de gagner l’Europe via la Libye était scellé. Les présidents malien et nigérien, qui avaient participé à cette rencontre internationale et dont les pays sont des zones de transit de migrants, ont accepté sans détour que les frontières de l’Europe se déplacent dans leurs pays respectifs.

Ainsi, au Niger, Agadez, ville située en plein cœur du Sahara, a été retenu contre des milliards de francs CFA pour la construction d’un centre d’accueil afin  d’arrêter et de renvoyer les migrants dans leurs pays d’origine.

Au Mali, à la frontière du Burkina Faso, des postes ont été érigés pour traquer les migrants. Ces mêmes postes se trouvent renforcés sur la route de Gao, ville malienne de transit des émigrés en direction de l’Algérie et de la Libye. Ce fonds aura servi, dit-on, du côté du ministère des Maliens de l’Extérieur, à financer des projets d’insertion des migrants dans la vie socioéconomique.

Ces deux (02) pays, pour la petite histoire, ont bénéficié du fonds fiduciaire estimé à plus de 2 milliards d’euros. Il est à rappeler que l’Union européenne (UE) et ses membres ont créé, en 2015, le fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique en vue de promouvoir la stabilité et les perspectives économiques, et de renforcer la résilience. Et dès lors, le Mali et le Niger puisent dans ce fonds pour surveiller les frontières européennes déplacées dans ces deux pays.

Ce qui se passe présentement en Libye viole d’ailleurs l’esprit de toutes les organisations qui se sont engagées dans la défense des droits de l’homme, en l’occurrence la Charte de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui condamne l’esclavage et le considère comme un crime contre l’humanité. Même les dirigeants africains et européens, réunis à Valette en Italie, en 2015, autour de la question migratoire, ont, dans leur déclaration politique, accordé un traitement humain aux migrants. Le point 5 de ladite déclaration est, on ne peut plus, clair: «prévenir la migration irrégulière, le trafic de migrants et la traite des êtres humains et lutter contre ces phénomènes».

La violation de ce point 5 de la déclaration politique des dirigeants au sommet de Valette ne doit guère surprendre tous ceux qui s’intéressent à l’actualité des migrants. L’Union européenne (UE) ne manque pas de stratégies pour bloquer les migrants en Libye. Elle a signé à l’initiative de l’Italie un accord avec le président du gouvernement d’union nationale, Faiez Serrajet le Premier ministre pour qu’ils bloquent les départs de migrants.

Dans cet accord diabolique, l’Europe fournit du matériel, des fonds et de l’entraînement. En échange, les garde-côtes libyens empêchent les départs, récupèrent les embarcations en eaux libyennes et ramènent les migrants sur la côte pour les conduire dans des centres de rétention. Ces mesures nazies prises par l’UE ne pouvaient que déboucher sur la création d’un marché d’esclaves. Les migrants, une fois arrivés dans les centres de détention sont désormais à la merci des gens sans foi ni loi.

Le marché d’esclaves ainsi créé en Libye avec l’argent de l’Union européenne étale au grand jour la politique xénophobe des Européens envers les Noirs. Ils ont toujours mis la couleur dans le traitement des migrants. Qui ne se souvient pas de l’ouverture des frontières européennes, en 2016, aux réfugiés syriens. Et au même moment où ceux-ci bénéficiaient de toutes les faveurs de la part des dirigeants européens, les Noirs étaient jetés dans la Méditerranée par les garde-côtes italiens avec la bénédiction de l’UE, arrêtés et torturés à mort dans les prisons libyennes.

Il a fallu ce reportage de la chaîne américaine CNN, le 14 novembre 2017, pour que l’ONU sorte de son silence face à la discrimination que subissent tous les jours les Noirs dans les pays des hommes de peau blanche. Le Haut- Commissaire des Nations unies aux Droits de l’homme, Zeid Raad Al-Hussein, face à l’honneur, a dénoncé l’accord européen, qui selon lui, consiste à financer les garde-côtes libyens pour qu’ils  bloquent les routes migratoires. Ces garde- côtes libyens ne sont autres que des djihadistes, terroristes et narcotrafiquants qui contrôlent leurs zones d’influence dans un pays déchiré par des guerres qui opposent les différentes  tribus libyennes depuis l’assassinat crapuleux, le 20 octobre 2011, par le présent français de l’époque Nicolas Sarkozy.

La déclaration de Zeid Raad Al-Hussein a touché du doigt le caractère raciste de l’accord de l’UE signé avec la Libye, pays dans lequel les Noirs subissent toutes sortes d’humiliations. Les responsables européens, à l’initiative de ce chiffon de papier, doivent être conscients du rôle négatif qu’ils ont joué dans la création d’un marché de migrants noirs.

Il se pourrait que l’Europe ait mise en place cet autre mécanisme pour financer le terrorisme et le djihadisme. Le temps nous le dira.

Yoro SOW

 

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