Madame Rokia Doumbia mendiante à Bamako : « On s’occupe plus des ordures que de nous »

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Originaire de Djoïla et âgée d’environ 60 ans, Madame Rokia Doumbia,  paralysée depuis  sa tendre enfance, est actuellement mendiante sans abri à Bamako. 

 

 

Devant le Grand Hôtel où nous l’avons rencontrée, elle a accepté de nous parler de sa vie.

« Je suis Rokia Doumbia, je viens de Djoïla. Je suis paralysée depuis l’enfance. A cela, s’est ajouté une gangrène au niveau de mon pied. Cette plaie me ronge depuis des années. Je suis à Bamako depuis 4 ans. J’y étais venue pour me faire soigner.  Mais, faute de moyens,  j’ai  interrompu le traitement. Or, chaque jour, cette plaie s’infecte davantage.

 

 

Comme, je n’ai ni soutien, ni d’autre espoir, je me suis vue dans l’obligation de mendier et rester à Bamako, tout en espérant qu’un jour, une bonne volonté veuille bien m’aider.

 

 

Quand j’ai commencé à mendier, je me trainais sur les mains  et les genoux sur le goudron chaud. Je me faufilais entre les voitures sous le chaud soleil.

Un jour, pendant que je faisais mon travail, une grosse voiture s’est garée à coté de moi et le conducteur m’a demandé, s’il pouvait m’offrir un fauteuil roulant.

 

 

Je lui ai répondu oui. Il sortit de sa voiture et a ouvert le coffre, pour m’offrir ce fauteuil roulant dans lequel je suis assise présentement.

Depuis, je me déplace  plus facilement, avec la possibilité de prendre moins de risque de me faire écraser.

La vie de mendiant à Bamako n’est pas facile. Ce que je gagne actuellement (par jour) me permet juste de me nourrir. Souvent, quand tout va bien (surtout les vendredis), je peux gagner jusqu’à 750 F CFA, sinon, je termine la journée avec  500 F CFA voire même 100 F CFA.

J’habite depuis 4 ans dans la rue comme beaucoup d’autres…

Du matin au soir, je suis devant le Grand Hôtel de Bamako et le soir, je pars au niveau du marché,  plus précisément au « Vox- Souda ».

Là-bas, il y a un grand immeuble et, c’est en dessous de ce bâtiment que je dors en compagnie de plusieurs autres mendiants.

On y attache des sachets plastiques pour amoindrir l’effet du froid, et on dort entassés les uns sur les autres.

Ce qui est plus dur encore, c’est quand il pleut. Dans ce cas, on ne peut pas dormir, parce qu’il y a de l’eau partout.

Certaines personnes pensent que mendier, c’est quelque chose de déshonorant et de malsain. Mais, pour nous qui faisons ce travail (parce que pour moi, mendier, c’est travailler), nous n’avons pas le temps de voir ces aspects là.

Tout le monde n’a pas les mêmes chances dans la vie. Et, on ne sait pas ce que Dieu nous réserve. Donc, que les  gens arrêtent de nous agresser ou de nous insulter.

Ils peuvent se rapprocher de nous  (comme vous par exemple) pour savoir ce qui nous pousse à mendier.

Ils nous disent également, ces gens, qu’on peut aller travailler. Allah Akbar ! Regarde-moi, est-ce que tu penses que, quelqu’un accepterait de me donner du travail dans cet état ?

Ils disent aussi, qu’on peut créer de petits commerce nous-mêmes, nous les mendiants. Est-ce que tu penses que quelqu’un viendrait payer quelque chose que je vends,  sans se poser des questions ?

Par ailleurs nous entendons ce que les gens pensent de nous. Mais, Dieu est grand !  (NDLR : elle éclate en sanglots).

Je vous signale que j’ai aussi des enfants, lesquels viennent d’ailleurs, me rendre visite de temps en temps. Mais,  puisque, je suis sans abri, et mendiante, ils repartent le même jour.

J’ai de grandes filles qui sont mariées. Mais, quand on vit tous dans une extrême pauvreté, on ne peut reprocher à tel ou tel de ne pas venir à notre secours.

Je n’en veux donc pas à mes enfants. Je sais que, tous ils m’aiment.

Ce qui m’écœure cependant, c’est que, dans ce pays, on s’occupe plus des ordures que des mendiants.

Aussi, nos hautes élaborent  très souvent élaborent des projets  dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Mais, a-t-on déjà vu une leurs actions orientées vers les mendiants ?

Si nous sommes dans la rue, c’est parce que personne ne nous soutient. »

 

                                                                                                                      Propos recueillis par Rokya Berthé.

Commentaires via Facebook :

8 COMMENTAIRES

  1. Histoire émouvante mais elle peut bien retourner à Dioïla non?Labas au
    moins elle sera intégrée sauf si elle a commis des gaffes làbas aussi!
    Que dieu aide chacun d’entre nous. 😉

  2. 🙄 🙄 🙄 ,pourquoi ses filles,ne viennent pas chercher leur mére,et s’occuper d’elle,ou bien????????????????, 😯 😯 ❓ ❓

  3. 🙄 🙄 🙄 ,pourquoi ses filles,ne viennent pas chercher leur mére,et s’occuper d’elle,ou bien????????????????, 😯 😯

  4. Qu’est ce que l’Etat fait pour endiguer le problème?
    Je pense que c’est à cette question que nous devons répondre. D’ailleurs la bonne dame a raison quand elle dit que tous les jours les projets sont montés pour lutter contre la pauvreté. Qui sont les pauvres concernés par ces projets? Très souvent c’est l’affaire des plus riches de notre pays c’est à dire les fonctionnaires milliardaires et les hommes politiques sans vergognes.
    Je trouve que la journaliste pose un vrai problème de société. Donc au lieu de proposer des solutions, nous trouvons le moyen de manquer de respect à la bonne dame. Imaginer que cette dame est malade depuis son jeune âge. Elle n’a pas eu les moyens de se soigner. Alors que chaque jour des hauts fonctionnaires font sortir de grosses sommes des caisses du trésor public pour la prise en charge des cas de ce genre. Au lieu que l’argent soit utilisé pour la cause, il est détourné pour se faire construire sa maison, acheter une grosse voiture ou envoyer ses enfants pour étudier à l’extérieur.
    Certes ces personnes sont gênantes mais nous ne pouvons pas les empêcher de cohabiter avec nous tant que nous ne mettons sur pied un véritable programme de lutte contre la pauvreté.
    A bon entendeur, Salut!

  5. MME ROKIA BERTHE EN BON JOURNALISTE TROUVE UNE SOLUTION POUR QUE LES AUTORITES NOUS DEBARRASSE DE CETTE RACAILLE.
    POUR LES FEMMES MENDIANTES ELLES SONT MAUVAISES SINON DANS NOTRE SOCIETE SOLIDAIRE ELLES NE DOIVENT PAS SE TROUVER DANS LA RUE POUR MENDIER SINON UNE BONNE VOLONTE ALLAIT S OCCUPER D ELLE
    LA MENDICITE EST DEVENU UN METIER LA RECETTE JOURNALIERE AVOISINE LES 3000 FCFA.
    LES AUTORITES DOIVENT ENVOYER LA POLICE POUR LES RAFLER

  6. Madame il faut ne faut pas dédouaner tes enfants de ta souffrance c’est eux qui doivent te prendre en charge, tu les a faite pour quoi ci tu n’avais pas d’enfant on pouvais comprendre.IL faut aller chez t’est enfants.IL y a plus pauvre que toi. Ceux qui ont pas enfant ceux qu’ont doit aider mais pas toi.

  7. Ces grandes filles qui sont marriees doivent avoir la conscience pour prendre luer mere de la rue, Avoir une mere c’est savoir prendre soin d’elle, je regrette que ces grandes filles l’ont abandonnee dans la rue, elles manquent de responsabilite et ont fui leur devoir d’enfants

  8. J’aimerai vous dire que c’est émouvant…mais non.La mendicité n’est pas un metier encore moins une fatalité.C’est un choix qu’on fait.Cette dame admet avoir une famille:elle vient de Dioila et a de grands enfants,etc.Sa place n’est pas forcément dans la rue.En plus la mendicité n’est pas une pratique a encourager,elle est à bannir de nos jours.Au Mali nous sommes tous pauvres mais pas pour autant tous mendiants.that’s all!

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