Quand les enfants font des enfants : Tabou mais une réalité !

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De plus en plus de mineures tombent enceintes. La Plupart des adolescentes gardent leurs enfants et de nombreux jeunes papas acceptent d’assumer leurs responsabilités. Mais,  ces enfants savent-ils ce qui les attend ?

L’ampleur du phénomène, la récurrence des cas de grossesses précoces et leur corollaire de conséquences néfastes, nous ont poussés à nous intéresser  sur ce sujet.

 

Cependant, la région de Kayes et plus particulièrement la Ville de Kayes est une particularité. Dans la cité  des Rails, certaines filles sont mèresà l’âge de 14 ans ou moins. Hélas !, les conséquences sont lourdes et tournent souvent au drame. À cet âge,certaines subissent une césarienne dont elles peuvent en mourir, d’autres sont exclues de la maison familiale ou tout simplement elles abandonnent l’école.  Les jeunes filles sont devenues des proies faciles. Qui sont les responsables ? Une situation alarmante qui nous oblige à demander si une éducation sexuelle n’estpas nécessaire dans notre société. 

 

A Kayes, de plus en plus des mineures tombent enceintes. Elles sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes, ces enfants qui font des enfants. La plupart d’entre elles, n’ont pas dépassé l’âge mineur.

Ici, dans la cité des Rails, l’univers est cauchemardesque. Comme si les filles rivalisaient d’ardeur pour faire des enfants, sans se soucier de leur santé et de leur lendemain.

« Ton père va te tuer ! ». Cette phrase généralement prononcée à l’intention des jeunes filles victimes d’un côté de la langue « mielleuse » des garçons d’aujourd’hui et de l’autre côté entrainées par le courant violent de la « civilisation » qui est malheureusement définie comme la capacité d’adaptation à l’exhibitionnisme démesuré et la fréquentation des boîtes de nuits, des bars, restaurants qui se terminent généralement dans les motels ou les chambres de « passes ».

Les jeunes filles « mères » sont de plus en plus fréquentes  à Kayes. Voir une jeune fille enceinte n’étonne plus personne qu’elle soit une sœur, une amie ou une voisine etc.

 

Si avoir un enfant hors du mariage est mal vu, que pensent celles qui en sont victimes ?

Melle Fanta. C nous apprend «  je voulais que mon copain me marie, c’est pourquoi je me donnais à lui à tout moment qu’il désirait. Avoir un enfant de lui était pour moi le moyen le plus sûr pour qu’il se décide. Malheureusement tel n’est pas le cas car, quand j’ai eu l’enfant,il m’a totalement abandonné  ».

D’autres témoignages montrent que ce n’est pas toujours prémédité. Le cas de cette jeune fille qui se retrouve enceinte en classe de 8ème année, pendant qu’elle est venue étudier chez son oncle,est un cas frappant. « C’est l’ami de mon cousin qui venait fréquemment à la maison qui me faisait des propositions de sorties. Quand j’ai accepté pour la 1ère fois, il me disait de ne pas avoir peur. Dès lors, il m’amenait fréquemment.Souvent il me demandait de chômer les cours et il venait me chercher à la porte de mon école. A ma grande surprise, je constatais que j’étais enceinte. Je me suis dit quand mon oncle apprendrait que je suis enceinte, il va me tuer. Quand il a su, sa première réaction était de me dire d’aller accoucher ce fils de chien…. dehors (avec des larmes aux yeux). C’est ainsi qu’il m’a renvoyée de chez lui. Il a fallu attendre plus de 4 mois et après plusieurs interventions pour qu’il accepte que je revienne à la maison. »

 

Dégradation des mœurs

Dans la société traditionnelle, l’idéal de la virginité et du mariage emmenait les parents à marier leurs filles à bas âge. La société urbaine moderne, avec toutes ses contraintes, et valeurs, laisse à la fille l’opportunité de développer tous ses talents au même titre que le garçon.

Pour être mieux imprégner du sujet, nous avons pu contacter monsieur AmedDabo, Directeur d’une des écoles de la place. Avec des exemples frappants, M. Dabo nous a parlé de cette situation  désolante  qui sévit actuellement dansnotre société : «  Pour être plus concret, cette année 2011,  quatre de mes écolières sont tombées enceintes. Une chose qui m’a fait très mal. Et ce n’était  pas le 1er cas, car je me rappelle en 2008 une de mes élèves en 7ème, moins de 14 ans et 1ère  de sa classe tombait, malheureusement enceinte. Donc de 2008 jusqu’à 2011 le cas va crescendo. C’est une situation très désolante à mon avis ».

Pour monsieur Dabo, les causes sont multiples :« Primo il y a le sens même de l’éducation qu’il faut revoir. Nous avons vraiment perdu l’éducation en ce moment. Secundo, il y a le manque de responsabilité des parents.  Il faut reconnaître là que les parents ont démissionnée totalement de l’éducation de leurs enfants. Dans le temps les parents éduquaient leurs enfants, même dans la pauvreté la plus grande, il y avait la dignité. Présentement, tel n’est pas le cas, les enfants sont laissés à eux-mêmes ».

« Il y a la dépravation des mœurs, continue-t-il, qui sont colportées ailleurs avec la mondialisation et aussi les médias. Jusqu’à  un passé récent, nos filles s’habillaient décemment, mais présentement, elles s’habillent très mal avec des habits transparents qui touchent même la morale de l’individu ».

La maternité précoce entraîne des conséquences lourdes aussi bien pour la fille que pour sa progéniture

Ainsi, des filles issues de milieux défavorisés, portent des habits de valeurs ou possèdent des motocyclettes dénommées « mon copain est capable. », sans que personne de leur entourage ne s’en émeuve. La maternité ou la paternité précoce entraîne des conséquences lourdes et sérieuses pour la vie et la santé de la mère et de l’enfant. La littérature fait mention d’isolement social, d’habitudes de vie déficientes, de sous-scolarisation et de déscolarisation, de mauvais traitements, de stress et de dépression chez les mères adolescentes…

Aussi, les risques d’insuffisance de poids à la naissance, de prématurité et de complications médicales chez les enfants nés de mères adolescentes sont plus élevés selon des études qui ont porté sur ce sujet. Les abandons d’enfant ne sont pas du reste. Ils ont pour conséquences d’agir sur la psychologie des filles mères.

 

Des risques médicaux

 

La plupart des gynécologues rencontrés sont d’accord sur un point: le jeune âge des mères présente peu de risque médical supplémentaire; que ce soit pour la grossesse, l’accouchement ou pour l’enfant. Statistiquement, on pratique moins de césariennes chez les jeunes filles que chez les femmes plus âgées. Toutefois, la combinaison de facteurs psycho-sociaux, de problèmes relationnels au sein du couple ou de la famille, ou encore la peur de l’avenir de ces jeunes filles sont autant de facteurs qui peuvent entraîner des complications durant la grossesse.

Grand-mère ou Grand-père avant 40 ans ?

Dans notre société « grand père » et « grand-mère » se reconnaissaient d’abord et avant tout à travers leur physionomie. C’était le plus souvent des hommes et des femmes qui avaient perdu les caractères physiologiques de jeunesse, notamment la force et la vigueur. Ensuite, ils forçaient le respect, car dans leurs actes quotidiens, ils faisaient preuve de réflexion, de bon sens et de discernement. En d’autres termes, ils symbolisaient la sagesse et la mémoire collective de la société.

Aujourd’hui, constate-t-il, avec le phénomène inquiétant des adolescentes-mères, « grand-père » et « grand-mère » ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Leur inexpérience consécutive à leur jeune âge est en cause. « Désormais, il est fréquent de rencontrer des grand-mères et même des grands-pères qui ont moins de 40 ans », regrette ce sexagénaire qui plaide pour une meilleure sensibilisation.

 

Manque de sensibilisation 

Le manque d’informations est aussi l’un des problèmes des grossesses précoces. Beaucoup de jeunes ont du mal à faire le lien entre ce qu’ils apprennent en cours de biologie d’une part, et la réalité d’autre part. Ils sont très mal à l’aise lorsqu’on aborde le sujet de leur propre sexualité.

 

Oumar Dia


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