Suite aux incidents de Chiakabougou et de KOBADA : La coordination du réseau « Joko Ni Maaya » fait la genèse

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Dans un rapport dont une copie nous a été adressé, ces défenseurs des sans voix très connus et respectés pour leur travail professionnel puisque patriotes dans l’âme et tenez-vous bien, ils sont composés de cadres et non les moindres de toutes les catégories, les missionnaires ont été estomaqué par ce qu’ils ont pu voir, constaté et entendu sur le terrain. Lisez inex tenso ce compte-rendu inédit.

« Suite à la saisine du Réseau Joko Ni Maaya, le vendredi 11 juillet  2014 par le Maire Adjoint de Nouga, monsieur Sidiki CAMARA, il a été décidé d’envoyer une délégation sur les lieux pour s’enquérir de la situation exacte des populations des localités.
Ainsi, le samedi 12 juillet 2014, la délégation,  ci- après visée, a effectué une mission sur les sites via Sélingué.

Au titre du Réseau Jako Ni Maaya :
Seydou Idrissa Traoré, Coordinateur,
Mohamed Diatigui Diarra, Conseiller juridique et
Mamadou Diarra, Chargé d’organisation et de mobilisation sociale.
Au nombre des Journalistes :
Youssouf Z Keïta, Le Républicain,
Hamidou Cissé, Le Jour,
Abdoulaye Coulibaly, Le Combat et
Massiré Diop, L’indépendant.
Chauffeur : Adama Dembelé

1. EXPOSE DES FAITS.
Le permis d’exploitation de la société minière A.G.G couvre cinq (5) villages séculaires, des communes de Kaniogo et de Niouga. Ce permis, octroyé il y a seulement 12 ans n’a de surcroit jamais fait l’objet de réduction comme prévu par le code minier du 19 août 1999 en son article 34.
Incidents réguliers
Des incidents ont régulièrement opposés les populations des localités qui exploitent les places se trouvant sur leur « sol coutumier » et la société minière A.G.G. qui se présume propriétaire des lieux au motif qu’il détient un permis accordé formellement par les autorités nationales. De ce fait, elle accuse les orpailleurs  d’opérer illégalement sur un permis d’autrui, générant du coup la récurrence des remous.
Mise en place d’un système d’exploitation des placers
Les gendarmes en charge d’assurer la sécurité de l’usine dans une posture de déviance comportementale avérée ont mis en place, à leur propre niveau, un système pour exploiter les placers. C’est ainsi qu’ils perçoivent 10 000F par personne et par jour, 10 000F par détecteur et cracheur, 25 000F par camion benne et 25 000F par personne pour la nuit. Le même tarif de 10 000F est imposé au conducteur de tricycles qui transportent la matière brut des placers aux sites de lavage.
Légalisation de l’illégalité de l’orpaillage
Ce faisant, ils ont « légalisé » l’illégalité de l’orpaillage.
Cela a duré des années mais la cohabitation aidant et pour éviter les fréquents heurts entre les orpailleurs et la société minière les responsables de A.G.G. ont accepté que les populations exploitent mais d’une façon artisanale, les sites qu’elle occupe.
Forts de cette entente à l’amiable, les orpailleurs ont décidé de mettre fin au racket imposé par les gendarmes. Il semble que lors de sa visite le Gouverneur de Koulikoro aurait dit aux orpailleurs de ne plus verser quoi que ce soit à quiconque. Mieux, pour circonscrire toute velléité, le contingent de gendarmes fut remplacé. Hélas, c’était sans compter sur le fait que l’on avait à faire à un système qui existe sur tous les sites miniers, de Kayes à Kadiolo et qui ne se limite pas aux seuls gendarmes. Son extension touche en fait tous les agents publics locaux.
Ainsi, les gendarmes, après maintes négociations, auraient proposé que vaille que vaille, les orpailleurs leur versent quelque chose ne serait-ce que 2500F par personne et par jour. Forts de l’aval de la société minière, les orpailleurs ne l’entendaient pas de cette oreille. Aussi, les gendarmes qui percevaient quotidiennement, bon an mal an,  au bas mot, quatre (4) millions, auraient décidé de sévir pour «ramener  les orpailleurs à la raison».
Application de l’arrêté interministériel
C’est ainsi que le jeudi 3 juillet dernier, les gendarmes ont demandé aux orpailleurs le versement des sommes prétendument dues. Face à un refus catégorique de leur part, les gendarmes leur ont dit avoir reçu mandat de faire appliquer l’arrêté interministériel portant interdiction de l’orpaillage du 15 mai au 15 octobre 2014.
Il se trouve, de sources sûres que ledit Arrêté n’avait pas encore été ventilé aux autorités locales.
Des gendarmes sans sommation ont tiré sur la foule
Les orpailleurs ont fait remarquer qu’ils attendaient d’avoir les instructions de leur organisation faitière. Ce qui n’aurait pas été du goût des  gendarmes qui ont donc tiré dans le tas, sans sommation, faisant cinq (5) blessés graves dont un (1) va succomber. Par réaction, la foule a mis en déroute ce groupe de gendarmes et l’a poursuivi jusqu’à l’usine où il y a eu beaucoup de dégâts matériels. Les chasseurs qui assuraient la police du site d’orpaillage auraient riposté en situation de légitime défense.
Beaucoup de morts
Il est malheureux de constater que le rapport officiel faisait état d’un (1) gendarme mort et de quatre (4) blessés (sic). Au nombre des victimes, beaucoup sont des étrangers et vraisemblablement, en majorité, des guinéens qui ont regagné leur frontière où ils se sont placés sous la protection d’un  détachement de l’armée  de leur pays (dépêché pour la  circonstance sur les lieux).
Razzias dans tous les villages
De la date des faits à notre arrivée le 12 juillet sur les lieux, les gendarmes entreprennent à tempérament des razzias dans tous les villages. A l’occasion, ils cassent tout, emportent  ce qui a une valeur monétaire et maltraitent les populations, embarquent les stocks de riz et brûlent des greniers. En tout état de cause, la mission a contacté plusieurs dégâts.

1.1. ETAPE DE FOROKO
A notre arrivée, les gendarmes venaient juste de quitter les lieux après avoir pillé ce qu’il y avait encore à piller et brûlé les matelas et habits qui étaient encore fumants.
Des témoignages recueillis, l’on peut noter ce qui suit :
Alfousseyni Coulibaly, commerçant. Il déclare avoir essuyé par deux (2) fois les revers de gendarmes brigands. La première fois, ils ont emporté son téléviseur, le groupe électrogène et une mini antenne parabolique. La deuxième fois c’est-à-dire juste avant notre arrivée à Foroko, les récidivistes ont délesté le boutiquier de 2 125000F, de toutes les marchandises de sa boutique (après avoir fracturé les portes avec un marteau). Ils ont brûlé sa chambre à coucher, ses habits et ceux de sa femme et de ses enfants. A notre passage, le feu était toujours là.
Abdou Sangaré, vendeur de céréales et de quincaillerie. Il atteste avoir perdu une partie de son stock lors du 1er passage des gendarmes. Au 2ème tour, ont dérobe, au vu et au su de des personnes présentes, la somme de 3.500.000F, un groupe électrogène, des panneaux solaires et le reste de son stock de céréales (2 T de riz).

1.2. ETAPE DE KOBADA
Le scenario est le même qu’à Foroko, les gendarmes venaient de se retirer.
Amadou Diawara, grossiste. Il déclare n’avoir pas pu évaluer le montant du préjudice subit, car encore sous le choc, à notre passage.
Après notre départ, vers 19 H, au moment où nous rompions le jeûne à Sélingué, nous avons été informés de son enlèvement par des gendarmes pour nous avoir entretenus de ses sentiments et nous avoir édifiés sur les agissements des gendarmes. Sa boutique aurait été de nouveau saccagée et brûlée.
Le Chef de village abandonne le village
Le chef de village qui n’a pas été épargné, a abandonné le village et passe sa journée en brousse. Il en est ainsi de bien d’hommes du village martyr, à cause de l’humiliation que leur font subir les gendarmes en présence de leurs épouses et de leurs progénitures. Au demeurant,  à notre arrivée à Kobada, il a fallu aller chercher en moto, le chef de village, refugié en brousse.

1.3. ETAPE DE NYEWOULENI
Même si nous n’avons pas pu nous entretenir avec ceux qui ont essuyé les frondes des gendarmes, nous avons échangé avec le chef de village de Niêwouléni (plus de 80 ans qui se dit prêt à mourir) et 2 conseillers. Ils sont tous sous le choc et ne s’expliquent pas cette violence dont le seul but est de les faire partir de leur village. Plutôt mourir que de partir, affirment- ils !

2. CONSTATS ESSENTIELS.
2.1. Constats globaux
a. Les hommes ont déserté les villages sur injonction des gendarmes. Seules les femmes sont autorisées à y rester.
b. Les quelques hommes qui n’obtempèrent pas, font l’objet de brimade à chaque passage des gendarmes.
c. Quand les enfants entendent le bruit d’un véhicule, ils se sauvent.  Ceci vaut au demeurant pour tous. Une véritable psychose généralisée s’est emparée des communautés de localités.

2.2. Constats résultant des auditions et échanges.
a. Après la 1ère attaque des gendarmes, la foule qui a marché sur l’usine, était composée en grande partie de Peulhs de la Guinée. Après les évènements, ils auraient rejoint leur pays d’origine par Dioulafoundou, sous la protection de leur armée. Cette même armée aurait refusé l’accès de son territoire aux non guinéens qui se trouvent toujours dans ce village.
b. Pour l’applicabilité de l’Arrêté interministériel portant interdiction de l’activité de l’orpaillage durant une période donnée, ni le Préfet le Sous Préfet, le Conseil de cercle, ni les maires concernés et encore moins les Chefs de villages, n’avaient reçu officiellement l’information au moment des faits. N’ayant donc pas été saisi officiellement, aucun d’entre eux n’a demandé aux orpailleurs l’arrêt de leurs activités.
La question légitime que l’on est en droit de se poser est donc celle-ci : qui a donc donné l’ordre aux gendarmes de sévir ?
Il se raconte dans les villages que c’est l’œuvre de Sada Samaké, Boubou CISSE et Pona de la Chambre du Mines.
c. Si l’enjeu est d’interdire l’orpaillage, c’est l’accès aux placers qu’il aurait fallu interdire aux populations.  Pourquoi s’en prendre aux villages, aux populations et à leurs biens alors même que certains ne sont même pas des orpailleurs et comble de tout, des villages qui existent depuis des décennies bien avant l’arrivée d’AGG dans la zone ?
d. Pourquoi piller, mieux brigander les villageois et les déposséder du fruit de toute une vie ? Encore une fois pour les obliger à quitter la zone. Est-ce une façon de faire libérer les permis miniers des ” indésirables villageois”? Un immense désarroi s’est emparé des populations. Aussi, avons-nous entendu, par dépit et impuissance, les Chefs de villages nous demander s’ils sont réellement des  maliens ou se dire ‘’Ne serait-ce pas mieux qu’on nous rattache à la Guinée?’’, ‘’Même le colon n’a pas osé agir de la sorte !’’
Une révolte silencieuse gronde
Assurément, une révolte silencieuse gronde car il nous a été donné d’entendre ‘’Nous sommes sur les terres de nos ancêtres que nous défendront au prix de notre vie s’il le faut !’’.  Nous avions déjà entendu ces propos à Fourou, à Keniéba, à Yanfolila, à Kadiolo et à Bougouni récemment.  Un autre discours ambiant qu’il nous a été donné d’entendre et qui interpelé
fortement est ‘’Dire que nous avons vote pour IBK pour un mieux être du malien….,  ou nous attendons de pieds fermes Pona et ses complices de la Fédération des orpailleurs !’’
e. L’Administration coloniale vaudrait-elle mieux que l’Administration malienne?

3. ANALYSE ET PROPOSITIONS
Comment des fils du Mali peuvent-ils, pour la seule passion du gain facile et ce, sous le couvert de la loi, volontairement tirer à balles réelles sur leurs concitoyens sans armes?
Comment peut-on tuer délibérément des maliens au motif de défendre les intérêts de sociétés étrangères au demeurant nullement en règle avec la législation et la réglementation nationales?
La plupart des Permis octroyés depuis 1993 ont été en violation des droits civiles et politiques
Au Mali, la plupart des permis octroyés depuis 1992 l’ont été en violation des Droits civiles et politiques des communautés des localités minières, qui ont été dépossédées de leurs terres agricoles et minières de façon abusive. En effet, des centaines, voire des milliers de permis ont été établis sur des villages entiers y compris terres agricoles et cimeterres de Kayes à Sikasso, sans qu’ils soient informés et encore moins consultés, conforment aux lois maliennes.
Qu’est ce qui se cache dernière tout ça ?
Pendant la période coloniale, des conflits fonciers opposaient souvent les villages et l’Administration coloniale, notamment lors de l’implantation des comptoirs et concessions sur ce qu’elle appelait des “terres vacantes”.
La terre est un bien collectif inaliénable…
Au vu des archives, c’est Faidherbe qui aurait adressé une correspondance aux autorités françaises pour dire qu’il n’y pas de terres vacantes en Afrique et que même les collines ont un propriétaire et que la terre est considérée comme un bien collectif inaliénable. Depuis, le terme ‘’terre vacante’’ a été mis entre griffes. Ainsi, dans son livre intitulé: L’Empire triomphant (1871-1936),  Afrique occidentale et équatoriale, Gilbert COMTE écrit, p. 228, on peut lire :
« Du Parlement à la Bourse, des groupes d’influence aux ministères, leur sort (s’agissant des indigènes) se tranche désormais dans un univers qu’ils ne conçoivent pas. Ils en découvrent néanmoins l’implacable violence lorsque, après l’échec de leurs défenseurs, les compagnies déclarent ‘’terres vacantes’’ des forêts tenues jusqu’alors par leurs habitants comme des biens collectifs inaliénables. Pour les victimes, cette appropriation du patrimoine s’apparente à un vol pur et simple ».
Sommes-nous, en 2014, différents de ces colons du 19ème siècle? Eux n’avaient pas en face, leurs populations. Nous nous sommes maliens au Mali, sommes-nous excusables? Au nom de quoi?
De nos jours, l’extrémisme violent couve
Comment comprendre aujourd’hui le comportement des agents de l’Administration malienne vis à vis du foncier, notamment le foncier rural? Les villageois auraient-ils plus de droits sur leurs terres sous l’Administration coloniale que sous la Démocratie malienne?
Dans les Cercles miniers, des villageois ont été chassés de leurs champs et de leurs vergers sans aucun recours. De tels agissements conduisent inéluctablement à l’extrémisme violent qui couve aujourd’hui dans toutes les zones minières.
Force doit revenir à la loi propre, juste et équitable
Nous disons que force DOIT RESTER À LA LOI, mais, contrairement à certains responsables, pour le Réseau JOKO ni MAAYA, il s’agit de la Loi propre, juste et équitable qui se traduirait par:
1.      compte tenu de l’histoire, de la géographie et de la sociologie de notre pays, le Droit de surface intégral doit être accordé à tous les villages, sur toute l’étendue du territoire. Ce droit de surface est non seulement conforme au Code foncier du Mali, mais aussi au Pacte international sur les Droits civiles, politiques, sociaux et économiques, que le Mali a ratifié et qui est en vigueur depuis 1976. Ce pacte insiste sur le fait qu’aucune communauté ne peut être privée de ses sources de subsistance. La dépossession abusive des villages de leurs terres agricoles et minières les empêche d’exercer librement leurs activités de subsistance que sont: l’Agriculture, l’Elevage, la pêche, la Chasse, l’Orpaillage……;
Faire l’audit des permis
2.      faire l’audit des permis miniers pour assainir la situation;
3.      toutes les Sociétés minières doivent opérer en profondeur. Au paravent, à l’instar de certains grands pays miniers comme le Canada, elles doivent négocier avec les propriétaires de la surface. À ce niveau, le Réseau JOKO ni MAAYA propose le Standard S2 de seuil de Sécurité qui ouvre le capital de la société minière aux Communautés des localités pour un capitalisme inclusif et une prospérité partagée dans la stabilité, la paix et la sécurité. En effet, dans ce cas, la communauté deviendra la première ligne de défense de cette société. D’autre part cela permettra de réduire le développement de l’extrémisme violent né de la frustration des communautés.
4.      veiller au respect des textes et des lois du Mali à tous les niveaux. Ceci est le prix à payer pour la paix et la quiétude des générations présentes et futures.

CONCLUSION
Le Réseau Citoyenneté et Co-entrepreneuriat JOKO ni MAAYA en appelle au sens de responsabilité des Autorités maliennes pour qu’il soit mis fin à la tuerie des dignes fils et filles du pays au prétexte de sauvegarde de l’investissement étranger. Aucun investissement ne vaut une vie malienne pour les maliens. Aujourd’hui l’action d’AGG est côté 14 cents, est-ce à dire que les morts, disparus et blessés des sites miniers cibles du présent rapport ne valent que l’équivalent de 70 FCFA?
Depuis juin 2012, JOKO ni MAAYA appelle à l’unisson pour que le Sud- Ouest du Mali ne s’embrase pas. Que chacun sache raison garder ! L’argent mal acquis ne doit en aucun cas nous amener à favoriser l’éclosion de l’Extrémisme violent au Sud ou ailleurs au Mali !
Pour réussir le changement, chacun d’entre nous a une responsabilité, pourquoi ne pas s’en acquitter en travaillant ” avec Savoir, avec Persévérance et Intégrité/Droiture ” ?

NOUS EN AVONS LA CAPACITÉ ».
NB : Le titre, le châpo et les intertitres sont de la rédaction.

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1 commentaire

  1. Ce discours est pathétique, vous accusez les étrangers alors même que tous les jeunes maliens ont élus domicile dans les mines.Vous accusez la société qui jouit d’une protection juridique,vous défendez les illégaux parce que vous éprouvez de la sympathie.En un mot vous embellissez le papier par émotion. Noter que l’orpaillage clandestin est illégal donc interdit,les richesses du sous-sol appartiennent à l’état et non au village, le droit coutumier c’est autre chose.Des clandestins armés sans autorisation de port d’armes dans la propriété d’autrui ne sont que de potentiels agresseurs. La précarité des villageois ne peut servir de prétexte pour contester les engagements de l’état si force est la loi alors toute personne sur le lieu et ayant pris part au moment des faits est complice.Eviter d’encourager ceux qui tirent sur nos soldats.La foule à mains nues est aussi une arme donc seul les gendarmes étaient en situation de légitime défense. La sanction du racket n’est pas la mort

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