vie de la nation : Le réveil de la jeunesse malienne et le risque d’instrumentalisation politique

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Manifestation d'opposants à la réforme de la Constitution le 17 juin à Bamako. Le slogan «Touche pas à ma constitution» a été décliné en tee-shirts et en chanson avec Master Soumy. © Habibou KOUYATE/AFP
Manifestation d'opposants à la réforme de la Constitution le 17 juin à Bamako. Le slogan «Touche pas à ma constitution» a été décliné en tee-shirts et en chanson avec Master Soumy. © Habibou KOUYATE/AFP

La volonté du gouvernement de vouloir réviser la constitution, semble provoquer le réveil de la jeunesse malienne qui est montée au créneau pour exprimer ses préoccupations. Une jeunesse, qui doit, cependant, faire face à la manipulation politique.

Avec le projet de révision constitutionnelle, la jeunesse malienne se réveille pour s’exprimer. Un camp du « oui » et un camp du « non », se sont constitués et s’affrontent arguments contre arguments. Il faut dire que cela contribue au renforcement de la démocratie. Et c’est aussi bien que cette jeunesse, qu’on aime valoriser dans les discours politiques en disant qu’elle est l’avenir de la nation, puisse s’exprimer sur un sujet aussi important qu’il concerne la vie la nation. Il s’agit de la loi n°2017-31/AN-RM du 02 juin 2017, portant révision de la Constitution du 25 février 1992.

Tant que la jeunesse s’exprime par elle-même, c’est une bonne chose pour le pays. Mais, le projet de révision constitutionnelle, c’est aussi l’occasion choisie par les hommes politiques pour se faire entendre et le risque que cette jeunesse se fasse manipuler, est très grand.

La jeunesse qui dit « non » au projet de révision constitutionnelle, est essentiellement constituée de jeunes civils : artistes, élèves, cadres… Ils ont constitué une plateforme appelée : « Antè A Bana, touche pas à ma constitution ». Pour ces jeunes, le moment n’est pas approprié pour procéder à une révision constitutionnelle. « Il y a plus urgent » disent –ils en faisant allusion à l’insécurité grandissante, le chômage etc.

Mais très vite, ces jeunes se font rejoindre par les leaders de l’opposition dite républicaine, accusée par le camp présidentiel d’avoir, elle-même pris part à la rédaction du projet de révision constitutionnelle en y apportant des amendements dont certains ont été pris en compte dans le projet final. Ces responsables ont participé aux séminaires . Ils auront caché ces aspects à la populations. Voilà une malhonnêteté de classe.

La très controversée Mme Sy Kadiatou Sow de l’association Adema PASJ, dont le parti est membre de la majorité présidentielle, nostalgique  a même pris la tête du mouvement. A chaque marche organisée par la plateforme contre le projet de révision, ces leaders politiques de l’opposition ont voulu se tirer vers eux la couverture. Mais à chaque fois, ils ont été poliment remis à leur place. Cette déclaration d’un organisateur de la marche du 17 juin dernier en dit long : «La société civile malienne est en train de prendre la place qui est la nôtre dans la construction de l’édifice national. Si, autrefois, elle était confinée dans le rôle de complément à la classe politique, force est de constater qu’elle est en train de se démarquer de celle-ci pour jouer son rôle de force de proposition. La marche du 17 juin dernier aura montré une société civile requinquée, prête à agir en vue de proposer aux Gouvernants la bonne gouvernance. Fini la récupération politicienne par ceux qui se font de la popularité sur le dos de la société civile. Les leaders politiques de l’opposition l’ont appris à leurs dépens».

Toujours est-il que l’opposition dite républicaine tente de reprendre le mouvement contestataire à son compte bien qu’elle a participé au processus de rédaction du projet de révision pour avoir proposé même des amendements contenus dans le projet final.

Si les jeunes de la plateforme « Antè A Bana, touche pas à ma constitution » veulent garder avec eux la légitimité de contestation pour ainsi convaincre les Maliens du bien-fondé de leur démarche, ils doivent extraire de leurs rangs, ces leaders politiques de l’opposition dont le combat s’inscrit déjà dans les perspectives des élections présidentielles de 2018. En le faisant, ils (jeunes) auraient une oreille plus attentive à leurs inquiétudes et qui sait, des solutions pourraient y être apportées.

De l’autre côté, le risque est aussi réel. Il s’agit du camp du « oui, an sonna » constitué aussi par des jeunes, mais qui, à la différence de l’autre camp opposé, se dit convaincu par la pertinence de la révision constitutionnelle. Ce camp est taxé d’être à la solde de la majorité présidentielle.

Voilà deux camps constitués de jeunes qui veulent s’exprimer à propos du projet de révision constitutionnelle, mais qui, chacun, doit faire face à la tentative de récupération politique. L’opposition politique a tout à gagner en ralliant à son combat, les jeunes partisans du non au référendum tout aussi le camp présidentiel a à gagner en bénéficiant du soutien des jeunes partisans du « oui ».

Il appartient à cette jeunesse, courtisée comme elle ne l’a jamais été, de s’affranchir de la manipulation politicienne et mener elle-même son propre combat pour un idéal  noble et juste. Ces jeunes qui disent « non » ont besoin de réponses appropriées pour se laisser convaincre au lieu d’être confrontés à d’autres jeunes. Il en va de l’unité nationale.

Jeunes du Mali ne vous laisser pas avoir. Un front ouvert au Sud sonnera la fin de notre Mali. Attention et penser au scénario de 1991qui a vu de nombreux parents perdre leurs progénitures. Ces assoiffés de pouvoir sont prêts à renouer avec la tactique utilisée en son temps et qui a consisté à faire porter le nombre important de jeunes tués par le régime du Général Moussa Traoré. On connaît la réalité. Ouvrez bien les yeux et les oreilles afin d’éviter toute récidive. Les mêmes sanguinaires se retrouvent. Jeunes vous êtes l’avenir du Mali. Refusez de vous faire tuer à la place de ceux-là qui ne voient que le fauteuil de Koulouba.

Youma

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