Amadou Pathé Diallo à l’Aube :« Dans notre championnat, il n’y a pas de bons attaquants… »

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Deux matches, deux défaites, les Aigles locaux du Mali ont le dos au mur dans le championnat d’Afrique des Nations (Chan 2011) au Soudan. L’envoyé spécial de L’Aube a rencontré leur entraîneur, Amadou Pathé Diallo dit Vieux qui évoque les raisons de la débâcle des Aigles locaux à Khartoum. Interview.

L’Aube : Deux matches, deux défaites, le Mali n’est pas loin d’être éliminé quand même

Amadou Pathé Diallo : Mathématique après le dernier match entre la  RDC et la Côte d’Ivoire, nous sommes éliminés à presque 90%. Pour nous qualifier, il nous faudra d’abord gagner et rester ensuite suspendu au résultat du match entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Ce qui veut dire que nous n’avons plus nos chances en mains. Nous avons tout fait, nous nous sommes bien battus  pour ne pas être dans cette situation. Mais les dieux du football ne nous ont pas entendus. Nous avons encore des chances que nous jouerons jusqu’au bout. Notre objectif est maintenait de gagner contre la RDC, dans l’optique de rentrer au moins sur une bonne note.

Au cours des deux sorties, vous avez dominé, vous avez eu des occasions, mais pas de buts…

Hélas malheureusement ! L’équipe a bien progressé au fil des matches, en montrant de belles choses, certes. Mais les attaquants ont fait montre d’une maladresse criarde. Au résultat, l’équipe a contrôlé ses deux premières sorties sans pouvoir faire la différence.  Sur l’ensemble de ses deux sorties, elle méritait mieux. Je suis vraiment triste pour ces jeunes qui tenaient véritablement à faire de belles choses.

A quoi attribuez-vous justement ce manque d’efficacité ?

C’est véritablement le reflexe de notre championnat national dans lequel on assiste à des ratées monumentales. Il y a certes de bons attaquants, mais pas de vrais buteurs. Il faudra alors beaucoup travailler au niveau des clubs pour corriger ces défauts. Sinon en sélection, il n’y a pas beaucoup de temps pour cela. On travaille plus sur les situations standards qui peuvent faire la différence au cours d’un match.

Dans notre championnat, il n’y a pas de bons attaquants de pointe, on a surtout beaucoup plus de joueurs de couloirs. Les entraîneurs des différents clubs devront s’atteler à la formation des attaquants de pointe, et des renards de surface. Ils devront commencer à les repérer déjà au niveau des catégories jeunes et faire leur suivie. Il y va de l’intérêt du football malien.

  Au delà de ce manque d’efficacité quels ont été vos handicaps contre le Cameroun ?

Je n’ai pas grand-chose à reprocher à mes joueurs sur ce match face au Cameroun. Mon dispositif tactique a été respecté à la lettre. Je leur avais demandé d’harceler les Camerounais. Ils l’ont bien fait, les empêchant de dérouler leur jeu. Puis, ils ont su bien se créer des occasions. Malheureusement par manque d’efficacité et de lucidité,  et surtout par manque de sang froid dans le dernier geste, ils n’ont pas pu marquer. S’ils avaient été plus réalistes,  nous aurions pu faire la différence. A la décharge de l’équipe, je peux affirmer qu’on n’a pas eu un temps de préparation. Donc j’ai des motifs de satisfaction, malgré tout.

Dans quel état d’esprit vous abordez le match contre la RDC ?

Le même état d’esprit depuis que nous sommes là. J’ai déjà  dit à mes  joueurs que nous jouerons les trois premiers matches à fond. Ça veut dire que même si nous avions gagné les deux premiers matches,  nous allions jouer à fond pour remporter la victoire. Avec la situation actuelle, il faut encore plus se battre pour exploiter le peu de chance que nous avons.

Dans l’ensemble, ce tournoi vous sert de préparation pour les éliminatoires des jeux olympiques. Sur ce plan, avez-vous des satisfactions ?

Beaucoup ! Je connais tous ces joueurs que j’ai sélectionnés en championnat national. Mais je n’ai pas eu le temps de les voir dans des rencontres de préparation. Il me fallait les voir à un niveau supérieur. L’équipe est constituée à 90 %  de joueurs de moins de 23 ans. La grande satisfaction est que cette compétition m’a permis de les observer sur leurs valeurs réelles.  Je suis satisfait de leur comportement.  Je pense que d’ici le 27 mars contre la Guinée, lors du match comptant pour les éliminatoires des Jeux Olympiques, j’aurais le temps de rectifier ce qu’il faut.

Qu’est ce que vous allez surtout améliorer ?

Il y a des séquences de jeu qu’on a essayé et qui ont été appréciées par les connaisseurs. Nous allons travailler à les améliorer. Alors autant je peux compter sur d’éventuels renforts d’expatriés, autant  je souhaite ne pas encore perdre des joueurs  d’ici là. Surtout qu’il y a des joueurs qui sont en contact avancés avec certains clubs. Au passage,  je regrette le départ d’un joueur qui figurait sur ma liste, en l’occurrence Mamadou Coulibaly, l’avant centre du Stade malien qui est parti en Algérie. Avec lui dans ce CHAN, nous aurions moins de problème au niveau de notre ligne d’attaque.

Aussi je travaillerais un peu plus à corriger le manque d’efficacité des attaquants. Au niveau défensif, il s’agira de renforcer les acquis et travailler à corriger les défauts notés.  

 Vous compterez également sur quelques éléments de la sélection nationale junior.

Ce sera surtout pour le match retour. En fait, faudrait-il comprendre que leur absence dans ce CHAN est un choix délibéré convenu entre Cheick Diallo ( le sélectionneur des juniors), Alain Giresse ( le sélectionneur de l’équipe fanion) et moi-même dans le cadre d’une bonne coordination et une bonne planification de nos activités. Suivant le programme, le CHAN finit le 25 février, alors que les juniors commencent leur phase finale le 18 mars en Lybie. d’ici là, il y a bien un temps de préparation pour les juniors. Donc, la participation des juniors au CHAN ne serait pas une bonne chose d’abord pour les joueurs eux même et pour la sélection juniors ensuite.

Propos recueillis par Souleymane Diallo

Envoyé spécial à Khartoum

 

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