Que sont-ils devenus… Mamadou Djéran Traoré : Flash-back sur la carrière écourtée d’un renard des surfaces

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Mamadou Djéran Traoré, ancien international de l’AS Réal de Bamako et du FC Kacem du Maroc a connu une carrière en dents-de-scie. Son destin est comparable à celui de joueurs comme Mamadou Kéita dit Magnambougou Pelé, Alassane Diallo dit Tom Foot du Djoliba, Sory Ibrahim Touré dit Binké de l’AS Réal, Yacouba Diarra dit Yacou Pelé, Ichiaka Traoré dit Pelé Blanc du Stade malien de Bamako. Tous ces joueurs ont en commun un talent hors pair. Malheureusement, pour des raisons diverses, leur carrière s’est brisée, rappelant l’extinction d’une étoile filante dans un ciel serein. Les instituteurs enseignent que le rappel est pédagogique, et le fait de penser à ces anciennes vedettes nous permet d’aborder plus facilement le cas de notre héros de la semaine, Mamadou Djéran Traoré. Avant-centre attitré de l’AS Réal, la malchance a entravé sa progression. Par dépit, il s’est aventuré aux Etats-Unis, quelques jours après la publication de la liste des joueurs retenus pour la Can de Tunis-94 parce que l’encadrement technique ne l’avait pas retenu. Nous l’avons retrouvé pour le faire réagir dans votre rubrique préférée “Que sont-ils devenus ?”

Sur le terrain, Mamadou Djéran Traoré incarnait l’attaquant de pointe rapide doté d’un excellent jeu de jambes et d’une vista extraordinaire. Il passait les 90 minutes du match à rôder dans la surface de réparation adverse. Véritable opportuniste, il ravageait tout sur son passage. Sur les centres millimétrés de Binké, de Boubacar Diallo dit Bol ou d’Abdoulaye Traoré dit Kokadjè, il s’élevait plus haut que ses vis-à-vis et marquait de la tête.

Mamadou Djéran Traoré

Mamadou Djéran Traoré en vrai renard des surfaces, était toujours prêt à profiter d’une erreur pour scorer. Par ses mouvements, il participait au jeu collectif de l’AS Réal et tous les supporters des Scorpions s’attendaient à un but tant que Mamadou Djéran était sur le terrain. Victime de blessures en cascade, les coups durs ont eu raison de son talent, transformant un début de carrière exceptionnel en fétu de paille. Hélas !

Ses débuts de carrière à l’AS Réal, en équipe nationale et sa mésaventure se sont pratiquement déroulés en même temps. Comment ? Après avoir commencé au Kara de Bozola, l’équipe de Ngolonina avec pour président de club, Mamoutou Touré dit Bavieux (actuel président de la Femafoot), Mamadou Djéran Traoré intégra le centre de formation de l’AS Réal de Bamako lors de la saison 1986-1987. C’est de là que date la complicité entre des jeunots Sory Ibrahim Touré dit Binké, Boubacar Diallo dit Bol, Elie Traoré, Malick Tandjigora et Djéran.

En finale de la Coupe du Mali contre le Sigui de Kayes en 1987, il est gardé sur le banc de touche, et assistera impuissamment à la défaite de son équipe. Aujourd’hui encore, il soutient qu’il avait le but égalisateur au bout des crampons. Mais, l’encadrement ne lui ayant pas fait appel, il était obligé de se résigner et de se projeter dans l’avenir. Deux semaines après cette finale, il est convoqué en équipe nationale pour un match amical international contre le Sporting Club de Lisbonne.

La guigne ?

Malheureusement, il sera victime d’une fracture dans un match de quartier contre les Onze Créateurs. L’homme passera deux ans de convalescence. Il reprendra service au Réal à l’occasion des tournois d’ouverture de la saison 1989-1990. Mais pas pour longtemps. Au dernier virage du championnat national, la joie créée par son retour, se transformera en déception chez les supporters des Scorpions.

Son mal de pied va l’obliger à abandonner les entraînements jusqu’au début de la saison suivante. Mamadou Djéran Traoré est alors sélectionné en équipe nationale. Cerise sur le gâteau : il remporte la Coupe du Mali contre l’AS Mandé de la Commune IV. Au lendemain du sacre des Réalistes, par l’intermédiaire de Moussa Kéita dit Dougoutigui, les dirigeants du FC Kacem du Maroc lui proposent un contrat à la suite d’un test concluant.

Une fois de plus le malheur s’abat sur l’enfant de Bozola, son genou lui fait encore mal, conséquence du mauvais traitement de la fracture en 1987. Certes, il a subi une intervention chirurgicale, mais est-ce que les Marocains étaient toujours prêts à investir dans un joueur dont la santé n’est pas au top ? Sur ce, Mamadou Djéran retourne au bercail pour reprendre sa place dans l’attaque des Scorpions. Naturellement, il s’impose et est même sélectionné pour les éliminatoires de la Can de Tunis-94.

Seulement un coup de foudre va lui “briser le cœur”. Sa surprise fut grande lorsqu’il apprendra qu’il ne fera pas le voyage de Tunis pour la Coupe d’Afrique des nations à la qualification du Mali à laquelle il a beaucoup contribué. Très déçu de la décision de l’encadrement technique des Aigles, Mamadou Djéran Traoré a passé des nuits blanches avec une seule question : Comment expliquer l’échec de sa carrière footballistique ? Le film de son parcours de Bozola à l’AS Réal, en passant par l’équipe nationale et le Maroc ne lui a pas permis de trouver une réponse précise.

Sauf qu’il lui restait de se convaincre que chacun suit son destin et qu’il doit se résigner à entreprendre autre chose pour s’ouvrir les portes du paradis. C’est dans cette réflexion, tachée de désarroi et teintée de déception sans solution immédiate, que Mamadou Djéran Traoré a reçu un coup de fil de sa sœur aînée, qui lui proposera un billet pour les Etats-Unis.

L’ancien joueur du Réal sautera sur l’occasion et ne s’est pas fait une idée sur son devenir à l’autre bout du monde. Pour lui, le plus important était de quitter le Mali, dans lequel il n’a eu que malheur sur malheur dans sa carrière de footballeur.

Attachement au pays natal

Une fois aux USA, il s’inscrit dans une université pour étudier la comptabilité et travailler concomitamment dans une société de distribution de produits alimentaires de 1994 à 2000. Et cela fait vingt ans qu’il évolue dans une autre structure. Cependant, nous avons remarqué durant son interview que Mamadou Djéran a une pensée émue pour son pays.

Les vingt-sept ans passés à l’extérieur ne l’ont pas désorienté. Qu’est-ce qui lui manque dans le pays ? Compte-t-il s’installer au Mali ? Sur quelle base ce retour se fera ? “J’ai toujours l’amour du pays, le social quotidien, l’ambiance entre amis au grin me manquent. Avec tous ces paramètres, il est évident que je compte m’installer au Mali. Depuis 2012 j’avais pris cette décision et ma famille était déjà à Bamako. Seulement le coup d’Etat, les coups de kalachnikov, les marches et l’insécurité ont fini par traumatiser mes enfants. Obligatoirement, il fallait les faire retourner et reprogrammer dans l’avenir ce retour au pays. Aujourd’hui, j’attends juste que mes deux premiers enfants terminent leurs études pour m’installer définitivement au Mali. Pendant tout ce temps, j’ai investi dans l’immobilier et acheté un champ. C’est des investissements que je compte exploiter pour assurer mon indépendance, inch Allah”. Dans la vie, Djéran aime la justice, la vérité, la franchise. Il déteste l’hypocrisie et l’égoïsme.

C’est avec amertume qu’il parle de son seul mauvais souvenir, la blessure qui a bouleversé toute sa carrière. Heureusement que ses bons souvenirs (son passage par la catégorie junior du Réal, sa première sélection en équipe nationale et son aventure marocaine) lui permettent de se défaire de ce cauchemar datant de 1987.

Mamadou Djéran Traoré est marié et père de trois enfants, dont un garçon

O. Roger 00223 63 88 24 23

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3 COMMENTAIRES

  1. Djeran me rappele Romario du Bresil. Tant qu’il était sur le terrain, l’espoir était toujours permis. Djeran pouvait rester 99 mns sur le terrain, sans aucune action à son actif. A la 90e mn ou durant les arrêts de jeu, il pouvait marquer. UN BUTEUR opportuniste qui n’a pas eu la chance.
    Djera merci pour tout ce que vous avez fait pour le réal de Bko

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