Bientôt de nouvelles chaînes de télé made in Mali

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Contrairement à nos voisins de la sous-région qui disposent depuis plusieurs années de diverses chaînes de télévisions privées aux programmes variés et appréciés tant par les téléspectateurs de ses pays que souvent même par les téléspectateurs maliens, notre pays et la Côte-d’Ivoire sont pendant longtemps restés en marge de cette révolution audiovisuelle. Même si le cas malien a admis depuis près d’une décennie une exception à la règle avec Africable TV, il n’en demeure pas moins que la libéralisation de l’espace audiovisuel tant espérée par la population malienne n’est devenue une réalité que le 12 mars 2012, date à laquelle l’Assemblée nationale a adopté la loi autorisant la création de chaînes privées de télé.

 

Depuis cette date, le Mali dispose d’un cadre juridique approprié à cet effet. Toutefois, de mars 2012 à aujourd’hui, près de deux ans se sont écoulés et aucun progrès notable n’est à constater. Sauf que l’Ortm, la télévision nationale s’est enrichie d’une seconde chaîne de télévision, la TM2, qui jusque-là manque de lisibilité, de ligne éditoriale assez claire. Aussi, Africable télévision est devenue le groupe Africable avec la création de sa deuxième chaîne Maisha TV dédiée essentiellement aux femmes africaines. Cependant, l’année 2014 s’annonce comme celle de la véritable révolution de l’espace audiovisuel malien. Et le ton avait déjà été donné en mai 2013 par l’un des plus grands acteurs culturels de notre pays lors d’une conférence à la faveur du lancement des activités de création de sa chaîne de télé privée dénommée Wokloni TV.

 

Lors de cette conférence, Alioune Ifra N’diaye, puisque c’est de lui dont il s’agit, avait annoncé une révolution au sein de l’espace audiovisuel malien car il venait non pas pour faire de la radio filmée mais plutôt de la télévision avec des programmes innovants, des émissions de divertissements interactives, des émissions citoyennes, des émissions de téléréalités ; en un mot, une toute nouvelle manière de faire de la télé où le téléspectateur loin d’être qu’un simple consommateur sera plutôt un producteur, un chroniqueur et un prescripteur. Et pour qui connaît monsieur N’diaye, ce n’est ni les idées, ni le courage qui manque à celui-là même qui avait dans le temps apporté une révolution dans l’espace culturel malien et même ouest-africain à travers sa structure Blonba. Les premières images de cette chaîne qui en principe étaient prévues pour janvier 2014 ont été reportées au mois d’octobre prochain, car Alioune Ifra N’diaye veut se donner le temps nécessaire pour que la WTV soit une parfaite réussite.

 

Toutefois, le personnel technique et les JRI ont déjà été recrutés, un recrutement sans passe-droit par le centre international pour le conseil et la formation (CICF), une structure réputée pour son sérieux. D’ailleurs, ce personnel qui recevra très prochainement une formation qualifiée d’un des plus grands centres de formation en audiovisuel de France a pu le 10 février passé visiter les locaux de la chaîne, des locaux qui n’ont rien à envier à ceux des grandes chaîne du Nigéria qui font figure de références dans la sous-région. À ceux qui seraient amenés à croire que le nom Wokloni TV ne fait pas trop sérieux, le promoteur Alioune Ifra N’diaye répond ceci : «Nous partons du principe que le Mali est dans sa phase ‘’enfance’’. Un enfant a besoin qu’on construise son moteur culturel, son logiciel. WTV sera une chaîne généraliste avec comme axe d’action l’éducation à la citoyenneté. Faire que culturellement nos téléspectateurs apprennent la confiance, à connaître, à comprendre et respecter les règles de la société ; à exiger ses droits ; à assumer ses responsabilités. C’est ça notre axe. Bâtir des citoyens. (…) Nous le ferons par le divertissement, les évènements culturels et politiques, les fictions, les infos, les magazines, les enquêtes, les téléréalités, les spectacles, les jeux. Et également des dessins animés que nous produirons à l’interne. D’où le nom Wokloni, un personnage mythique des contes mandingues. Est-ce que la référence à ce nom culturel n’est pas sérieuse ?» Et monsieur N’diaye de poursuivre : «J’ai toujours pour principe d’avoir un ancrage culturel dans tous mes projets. Blonba, Nyanajè club, kotèba club, nos spectacles de maana etc., en sont des exemples.» Avant de conclure : «Cela ne veut pas dire que je suis un nostalgique. Je me considère plutôt comme un homme du 21ème siècle qui participe à la conversation mondiale.»

 

Par ailleurs, depuis quelques semaines, la population bamakoise reçoit le signal d’une nouvelle chaîne de télé dénommée la LTV ou Liberté télévision dont le promoteur serait monsieur Almamy Touré également promoteur de la radio Liberté. Notons que dans le programme d’actions du gouvernement 2013-2018 (PAG), il est prévu un programme de diversification de l’offre audiovisuelle nationale sur la période de 2014-2016 avec notamment la création de cinq chaînes privées à diffusion nationale, création de chaînes privées de télé à diffusion régionale/locale (une chaîne par région, phase test) et la création de nouvelles chaînes publiques de télévisions. Les chaînes de télévisions déjà présentes sont donc averties, à elles de revoir soit leur ligne éditoriale ou de perfectionner leurs programmes au risque de perdre leurs audiences au profit de ces nouvelles chaînes qui s’annoncent.

Par Mamadou Ben Moussa COULIBALY et Malick KONATE

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