CEM-CEDEAO : Pas d’intervention militaire avant l’ordre des politiques

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En début de semaine dernière, les responsables militaires de l’Afrique de l’Ouest se sont réunis à Bamako pour essayer de trouver les stratégies à mettre en place en vue de lutter efficacement contre certains fléaux qui dévorent la sous-région. En cette occasion, ils ont bénéficié de leurs homologues de l’ONU et de la France.

Les 18 et 19 janvier 2011, les chefs d’état-major de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se sont réunis à Bamako pour leur vingt-huitième session ordinaire. Les travaux étaient placés sous la présidence du ministre malien de la défense et des personnes âgées, Natié Pléah. Les différents responsables militaires ouest-africains, pendant ces deux jours de travaux, ont eu à plancher sur les mécanismes à mettre en place et à développer en vue d’aboutir à des stratégies communes. Il s’agissait pour eux de s’entendre sur les moyens à mobiliser pour relever les défis sécuritaires qui se posent à la sous-région. Notamment, l’insécurité liée à la criminalité et au banditisme. Il faut rappeler que depuis plusieurs décennies, l’Afrique de l’Ouest est le théâtre de diverses activités criminelles dont la contrebande de marchandises diverses en provenance d’Europe (voitures volées, cigarettes, etc.). A ces activités se sont ajoutées, depuis quelques années, le trafic de drogue et d’armes, l’enlèvement et la séquestration de personnes. Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il est le fait de réseaux de terroristes, en particulier Al Qaeda pour le Maghreb islamique (AQMI), qui recrutent de plus en plus dans les populations locales. Cela est d’autant plus facile pour eux que ces régions sont confrontées à la misère due au sous-développement et au chômage récurrents, notamment au sein de la jeunesse. En outre, ces réseaux terroristes ont étendu leurs activités de manière à développer un banditisme transfrontalier d’autant plus difficile à maîtriser que les frontières entre les différents pays sont poreuses et que les armées locales sont mal équipées.

 

Pour résoudre ce problème, les chefs militaires sont tous d’accord que la seule réponse à l’implantation et à la propagation des réseaux terroristes dans leurs pays est et demeure la lutte contre le sous-développement et le désœuvrement de la jeunesse. Il faut pouvoir occuper les jeunes en créant des emplois et, donc, des financements pour certains projets de développement. En deuxième lieu, il s’agit de trouver les moyens de renforcer les équipements des différentes armées en vue d’atteindre une certaine autosuffisance matérielle, technique et financière. Autrement dit, mettre un terme aux interventions d’armées étrangères sur le sol de la sous-région.

 

Concernant la crise qui prévaut en République de Côte d’Ivoire, pour le règlement de laquelle les forces armées de la CEDEAO ont été sollicitées, les chefs d’état-major de la sous-région ont affirmé que la rencontre de Bamako n’a pas pour objet de discuter d’une solution à apporter à cette crise. Selon eux, l’option militaire ne sera prise qu’après épuisement de toutes les autres voies de recours, notamment le dialogue et la démocratie. Toutefois, aux dires de leur porte-parole, le CEM nigérian, ils seraient prêts et n’attendent plus que le feu vert des autorités politiques. Cette décision politique serait déjà acquise. En effet, le Mali, qui a longtemps été montré du doigt comme étant, avec le Ghana, le plus réticent à intervenir militairement en RCI, vient de donner son accord, arraché par le Premier ministre kényan, récemment en visite à Bamako. Ne voulant plus prêter le flanc à ses voisins nigériens et burkinabé, voire algériens, qui l’accusent de laxisme dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité dans la Bande, le président malien aurait récemment confirmé la participation à une action commune menée par la CEDEAO, l’Union africaine ou l’ONU. Quant au Ghana, il ne serait toujours pas d’accord pour envoyer des éléments combattre aux côtés des forces sous-régionales, se contentant de limiter sa participation au contingent de l’ONUCI.

 

A cette volonté politique désormais affichée, il faut ajouter des préparatifs qui, selon plusieurs sources, seraient en cours à Bouaké, capitale des FAFN (Forces armées des forces nouvelles).

 

La vingt-neuvième session ordinaire des chefs d’état-major de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se tiendra au Sénégal, à une date qui n’a pas encore été fixée par les participants.

Cheick Tandina

 

 

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