Discours de Moctar Ouane devant l’assemblée générale des Nations-Unies, le 8 septembre dernier à New-York : Le Mali assène ses vérités du haut de la tribune des Nations-Unies

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A la faveur de la deuxième revue de l’Onu sur la stratégie anti-terroriste mondiale, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Monsieur Moctar Ouane, a prononcé devant l’Assemblée générale, le 8 septembre dernier à New York, un discours fort remarqué  qui réaffirme l’engagement constant du Mali dans lutte anti-terroriste, en même temps qu’il trace les contours de sa vison sur les voies et moyens de combattre le phénomène dans la bande sahélo-saharienne. Nous vous livrons ici l’intégralité de l’intervention du Chef de la diplomatie malienne.

Monsieur le Président,

Permettez-moi, tout d’abord, de vous remercier d’avoir organisé la présente Revue consacrée à la stratégie anti-terroriste mondiale de l’ONU, et de féliciter le Secrétaire général de son excellent rapport subséquent.

Je voudrais, ensuite, réitérer ici, d’emblée, la pleine adhésion du Gouvernement de la République du Mali à cette stratégie et à sa condamnation ferme du terrorisme sous toutes ses formes.

Le Gouvernement de la République du Mali se réjouit de la tenue de la présente Revue, qui lui fournit  une occasion utile de réaffirmer son engagement dans la lutte contre le terrorisme, et, subséquemment, de plaider pour la nécessité d’un appui adapté et conséquent aux efforts et initiatives qu’il a entrepris à cet égard.

C’est qu’en effet, la lutte contre le terrorisme revêt une importance particulière pour les pays de l’espace sahélo-saharien, au sein duquel le Mali occupe une place centrale, qui, comme vous le savez, connaissent depuis quelque temps une situation préoccupante du fait de la présence de groupes terroristes et de réseaux criminels dont les activités menacent dangereusement la paix et la stabilité dans la région.

Depuis le ralliement du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) à Al-Qaïda et sa transformation en branche armée d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), l’immense espace sahélo-saharien s’étendant sur près de 8 millions de Km², et caractérisé par une faible densité démographique et des conditions de vie rigoureuses, est devenu, en effet, un sanctuaire pour les groupes salafistes maghrébins, les preneurs d’otages, les trafiquants de drogues et d’armes, les passeurs d’immigrés clandestins vers l’Europe et autres réseaux criminels.

 

Les interpellations du Mali aux pays de la région et à la communauté internationale :

Que faire face à cette situation préoccupante et complexe, qui affecte sérieusement le développement socio-économique de la région sahé-saharienne ?

 

Quelle stratégie adopter pour lutter efficacement contre ces menaces qui mettent en péril l’unité nationale, la concorde et la quiétude des populations vivant dans la région sahélo-saharienne ?

 

Comment mettre en synergie les efforts déployés aux plans national et régional par les gouvernements des pays concernés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée ?

 

Quelles mesures envisager dans le cadre du renforcement des capacités nationales et régionales ?

 

Quel rôle les Organisations internationales, les partenaires au développement, les parlementaires, la société civile et les ONG peuvent t-ils jouer dans le domaine de la consolidation des institutions et des mécanismes de lutte contre le terrorisme ?

 

Les propositions de solution du Mali déclinés dans le Programme d’urgence pour la réduction de l’insécurité dans le Nord : Tels sont les principaux axes de la nouvelle politique du Gouvernement de la République du Mali de réduction de l’insécurité dans le Nord-Mali et de lutte contre le terrorisme, qui est, au demeurant, en adéquation parfaite avec la stratégie anti-terroriste mondiale.

Le Président de la République du Mali, Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, a présenté cette nouvelle politique au parlement européen réuni en séance plénière  7 septembre 2010.

 

Permettez-moi, Monsieur le Président, de m’en faire l’écho du haut de cette tribune entre toutes symbolique.

 

Monsieur le Président,

Le Gouvernement du Mali vient d’adopter, en effet, un Programme d’urgence pour la réduction de l’insécurité dans le Nord – Mali (PIRIN) et la lutte contre le terrorisme pour la période 2010-2012.

 

La mise en œuvre de ce Programme permettra d’assurer :

 

1.    le retour de l’administration dans les zones où les structures étatiques s’étaient retirées, permettant ainsi de corriger les effets pervers de certaines dispositions du Pacte national signé en avril 1992 entre le Gouvernement du Mali et les mouvements et fronts issus de la rébellion arabo-touarègue ; concrètement, il s’agira de réaliser des bases de vie et des infrastructures permettant le rétablissement de l’autorité de l’Etat et la sécurisation des populations à travers le renforcement et/ou l’implantation d’unités de la Police, de la Gendarmerie, de la Garde nationale et de l’Armée ;

 

2.    un meilleur encadrement et une assistance véritable des populations des zones sensibles à travers la réalisation de projets et programmes d’intérêt communautaire visant la sensibilisation, la formation et l’information des populations sur l’insécurité et le terrorisme, la création d’activités génératrices de revenus, le renforcement du système de micro-finance, la création et le développement de foires hebdomadaires, la couverture des besoins des populations en eau potable par la réalisation de forages équipés et en matière de santé avec l’implantation de centres de santé communautaires et d’éducation par la construction d’écoles.

Ces mesures permettront, assurément, d’occuper utilement et de sécuriser durablement les populations, en particulier les jeunes, et de les soustraire ainsi de l’emprise des groupes terroristes ;

 

3.    le désenclavement des régions du Nord à travers la construction de routes sur des axes stratégiques favorisant du coup une mobilité accrue des forces armées et de sécurité pour prévenir, dissuader ou intervenir ;

 

4.    une coopération régionale et internationale pertinente et vigoureuse fondée, d’une part, sur une vision commune et solidaire face aux défis de la région et, d’autre part, sur une mutualisation des moyens sur le plan opérationnel.

 

 

 

 

 C’est qu’en effet, au-delà des mesures vigoureuses prises par le Gouvernement du Mali, il apparaît,  de toute évidence, qu’aucun pays de la région sahélo-saharienne ne peut, à lui seul, lutter efficacement et endiguer les nouvelles formes de menaces à  la paix et  à la sécurité internationales que constituent le terrorisme, le trafic de drogues, d’armes, d’êtres humains et les prises d’otages.

C’est pourquoi, le Mali a toujours prôné une approche globale et concertée des Etats de la région sahélo-saharienne pour faire face aux nombreux défis sécuritaires, notamment, auxquels ils sont confrontés.

 

La conférence sur la paix et la sécurité de Bamako : une initiative diplomatique pertinente et plus que  d’actualité :

Participe de cette dynamique l’initiative du Président de la République du Mali, Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, d’organiser, à Bamako, une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la région sahélo-saharienne.

 

Pour le Mali, cette conférence doit permettre aux Etats concernés de la région d’arrêter une stratégie commune visant à créer les conditions propices pour mettre fin à l’insécurité, au terrorisme et au banditisme transfrontaliers, favorisant ainsi la stabilité indispensable au développement harmonieux et à la prospérité de la région.

 

Nous nous félicitons, à cet égard, de la tenue, à Bamako en novembre 2008, de la réunion ministérielle préparatoire de ladite conférence et de la réunion d’évaluation tenue à Alger en mars 2010.

 

Toutefois, je voudrais ici et maintenant réaffirmer avec force que, face au caractère transnational des menaces nouvelles auxquelles ils sont confrontés, les gouvernements des pays de la région doivent transcender les malentendus et divergences conjoncturelles pour engager un dialogue sincère et constructif, seule alternative pour la mise en place d’une véritable politique de sécurité collective. Le Mali agit depuis toujours : Il est un maillon dynamique et déterminé de la lutte anti-terroriste sous-régionale. La preuve  à travers diverses initiatives prises par les hautes autorités nationales:

 

 

 

 

 Pour coordonner, suivre et évaluer la nouvelle politique de réduction de l’insécurité au Nord-Mali et de lutte contre le terrorisme, une Cellule opérationnelle a été instituée auprès du Président de la République.

 

De même, a été créé un Office national de répression du trafic de drogues et de stupéfiants, et renforcé le cadre normatif relatif à la lutte contre le terrorisme. Il me plait, à cet égard, de souligner l’excellente coopération entre le Gouvernement du Mali, l’Equipe spéciale de lutte contre le terrorisme de l’ONU et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime organisé (ONUDC).

 

Les responsables de ces deux entités ont effectué des visites au Mali et ont mesuré la détermination du Gouvernement du Mali dans la lutte contre le terrorisme et ses activités connexes.

 

 

Comment ne pas rappeler ici que, mû par une volonté politique réelle de renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme, le Mali a offert aux pays voisins un droit de poursuite sur son sol lorsque des actes criminels ont été commis sur leurs territoires par les groupes terroristes et autres réseaux criminels ?

Dans le même ordre d’idées, le Mali a proposé aux pays voisins concernés l’organisation de patrouilles mixtes le long des frontières communes.

Pour sa part, le Mali a créé des unités spéciales pour éradiquer l’insécurité dans ses régions septentrionales et lutter contre le terrorisme.

 

Monsieur le Président,

Terminant comme j’ai commencé, je voudrais réaffirmer ici que le Gouvernement de la République du Mali est résolu et reste déterminé dans la lutte contre le terrorisme.

 

A cet égard, nous apprécierons tout particulièrement  le soutien de la communauté internationale et autres partenaires à nos initiatives dans quelques domaines essentiels.

 

D’abord, celui de la formation des hommes, à travers la mise en œuvre de programmes d’éducation et de sensibilisation fondés sur le dialogue interculturel et interconfessionnel.

 

Ensuite, une attention toute particulière doit être accordée au renforcement des capacités institutionnelles, opérationnelles et logistiques en vue de la réalisation d’infrastructures de sécurité efficaces et de la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice.

 

Il va sans dire, enfin, que le financement de programmes de développement économique et social doit bénéficier d’un ordre de priorité élevé.

Il va sans dire, aussi, que la mobilisation de ressources financières adéquates constitue une impérieuse nécessité afin de permettre la réalisation d’infrastructures de base indispensables à la lutte contre la pauvreté et la marginalisation.

 

Ne l’oublions pas : le terrorisme, le trafic de drogues, d’armes et d’êtres humains, c’est – à – dire ces menaces nouvelles à la paix et à la sécurité internationales, sont des menaces transnationales. C’est donc ensemble que nous devons agir et agir vite pour les combattre.

 

Le Gouvernement de la République du Mali, qui reste ouverte à toute forme de coopération, sait pouvoir compter sur l’appui de l’ONU et l’accompagnement de la communauté internationale.

Je vous remercie de votre attention./.

 

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