Lampedusa : dans le ventre de la méditerranée

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Lampedusa : dans le ventre de la méditerranéeTout commence dans l’année 1992, des migrants veulent rallier l’Europe par les côtes africaines tunisiennes et libyennes, par le territoire le plus au sud de l’Italie, l’Île de Lampedusa. Elle  se situe précisément entre l’Île de Malte et la Tunisie non loin de Tripoli également. Ce territoire insulaire tourne sur lui-même sur 20,2 km² avec 6000 âmes qui y vivent. La tragédie de Lampedusa est une des grandes du début du XXIième siècle, lorsqu’on met bout à bout tous les naufrages. Environs 22000 sont morts en essayant d’atteindre l’Europe depuis 2000.

Les chiffres avant 2000

Nul n’ignore que depuis 1992 que le phénomène de l’immigration clandestine n’a faits que s’accroitre. Avec les derniers chiffres des naufrages répétés au large de la méditerrané, c’est désormais devenu une question urgente et brulante de réguler, ces pertes de vies humaines. Ajouté à cela, aujourd’hui, les mesures draconiennes de fermeture de frontières entre les pays d’Europe, le problème reste sans réponse et de réelles actions à trouver une solution. Parlant de ce drame, déjà à l’époque le plus gros taux de perte datait de noël 1996, l’année où 283, malheureusement ce chiffre est connu du public que bien plus tard. La tragédie prend toute son ampleur au début du siècle naissant, 283, se trouve multiplié par dix. On estime à 3000 morts pour l’année 2002. Et dix ans après tout s’accélèrent. Les instabilités politico-économiques des zones frontalières : la guerre au moyen orient, les printemps arabes, le départ de Kadhafi qui ouvre les vannes d’immigrés contenus jusqu’ici. Cela devait faire partie du deal entre l’occident et l’ancien régime libyen, tant qu’il contenait les potentiels clandestins, il aurait demeuré Roi pour l’éternité. Sauf qu’un petit nerveux est passé par là, on connait la fin de l’histoire. Et depuis les morts se comptent par centaines tous les mois.

Depuis octobre 2013

La méditerranée devient alors le plus grand cimetière à ciel ouvert : le 3 octobre 2013 500 migrants chavirent et fait 366 morts. L’opération militaire et humanitaire « Mare Nostrum » lancé en octobre 2013 par le gouvernement italien, recense 20 000 personnes secourus en 2014, pour cette même année, 170 000 migrants sont arrivés par la mer, dont 3200 morts repêchés. En 2015 65 000 migrants (jeune afrique) ont été secourus depuis le début de l’année  et 1 776 est le nombre de migrants portés disparus en mer Méditerranée depuis le 1er janvier 2015, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).[1] On estime qu’en moyenne toutes les deux heures immigrés meurt en méditerranée en 2015. Au-delà de l’émotion et des chiffres ne faut-il pas regarder la situation en face, que les pays du Sud et du Nord travaillent de concert pour trouver une solution viable pour ces candidats malheureux qui tentent l’ultime voyage au péril de leur vie ? Pourquoi un tel mutisme de la communauté internationale? Ceux qui meurent ne sont-ils pas des humains? Le monde en a le moyen, mais seulement quand les ressources de la planète est détenue que par 10°/° de la population mondiale (tout continent confondu), comme une évidence, la priorité se trouvera ailleurs que dans la méditerranée.

Les raisons du départ

Que vont-ils chercher de l’autre côté ? L’espoir doublé de dignité. L’espoir d’une vie meilleure et d’une dignité retrouvée. Exister socialement. Quand les ressources ne sont plus suffisantes autour de soi, l’homme en perpétuel marche en avant, se rend où la terre peut lui sembler douce. C’est le moteur de tous les grands mouvements migratoires de la planète de l’homme des cavernes au temps ultra moderne. Pourquoi partir doit être réservé aux seuls diplômés aux seuls privilégiés de ce monde ? Parce que le monde post-moderne à instaurer son modèle sur cette unique mode de pensée. Même là tout dépend de quel côté de la barrière on est placé, ce n’est d’ailleurs pas parce que l’on arrive diplômer en Europe que l’on peut aspirer à un travail à la mesure de ses compétences universitaires. Cela nous plonge dans l’autre problème qui est que l’Europe n’arrive plus à assurer à ses natifs une sécurité professionnelle à fortiori aux nouveaux arrivants, la crise économique persistant. Les réfugiés qui arrivent par millier sur les côtes européennes sont également poussés du ventre de leur pays vers celui de la méditerranée à causes des guerres qui les déchirent, qui en soi un drame humain.

A l’arrivée

A l’arrivée plusieurs d’entre les migrants ont une à deux années d’attente dans l’espoir d’être considérés comme réfugiés. Des attentes insupportables car dans l’imaginaire collectif de ces aspirants, une fois le rideau maritime franchi lorsqu’on n’y périsse pas, il y a du travail pour tout le monde. La réalité sur place est tout autre, manque de perspective d’emploi, aujourd’hui même pour des métiers tertiaires il  faut être diplômé. Bonjour la débrouille, vente à la sauvette, prêt de carte de séjour d’autrui, donc socialement perdre toute identité propre. L’Europe n’est plus ce qu’elle était à l’époque des trente glorieuses, où il y’avait de l’emploi pour tout le monde, l’optimisme de l’après-guerre boostait tout sur son passage.

Les responsabilités politiques

Les politiques d’immigration européennes sont dépassées par les arrivées. C’est le cas de l’Italie mais chaque pays bordant la méditerranée a son lot d’impossibilité de régulation. Certes il manque une chose, le travail en commun accord, pour que chacun d’entre nous puisse accéder à une dignité chez soi ou ailleurs. Le sujet divisant les différents partis politiques de Droite et de Gauche en Europe, sans parler du manque de répondant des politiques africaines, il sera très difficile de mettre en place une politique d’immigration humaniste.

En outre les politiques africaines du sud du Sahara sont occupées à combattre les groupes djihadistes le naufrage de leurs ressortissants passe pour un problème mineur. Nous avons entendu l’émotion de la communauté internationale, après les récents naufrages des dernières semaines, l’Union africaine demeure toujours muette face à la situation. Quoi que ces jeunes morts ou partis, restent un poids en moins dans les politiques intérieures des Etats africains.  Plus de 20000 morts, il ne s’agit plus d’une urgence, mais plutôt d’une nécessité vitale à trouver une solution.

Que faire

La stabilité d’une partie du monde dépend de l’autre inévitablement, embarqué dans ce qu’on appelle la mondialisation, nos destins sont plus que jamais scellés. La réussite de l’une est celle de l’autre ainsi que son échec. Tant que le Sud sera instable le nord aussi le sera. Il est plus que temps de mettre en place une politique réelle de gagnant-gagnant pour toutes les parties. C’est-à-dire, doter tout un chacun des mêmes chances de prendre l’ascenseur social. Bien que n’ayant pas les mêmes naissances c’est utopique de penser qu’on aura les mêmes perspectives, cela marcherait dans le meilleur des mondes, ce n’est pas le monde dont on a hérité. Hélas ! En revanche, si l’éducation institutionnelle est la même pour tous, d’excellente qualité, ça pourra niveler vers le haut. Tout Etat non pourvoyeur de sécurité minimum sociale : travail, santé, suffisance alimentaire et égalité d’instruction, aura échoué, échoue et échouera toujours.

Dia Djélimady SACKO (De France)

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Nous devons d’abord nous poser les bonnes questions.
    je pense que le risque de mort de ces gens sont entrain de prendre est l’image direct de ce qui se passe dans leurs pays. Pourquoi selon vous quelqu’un est prêt à faire face à la mort? C’est parce qu’il est convaincu que la mort se trouve derrière lui.
    tôt ou tard, nous serons obligés de prendre nos responsabilités. si on fait pas avec gré, cela s’imposera à nous où on fera malgré.
    nous avons l’obligation morale aujourd’hui de dénoncer l’injustice sociale
    même si on pointe des fusils sur ces gens, ils vont avancer. si on tire sur eux, ils vont avancer. autant chercher à savoir ce qui est derrière eux. tant qu’ils sont pas tranquilles, personne sur cette terre ne sera tranquille. donc cette prise de conscience on la fait pour nous même.

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