Mes propositions pour un Mali coura : “Le Mali est à la croisée des chemins”.

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Cette phrase longtemps prononcée par les politiques de tous bords selon les positions et les intérêts du moment, sans entreprendre de façon substantielle des mécanismes pour la combattre, n’a jamais été aussi vraie, aussi manifeste que cette dernière décennie. Actuellement, au Mali nous sommes au bord de l’apocalypse, au pied du mur.

Ce pays de Modibo Keita, jadis admiré, respecté et craint s’est confié à un système qui l’a placé sous perfusion. Affects et émotions de côté, sans pédantisme ou prétention aucune, en bon enfant de la République,tenant à apporter sa contribution pour un Mali nouveau, ne pouvant se dérober de l’expression de la responsabilité et du devoir patriotique, en pur produit de l’école publique malienne, j’ai emprunté au chirurgien son scalpel pour disséquer voire dépecer les idées, les goulets, les maux qui étranglent, minent et tenaillent ma patrie.

Le Mali coura tant rêvé et chanté, exige de dépasser les clivages politiques traditionnels, inadéquats et inaptes à résoudre les problèmes du pays,qu’on sorte des conceptscreux, du populisme, du nihilisme et de la démagogie, en rompant avec les faux débats et autres oppositions stériles.

L’histoire nous apprend qu’à chaque fois qu’une société humaine a effectué des avancées qualitatives majeures, le soubassement est parti à la fois d’un besoin, d’expression de besoins et de problèmes mais d’une forte prise de conscience de ceux qui sont dans l’autorité. Il faut croire en nous parce que, manifestement, on est arrivé à cultiver un sentiment de haine de soi.

Il faut savoir que le pessimisme et la suspicion sont des humeurs à partir desquelles il est impossible de construire et d’avancer. L’optimisme, lui, est un état d’esprit qui, seul, permet de surmonter les difficultés et de franchir les obstacles.

Il nous faut une introspection car on nous a imposé un système à l’origine de ce système de gouvernance qui n’est pas le nôtre, qui ne nous permet pas d’exprimer nos talents, notre compétence quel que soit notre engagement patriotique, notre volonté, notre rigueur et notre aspiration au travail bien fait.

Il faut que nous nous ressaisissions et essayions de dégager, autant que possible, une compréhension objective et partant d’une solution objective. A mon humble avis, l’une de nos faiblesses majeures, c’est notre rapport avec la politique ou aux politiques. Nous n’avons jamais évalué notre rapport avec le système colonial pour dégager une perspective malienne, j’allais dire africaine de ce que devait être la société à construire. Quel type de société nous voulons ? Quels objectifs et quel type de développement nous faut-il ? Comment allons-nous coopérer avec les autres sachant qu’on est dans un monde de plus en plus interconnecté ? Qu’avons-nous décidé de faire de notre destin ? Pour faire cela, que faire ?comme disait Lénine. Quelle spécificité il faut garder à tous les coups ? Quels objectifs il faut atteindre et comment le faire ?

Que faire et comment faire pour doter aux actuelles et futures générations de jeunes de ce pays d’un niveau de capacités, de connaissances, de compétences qui leur permettront d’être compétitifs à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ? Comment les doter d’une culture malienne, d’une culture africaine, d’une culture de l’humain avec toutes les valeurs qui guideront nos consciences et actes en toute chose, en tout lieu et en toute circonstance ?

Nous avons hérité d’un système de gouvernance que le colonisateur nous a légué et que la classe politique, d’hier à aujourd’hui, dans son ensemble à perpétué en l’aggravant. Le système de Modibo Keita à Bah N’Dao est un système de privilège.

Dans notre société c’est le statut social qui détermine la participation au pouvoir et le bénéfice qu’on en tire. On a renforcé un système hybride complètement aux antipodes de nos valeurs de solidarité, de développement communautaire, de nos valeurs qui mettent le collectif au-dessus de l’individu, le général avant le particulier.

Depuis trente ans, on patauge dans un système, qui nous dit que le moyen le plus rapide de s’enrichiret de se mettre en valeur, c’est de faire de la politique. Ainsi,on a fini par créer une espèce de monstre qui vit, use et abuse de l’autorité que lui a confiée la collectivité.C’est ce système qui a fait qu’on assiste, aujourd’hui, à cette paralysante crise de citoyenneté.

Pour ne pas faire du Mali un pays de prébendes, il est temps de s’arrêter et de réfléchir sur le modèle de société que nous voulons. À partir de quels mécanismes de jeu politique ? Comment structurer et équilibrer les différents pouvoirsde l’Etat (pouvoir judiciaire,pouvoir législatif et pouvoirexécutif). C’est cela qui contribuera à la réglementation de tous autres appareils (politiques, réglementaires etc…)pour faire en sorte qu’on s’accorde sur l’essentiel c’est-à-dire ce qui nous est commun et qu’on y veille en renonçant à tout ce qui est prébendes, privilèges et avantages qui ne favorisent pas l’éclosion d’une République de tous, une République pour tous.

On a fait un système de gouvernance qui n’est pas à l’écoute des palpitations dupeuple. Un système où des personnes qui arrivent souvent au sommet n’ont aucun mérite. Dans ce système, c’est une minorité de leaders/dealers souvent illégitimes et qui, de surcroît, n’ont aucune assise ni sociale, ni scientifique, ni politique, ni économique qui nage au-dessus du plan de masse. Ils écrasent tout le reste, s’affichent de façon ostentatoire et arrogante grâce à la complicité d’une certaine presse qui piétine la déontologie journalistique.

Pour ne pas faire du Mali un pays de prébendes, il est temps qu’on redistribue de façon plus équitable les ressources publiques car la classe qui subit le plus les contre-coups, la mal gouvernance dans notre pays depuis l’indépendance, c’est la classe moyenne. Il est temps qu’on réfléchisse sur notre modèle de gouvernance et certains éléments d’angles morts de notre République :

  • Notre modèle électoral : Le Président de la République est élu avec moins de 2,5 millions d’électeurs. C’est une majorité en terme électoral, en termes de démocratie mais c’est une minorité sociologique lorsque la population est estimée à 20millions d’habitants. C’est pourquoi même des petites secousses vont tanguer le navire.

Pour ce qui concerne notre secteur privé et économique, les statistiques montrent que, ceux qu’on appelle les champions nationaux sont ceux qui sont passés par les mailles du filet et qui ne sont pas passés par le système classique, scolaire universitaire qui leur promettait une réussite propre. Ce sont des gens qui ont fait un pied de nœud au système, qui ont réussi d’autres valeurs et qui sont, aujourd’hui, les champions économiques. Mais la démocratie malienne institutionnalisée ne leur voit pas.

Comment développer un pays en mettant de côté ceux qui sont les meilleurs en termes d’entreprenariat économique ? C’est parce que nous avons un système qui nous dit que si vous ne parlez pas français, vous ne faites pas partie du système. C’est ce qui fait qu’on tue et étouffe les intelligences, la créativité et l’esprit d’entreprenariat. Comment gérer un pays,où 95% de ceux qui sont actifs sont dans l’informel, sur la base de lois d’économie formelle ?

Concernant les religieux, citoyens à part entière, ils sont, aujourd’hui, mis à la marge de la République, dans l’angle mort de la République parce qu’ils n’écrivent pas de la gauche vers la droite mais de la droite vers la gauche ou ne s’intéressant pas à la chose politique. Aucune décision majeure ne peut se prendre sans eux et pourtant ils ne sont pas dans le processus formel de décisions administratives.

Enfin concernant le Président de la République, on a introduit dans notre constitution qu’il faut savoir lire et écrire pour être Président de la République. Il est évident que dans le système actuel, à nous imposé, il le faut mais ce n’est ni notre histoire ni notre pays. L’intelligence n’est pas déterminée par la langue qu’on parle.

La nouvelle donne exige de dépasser nos égos et à nous poser des questions : A quoi sommes-nous prêts, pour quels efforts et pour quels sacrifices, pour aider notre patrie à s’en sortir ? Cartes sur tables. Tous masques laissés au vestiaire.

En l’absence de cette impérieuse interrogation, le Mali peu à peu s’affaisse. Pas simplement à cause des débats vaseux et oiseux, mais sans doute à cause des oppositions surannées et rancunières, avec ses égoïsmes et ses corporatismes, ses frivolités et ses enfermements, ses illusionnistes de confort et des aveuglements partisans, ses certitudes binaires et ses exclusivismes manichéens.

Le Mali coura a besoin d’un vaste et puissant transfert du passif à l’actif, du négatif au positif, de l’immobile au dynamique, de ce qui pèse à ce qui propulse, de ce qui plombe à ce qui soulève. C’est cette mobilisation de nos forces vives qui détermine cette résurrection tant prônée et attendue par le peuple. Elle ne sera pas, cette résurrection, la résultante laborieuse de reculades tactiques répétitives, de compromissions permanentes et de décisions molles. Elle ne s’épanouira ni dans la flasque ni dans le flou. Le Mali coura nous appelle à ce qu’on jaillisse des tranchées, qu’on renverse les barrières et les murailles, qu’on franchise les lignes de démarcation pour qu’à chaque chose, nébuleuse ou douteuse, jaillisse la lumière et apporte le développement tant attendu.

Ainsi libérés de tous les clivages, les bâtisseurs du Mali coura, de tous horizons, se fédèreront autour d’un projet, d’une perspective, d’une direction, d’une finalité et d’une volonté pour enfin asseoir et consolider l’alternative. Le coup d’état n’est pas une panacée. Il ne résout pas tous les problèmes latents et ne supprime pas tous les risques potentiels pour reprendre Babacar Justin N’Diaye.

La nouvelle donne exige de nous introspection car on est arrivé à tuer en nous des valeurs pour faire émerger la course à la sauvegarde de soi.

ABDOULYE MAIGA

Etudiant, citoyen malien.

Tel : +223 71134285

Email : [email protected]

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8 COMMENTAIRES

  1. Le problème du Mali c’est le manque de labeur et d’honnêteté ! Qui peut prétendre le contraire ?
    Tu vivra à la sueur de ton front ! Ordre divin !
    Le Mali vit à la sueur des bailleurs de fonds ! Un mendiant est toujours au bas de l’ échelle !
    Travaillons et prenons de la peine , c’est la seule alternative pour sauver le Mali !
    Fournir de l’effort pour réussir est une loi divine qui s’ applique à tous , croyants ou non !

  2. 😊😊MON COUSIN MAIGA, APRES BOUBEYE, CHOGUEL ET DRISSA, ENCORE!😊😊

    !!!UN MALICOURA A LA MAIGA! HAHAHANANANAMAMAMAMABABABABABA!!!

    • Tres bien dit FAAROHW, on va donner une chance a ton nouveau cousin cas-meme! Peut-etre que lui sera kurakura ni que ces vieux vautors!

  3. Qui a creer le mali? C’est un autre pays qui a creer le mali. voici la source du probleme.
    Aucun pays au monde sans sa propre ecriture, langue, n’a pu se developper.
    les pays arabes ont leurs propre ecriture.
    les anglais ont l’anglais.
    la france ont le francais
    les chinois ont le madarin
    Il n’ a aucun pays en Afrique noire qui peut se developper.

    • Alan, le Bengladesh, le Nepal, le Sri Lanka, le Bhutan, le Pakistan, l ‘Afghanistan, etc ont tous leur langue et ecriture mais parmi les moins developpes au monde, arretes de raconter des aneries!

  4. Mali Koro plutôt, car les perspectives qui devraient nous permette de bâtir une nation se sont métamorphosées au détriment d’autres considerations étrangères. On s’est mis dans la peau de l’autre, sans jamais pu devenir l’autre ni nous mêmes.

  5. Je prefere MALI KORO ou’ l’honneur et la dignite’ avaient une tres grande place! MALI KORO N’AVAIT PAS DE FONCTIONNAIRE MILLIARDAIRE!
    WALAY LE MALI PEUT ETRE REDRESSE’!

  6. Maiga, tu as tout dit sans avoir touche a l’essentiel car tu n’as pas parle de notre systeme scoaiel or c’est notre structure sociale qui determine nos politiques, notre Nation et notre Etat tout le contraire de ce qui se passe en France car la-bas c’est l’Etat qui determine la direction de la Nation alors que chez nous c’est le contraire c’est la societe Castee, Segregationiste, Discrminatoire et Communautariste ou le merite n’existe pas car les enfants ne naissent pas egaux qui est a la base de tout notre malheur et ce n’est pas un systeme social herite de la France loin de la, c’est facile de pointer le doigt ailleurs mais regardons-nous dans le mirroir et allons nous demander si nous voulons un Mali Kura ou des Maliden Kuraw?

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