LE SPHINX : La question de la classe sociale du président n’est pas républicaine

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           L’une des questions traitées par les auteurs du sphinx, livre anonyme paru depuis la France sur le Président ATT, est celle de la classe sociale du Président de la République. Le sphinx traite ATT d’homme de caste ou de classe inférieure, pourtant il est Président depuis 4 ans et dirige l’Etat pour la deuxième fois. En quoi une telle affirmation (qui reste à vérifier) peut faire avancer la République. Elle n’est pas républicaine et pourtant ce ne sont pas des faiblesses qui manquent dans le bilan du Président. Il aurait plus simplement attaqué le bilan, au lieu de se cloisonner dans des considérations qui ne sont pas forcement celles de la république.

            Le débat qui a éclaté depuis bientôt un mois alimente les causeries dans les milieux intellectuels avec de farouches discussions qui opposent les partisans et les détracteurs du concept.

            D’abord en faisant paraître un livre sous l’anonymat, il est clair que les auteurs ont atteint un premier objectif celui de faire intéresser les Maliens. Dans les nombreuses discussions, rares sont les citoyens qui ont lu ce livre, pourtant toutes les discussion sont sur le livre. C’est à ce niveau que l’on comprend que la promotion a été munitieuse, mais à quelle fin ? Bien sûr celle de déstabiliser le régime en place à Bamako avec  son corollaire de soutien unanime. Le rôle de toute opposition et adversaires politiques est de porter de tels coups médiatiques. Dans cette logique il y a toute une série de stratégies avec différentes phases d’exécution. Le Général président a reçu un coup méchant, surpris il doit certainement être en train de préparer la riposte. Faire intéresser les Maliens aux Maliens et cultiver le mystère autour du document est donc une réussite. Pourtant le bilan des 4 ans déjà effectués dans le premier mandat du président ne manque pas de faiblesses sur lesquelles on aurait mieux agi avec  des critiques constructives. Mais que peut régler une évocation de la classe sociale du président de la république. C’est à ce niveau qu’apparaît clairement la faiblesse du contenu du livre aussi bien dans la forme que dans le fond.

            Le débat sur la classe sociale dans les sociétés humaines est récurrent mais très souvent évoqué en difficulté par les tenants d’une telle idéologie. En France à un moment donné l’histoire de Bernard TAPIS a fait beaucoup de bruits, parce que l’on a pensé que ses  ennuis judiciaires avaient un lien avec ses ambitions politiques voire présidentielles. De façon unanime l’on pense que TAPIS a été victime ourdi par la société Française. A la différence de la France et peut être là aussi tout le génie de l’homme on a empêché TAPIS d’accéder au pouvoir. Au Mali le président ATT qui est accusé d’être de classe inférieure est à sa deuxième  fois à la tête du pays. Cette fois si il y est arrivé à la suite d’élection démocratique et à l’issue d’un deuxième tour après un 1er tour décisif. Alors que vaut une accusation d’homme de caste  à l’égard d’une telle expérience.

            L’attaque d’homme de caste proférée à l’égard du président de la république est la manifestation notoire de capacité de critique d’intellectuels en panne d’inspiration. La république n’est aucunement ébranlée, elle est attaquée à travers son président qui est insulté, diffamé, incité à la réplique au nom de la seule volonté de conquérir le pouvoir. Le président de la république a aussi le malheur d’avoir le soutien unanime des forces vives de la Nation. Les adversaires (il en faut) sont décidés, à travers des méthodes mettant en danger la république, à user de moyens pour accéder au pouvoir.

            La démarche savamment élaborée à quelques encablures des élections générales de 2007 vise clairement à jouer sur le scrutin surtout présidentiel à venir. Ce n’est pas l’évocation de telle affirmation qui va décider de l’avenir du Mali et surtout l’initiative sournoise d’individus mal intentionnés. Le sort des élections générales  ne sera pas déterminé par un livre de surcroît mal inspiré et à la problématique confuse.

            Le Sphinx constitue incontestablement un tournant dans la vie politique à la veille de 2007 ; le livre qui sous d’autres cieux est un non événement, tellement il est plat ici c’est une formidable occasion de débat dans un environnement exempt.

            Après l’expérience du manifeste, celle du Sphinx est sur la sellette, les Maliens dans leur majorité attendent plutôt des questions plus réalistes pour un confort de la démocratie.

            Mais quelque part il semble désormais établi que le président ATT a une conception très démocratique de la république jusqu’à dépasser la plupart de ses concitoyens dont certains ont du mal à suivre le mouvement.

            En attendant les ajustements nécessaires, il serait déjà opportun pour le Président de revoir sa copie et de disposer de l’ensemble des leviers au seul bénéfice du Mali.

Youba KONATE

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