CIRCULATION ROUTIERE A BAMAKO : Eviter de jouer à la politique de l’autruche

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Depuis quelques semaines, l’ORTM fait vivre aux Maliens sur le petit écran, les coulisses de la circulation de Bamako et les difficultés que rencontrent les usagers des grandes artères de la capitale. L’idée en, elle-même, est la bienvenue surtout pour qui empruntent régulièrement les avenues de la capitale. Cependant, ce qu’il faut dénoncer, ce sont les solutions, à notre avis trop faciles, qui sont proposées pour lutter contre les embouteillages et autres

Le Mali, que traverse le tropique du cancer, est le plus vaste pays d’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 1.240. 192 km. Il couvre onze millions neuf cent cinquante six mille sept cent quatre vingt et huit mille  habitants (11. 956.788hbts) soit une densité moyenne de 9,8 hbts au km². Bamako, la capitale dépasse à elle toute seule  un million d’habitants. Cette densité démographique se perpétue sur la circulation routière de la ville. Bamako se caractérise par sa simplicité et son hospitalité. Elle est le point de rencontre et d’échanges des Maliens et la ville de repos de nos voisins frontaliers.  Bamako donne l’impression d’une ville dont les citoyens ne dorment jamais.

A tout moment, ils se trouvent sur leur pied et très tôt dès l’aube, fonctionnaires, commerçants, démarcheurs et autres regagnent le centre ville pour leur besoin. Les moyens de transport pour faciliter le déplacement entre les deux rives sont divers. Voitures personnelles, transports publics, motocyclistes sont les principales locomotives de transport dans la ville. Des autorités politiques aux simples citoyens, chacun vise un objectif bien déterminé. Impatiens d’atteindre cet objectif, les usagers de la circulation rendent la ville tourbillonnante et s’exposent à plusieurs dangers. Il n’est pas de jour où les hôpitaux de Bamako ne soient remplis de blessés graves et qui régulièrement tournent à la tragédie.

Ces tragiques pertes ont choqué plus d’un. Le Président de la République Amadou Toumani Touré avait lui-même tenu à intervenir sur la question après les deux accidents mortels intervenus sur la route de San. Il a durant des heures tenu un discours  de responsable à travers lequel tout le monde pouvait se voir interpeller. " Je n’avais jamais vu A.T.T aussi énervé en public comme tel a été le cas ", s’est exclamé un citoyen. Les autorités Maliennes cherchent des alternatives pour la protection des citoyens. Les policiers maintiennent le contrôle dans presque tous les carrefours giratoires (les points les plus accidentels de Bamako). Parallèlement à cette disposition de force, l’ORTM diffuse chaque Samedi une émission sur la circulation routière en vue de sensibiliser et de faire apprendre aux usagers le code de la route.

Comme si cela ne suffisait pas, depuis la veille de la fête du Ramadan, l’ORTM, encore une fois, s’engage sur la voix de la sensibilisation en effectuant un micro-trottoir. Le journaliste est à la fois un chercheur, un enquêteur, et un écrivain. Il est bon d’écouter d’autres chaînes internationales, se référer sur le même thème mais encore, il faut avoir cet esprit d’analyse du chercheur, faire la part des choses et suivant votre analyse, poser des questions concrètes qui aboutissent à des réponses palpables qu’ il faut  dénoncer sans crainte. Il a lieu de se poser la question de savoir ce qui se trouve à la base du désordre de la circulation  au Mali. Est-ce une question de démographie ? Certainement non !

La réponse à ces questions nous démontre instinctivement le fléau qui active la croissance des accidents dans notre circulation. La démocratie qui se définit comme étant la chose publique est mal perçue dans notre pays. Les citoyens qui normalement devraient s’engager à bien préserver la chose publique sont ceux qui participent à sa destruction. Le Malien, surtout en grande partie, les Bamakois manquent de respect devant l’autorité publique et pour les règles sociales. Au problème de " Raï-Da ", en passant par celui de la circulation ou tout autre,  l’inconscience, la malhonnêteté et l’absence d’une autorité politique forte, responsable et répressive expliquent ce désordre. Le problème de la circulation au Mali s’explique uniquement par l’incivisme. Les pouvoirs publics, responsables de la protection des citoyens assistent impuissants à ce désordre. Ils sont animés d’un sentiment de peur et de honte parce qu’ils sont les premiers responsables, ils corrompent, et détournent les fonds alloués à la construction des routes à des fins personnelles.

Contrairement à ce que l’ORTM veut nous faire croir, le problème de la circulation en Afrique et plus particulièrement au Mali ne se pose pas sur le plan de l’âge de la fabrication des véhicules, mais se situe sur un plan d’éducation civique et un manque de responsabilité politique. Les journalistes de l’ORTM auraient dû écouté l’émission de Alain Faucas, journaliste à Radio France Internationale (RFI) sur la pollution de l’environnement du continent Africain par les voitures occidentales qui datent généralement de dix ans pour avancer cette proposition.

Ce qui est à souligner, c’est que ces voitures, bien qu’elles soient vieilles, sont avant leur mise en circulation en bon état. Ce n’est même pas l’état de la voiture qui pose problème, la question est de savoir pourquoi il y a trop d’accidents dans notre pays. Nous assistons à un nombre élevé d’accidents parce qu’il reste des choses à éclaircir. Ce n’est pas parce que plus de motos ou trop de voitures circulent à Bamako. Certes Bamako est pleine de Motos, mais elle n’est pas à comparer au Burkina Faso où la moto constitue un luxe. Plus de la moitié de la population circulent sur la moto. Pourtant, le Burkina Faso n’enregistre pas plus de cas d’accidents que le Mali ; loin de là. Nous pouvons avoir de belles voitures, des véhicules en grands nombres mais pas plus que le Nigeria (pays le plus peuplé d’Afrique). Ce qui explique également que c’est loin d’être une question démographique.

L’Afrique est riche, mais mal gérée. Le peuple africain ne bénéficie pas de cette richesse. Elle est la poubelle de l’Europe, de l’Amérique et d’Asie. Nos maigres moyens ne peuvent nous aider qu’avoir l’intérieur de la poubelle. C’est pour dire qu’il est excessivement difficile pour un africain d’acheter une voiture toute neuve. De nos ministres, en passant par les citoyens, notre salut ne se trouve qu’en optant pour une politique réfléchie. Quant on a rien, il faut faire la politique de ses moyens.

Le plus grand problème de notre continent depuis l’indépendance, a été de brûler les étapes et il se trouve que jusqu’à présent certains seraient capables de brûler les étapes. Le cas du Mali est encore précaire. Il est le reflet de l’incivisme du sommet à la base. Le pouvoir public doit être plus responsable ; qu’il poursuive jusqu’au bout ses initiatives. Voilà cette part de responsabilité qui manque à l’Etat. Pour illustration, nous pouvons noter le cas du port des casques. Il y a trois mois, la fièvre était tellement grande dans notre capitale que la revue " ESSOR " n’a pas hésitée de lui consacrer un numéro. Cette politique permettait à d’autres jeunes sans emplois de gagner leur vie. Aujourd’hui où en sommes nous ?

Il ne s’agit pas de retirer les vieilles voitures datant de cinq à dix ans dans la circulation. Ce retrait sera très difficile étant donné que nos ministres même circulent dans ces vieilles voitures. L’important pour nous, c’est d’éduquer et de punir. Sensibiliser les usagers sur l’avantage du respect du code civil, le port des ceintures dans la voiture, le port des casques. Enfin punir, ceux qui ne respectent la règle.

Enfin pour que la population respecte les normes juridiques, sociales, et se conforment au code de la route pour leur sécurité et la sécurité de leur concitoyen, il paraît important pour les dirigeants de donner l’exemple. Tant que cette responsabilité n’est pas assumée, il n’y aura point de civisme et l’imagerie populaire serait " Nous ne sommes pas maudits. On vit dignement respectant les normes mais ils nous corrompent et s’enrichirent sur notre dos". Ce sentiment n’aboutit qu’à une révolte. " Le pintade suit la nuque de son chef " dit un adage de chez nous.

Mamadou Senou

 

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