Législatives en Commune IV : Les raisons de l’échec de Moussa Mara

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Le président sortant de l’Assemblée, Ibrahim Boubacar Keïta élu député au seconde tour des législatives en commune IV du District de Bamako avec 8 613 voix (51,59%) contre 8 082 voix (48,41%) pour son challenger, l’indépendant Moussa Mara (expert comptable) soit avec une différence de 513 voix (3,18%). Cette défaite du jeune Moussa Mara s’explique par plusieurs raisons selon que l’on soit du côté des partis politiques ou de la société civile.
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La réussite de la liste Moussa Mara au sortir du scrutin du 1er juillet dernier a donné beaucoup à réfléchir aux partis politiques de la place. Ils n’ont  trouvé autre chose que de venir en aide à l’un de leurs, le Rassemblement Pour le Mali d’IBK. Car selon eux, à ce rythme c’est la survie des partis qui était en jeu, le 2ème tour des législatives a dépassé la seule compétence du RPM pour devenir une affaire de toutes les formations politiques hors course en C IV. C’est pourquoi, elles se sont mobilisées autour de la candidature d’IBK afin qu’il soit réélu député.  Aussi le second tour des législatives en commune IV était-il devenu une préoccupation des partis politiques qui ont tu toutes leurs querelles, voire leurs mésententes pour se donner la main et œuvrer ensemble pour la victoire d’IBK. D’où leur appel à voter la liste RPM à la veille du scrutin.

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La section IV Adema-Pasj qui a pris la tête de la coalition anti-Mara, justifie son soutien par le fait qu’il faut toujours œuvrer pour la promotion des partis politiques, acteurs incontournables de la démocratie. Cette décision s’inscrit dans le cadre des résolutions de la conférence nationale de l’Abeille solitaire qui privilégie la promotion et le renforcement des partis politiques. Au-delà de cette aide, les Abeilles souhaitaient récolter les fruits, en un mot le  retour de l’ascenseur (aide réciproque). En plus on n’a pas pardonné à Mara ses brefs séjours dans la section. Le jeune Mara avait milité à l’Adema avant de démissionner.

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Faut-il soutenir IBK ou Mara ?

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Au sein de l’Adema les avis étaient partagés. On a constaté que tous les membres du comité exécutif n’étaient pas au parfum de la nouvelle de la section IV, en particulier le secrétaire politique, Seydou Traoré qui n’a pas du tout apprécié l’initiative de cette section. Et pourtant la direction nationale de l’Adema avait donné mandat aux structures locales de négocier les alliances avec les partis sur le terrain. Certains responsables politiques estimaient aussi qu’une éventuelle défaite du président de l’Assemblée nationale équivaudrait à un recul de notre démocratie. Ils se demandaient comment  la communauté internationale allait qualifier notre démocratie ?

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Pour ces politiques, il était inadmissible que Moussa Mara réussisse à humilier IBK dans son fief électoral, alors qu’à la présidentielle d’Avril, aucun candidat (même le président plébiscité) n’avait pu battre, le leader du FDR ? Des bruits ont couru partout appelant les communards à freiner l’ascension de Mara en épargnant notre démocratie d’une « dérive » selon eux. Avec IBK à l’Assemblée, le régime aura un leader d’opposition qui pourra jouer son rôle avec la promesse du président de la République, ATT de donner un statut au principal leader. Donc Moussa Mara ne devait pas passer car il ne pourrait pas jouer le rôle dévolu à l’opposition. 

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On reproche à Mara d’avoir trop parlé. Les partis lui reprochaient de les traiter de tous les péchés d’Israël dans la presse. D’où le sursaut local pour lui prouver qu’ils restent le maître du jeu politique dans notre pays. Toutes ces considérations ont milité en  la faveur du président sortant de l’Assemblée Nationale, IBK et en plus l’opération 1000 électeurs pour IBK a aussi favorisé la réélection d’IBK. Il s’agissait de faire venir des électeurs des trois communes de Bamako pour renforcer l’électorat RPM de la Commune IV.   C’est ainsi que des citoyens de la commune IV pour faire la différence auraient adhéré à cette thèse, à la dernière minute, et auraient voté contre Mara. Mais contrairement à ce que les gens pensent l’appel des partis politiques n’a pas eu un écho favorable. Car le report de voix n’a bien pas marché. Si c’était le cas la liste Moussa Mara n’allait pas avoir plus de 40%.

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La classe politique doit savoir qu’il faut compter désormais avec les indépendants dans la commune IV. Pour la simple raison qu’ils représentent une force incontournable. On se rappelle qu’aux élections municipales de 2004, deux listes indépendantes étaient révélées en obtenant respectivement 16 conseillers (8/8). La liste de Mara avait été injustement disqualifiée. L’une des têtes de liste ambitionnait de devenir maire de la Commune, il a fallu une forte coalition des partis politiques pour porter Issa Guindo, conseiller RPM, à la tête de la mairie. D’ores et déjà le challenger d’IBK a décidé d’accepter sa défaite, il n’a pas déposé de requête auprès de la Cour Constitutionnelle. Il estime que « si IBK peut se satisfaire de cette victoire honteuse, grand bien lui fasse. »

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Birama Touré

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