ACCES A L’EAU POTABLE AU MALI : Un défi qui nargue le discours politique

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Sur une population de plus de 12 millions d”habitants, près de 5,5 millions de Maliens sont encore privés d”eau. Un paradoxe vu les « moyens » investis par le gouvernement ces dernières années.

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Ce samedi soir, il est zéro heure dans une famille de Kalabancoura/ACI. Une bonne partie de la smalah est rassemblée dans le salon pour suivre un film hollywoodien. Et soudain, un jeune s’écrie : « le robinet coule à nouveau ! » La situation n’a rien d’insolite dans ce nouveau quartier. « Cela fait près de 48 h que nous n’avons pas eu une goutte d’eau au robinet. C’est avec la voiture que les enfants nous ravitaillent en eau à partir de la partie du quartier qui ne connaît pas encore la pénurie », témoigne la mère de famille.

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Mais, le bonheur est de courte durée. Moins, deux heures après, l’eau ne coule qu’au compte-gouttes. « Nous avons au moins réussi à remplir une barrique. Cela peut suffire pour les besoins urgents de la journée de demain. Mais, je vais veiller parce qu’il est possible que l’eau coule à nouveau », souligne un jeune de la famille. Dans le quartier, ceux qui ont un puits sont aujourd’hui des bienheureux.

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Plus heureux que ceux des 1008-Logements de Yirimadio où la situation est quasi-dramatique. « Cela fait 48 h que mon employé de maison veille en guettant l’eau au robinet. Hélas, rien ! Nous sommes obligés de nous approvisionner avec des bidons transportés à moto à partir de Faladiè ou Sogoniko », indique une amie qui vient d’y emménager. De nombreux quartiers de Bamako vivent aujourd’hui le calvaire de la pénurie d’eau. Ne parlons pas des zones périphériques.

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Cette pénurie contraste avec les données fièrement communiquées vendredi dernier (31 mars 2007) par le Premier ministre dans la synthèse des « Réalisations du gouvernement » du 8 juin 2002 au 31 mars 2007. Au point 4 des infrastructures, on nous rappelle que « des efforts importants ont été effectués afin d’améliorer la distribution d’eau à Bamako ».

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Nous vous faisons l’économie des chiffres en rapport avec la réalisation ou la réhabilitation des forages. Mais, sur la période indiquée, le gouvernement a investi environ 30 milliards de F CFA pour faciliter l’accès à l’eau potable dont près de 7,5 milliards pour la seule ville de Bamako.

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Qu’est-ce que cela a changé ? Posez plutôt la question aux habitants des 1008-Logements de Yirimadio, de Kalabancoura, de Niamakoro… Le département chargé de la question est très habile quand il s’agit de manier les chiffres pour cacher le fait que sa vraie priorité aujourd’hui est l’or et la recherche pétrolière plus prometteurs en termes de retombées financières.

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Difficile de nier les investissements du gouvernement en la matière. Mais, on peut douter que les sommes en question aient été judicieusement investies. Sinon comment expliquer que notre capitale n’ait encore que peu de stations d’épuration d’eau après 46 années d’indépendance ? Une station réalisée alors que la ville ne comptait que seulement quelques milliers de personnes contre près de 2 millions d’habitants aujourd’hui.

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A Bamako, ce ne sont pas pourtant les sources d’eau qui manquent. Le Djoliba est un atout essentiel qui aurait dû mettre Bamako à l’abri de la pénurie d’eau même s’il est de plus en plus pollué par l’activité humaine. La nappe phréatique est l’une des plus abondantes du monde. Il est incompréhensible alors que la corvée d’eau prive encore des Bamakois de sommeil. A Ouagadougou (Burkina Faso), qui n’est traversé par aucun cours d’eau, la révolution a permis de réaliser un lac artificiel pour mettre fin au calvaire des citoyens. C’est ce qu’on appelle la concrétisation de la volonté politique.

rnMoussa Bolly

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