Le faux marabout et la vraie caverne d’Ali Baba :rnPar amour pour lui, elle paye le prix fort

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     Elle voulut  juste garder son homme et était prête à tout pour ce faire. Le faux marabout le comprit et fit désormais d’elle  sa caverne d’Ali Baba. Arriva L’Epervier du Mandé et Césame se  ferma.

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    Que ne ferais donc une femme pour garder l’homme de sa vie ? Dans le contexte malien particulièrement marqué de syncrétisme et mysticisme, les femmes ont de plus en plus recours aux pratiques occultes pour parvenir à leurs fins. Notre héroïne que nous ne nommerons pas pour des raisons d’éthique, ne fait pas exception à la règle. L’histoire remonte à  2006 à Kalaban-Coro. Elle ne  connaîtra son épilogue que le vendredi dernier à la Brigade de Recherches du Commissariat de police du 3ème Arrondissement.

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    Jeune et très convoitée, les parents de la belle demoiselle (appelons-là Mariam) voulurent la donner en mariage forcé à un cousin. Naturellement, les jeunes d’aujourd’hui ont leur préférence. La sienne voulait l’épouser également mais ses parents ne voulurent rien entendre : c’est le cousin et personne d’autre.  Alors s’engagea un bras de fer qui dura plusieurs mois avec les péripéties qu’on devine aisément. Mariam résista à toutes les pressions sociales qui se faisaient de plus en plus fortes autour d’elle. Il faut dire que le cousin aussi était très intéressé par la cousine. Toute chose de nature à ne pas faciliter les choses dans ce contexte.

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    N’en pouvant plus, Mariam décida alors de faire appel aux services d’un marabout réputé sis au quartier Lafiabougou. Elle n’avait qu’un souci : vivre sa vie avec l’homme de son choix et non avec le cousin. Le Marabout lui promit de « faire quelque chose » moyennant, bien entendu une rétribution. Affaire conclue.  Mariam, avec l’accord de son homme,  n’hésita pas. Elle paya cash 150.000 F CFA et encore d’importes sommes, plus tard. Notre marabout fit-il « quelque chose » ? Après plusieurs mois, en tout cas, la situation se décanta. Las, les parents se lassèrent et se plièrent au choix de leur fille. Mariam put ainsi épouser son prince charmant et eut un enfant avec lui. L’histoire aurait dut se terminer là. Mais notre marabout est du genre cupide. Il voulait encore et toujours plus. Il avait à sa disposition une véritable  caverne d’Ali Baba et connaissait la formule pour en ouvrir les portes. Son Césame à lui, était fait de chantage, d’intimidations et de menaces.

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    Il ne se passait plus un  mois sans que Mariam ne reçoive un appel du marabout qui réclamait encore et encore le «prix de son travail». Il menaçait alors de faire changer le cours des événements, autrement dit : faire disparaître l’enfant que la pauvre portait désormais, annihiler, le mariage avec son présent époux et faire revenir le cousin. L’omnipotent marabout avait, on s’en doute, des arguments assez convaincants pour tenir le couple.

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    Mariam paya, paya… D’abord en espèces sonnantes et trébuchantes, puis en nature : ses bijoux en or, en argent, ses cadeaux de mariages (tissus communément appelées 3 pagnes wax et basins, ses couvre-lits, draps et autres biens passèrent dans l’escarcelle du marabout qui en demandait encore et toujours. Au décompte final, la pauvre Mariam a donné 590.000 F CFA, 120 grammes d’or et une vingtaine de « 3 pagnes » entre autres…. Elle avait peur de contrarier le marabout lequel profitait allégrement de sa phobie.

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    A trop tirer sur la corde…

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    Deux ans déjà  que le manège dure. Notre marabout fera une énième et fatale requête la semaine dernière. Mariam n’avait plus rien. La source était complètement tarie. Elle avait tout donné. Mais la peur en elle était encore vivace. Pas question de contrarier le marabout. Elle fit alors appel à sa mère qui accepta lui remettre une partie de ses propres bijoux en or. Elle remis alors les biens à sa sœur à l’intention du marabout. Mais que croyez-vous que la sœur fit ? Elle se dirigea droit sur le commissariat de police du 3ème Arrondissement et demanda à voir l’Inspecteur de Police dénommé l’Epervier du Mandé. Elle a déjà entendu beaucoup de biens de cet homme, toute chose qui justifie le choix porté sur ce commissariat.

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    Le policier l’écouta avec une oreille attentive. Et dès qu’elle eut fini sa déposition, une équipe fut immédiatement lancée aux trousses de ce drôle de marabout jusqu’à Kalaban-Coro. Il était là, dans son antre et attendait… Mariam ou son envoyée. Mais ce sont des flics qu’il accueillis malgré lui-même.

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    Retour au Commissariat. Informé de la plainte le concernant, il ne put nier les faits. Appelée d’urgence à son tour, Mariam, toujours saisie de peur, se refusa dans un premier temps à déposer elle-même. La présence de l’homme lui faisait un effet certain. Un seul argument  l’aida à se ressaisir : si cet homme assis là était véritablement capable de changer le cours normal des évènements, alors il serait Dieu en personne et ne se retrouverait nullement dans cette posture au Commissariat de Police devant des hommes, ses égaux. Un charlatan, un arnaqueur, un escroc, qui profite de la naïveté et du désespoir des pauvres,  voilà ce qu’il est véritablement. A ces mots, Mariam pensa que son tout puissant marabout allait provoquer, séance tenante, un tremblement de terre qui aurait englouti tout le commissariat et même la commune II. Il ne se passa rien. Son « petit dieu » gardait au contraire, la tête baissée. C’est en ce moment qu’elle put le regarder droit dans les yeux faire ensuite sa propre déposition et porter plainte.

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    Suite à la perquisition effectuée au domicile de l’escroc, on retrouva, fort heureusement pour la pauvre Mariam, une partie du butin du faux prophète constitué de ses biens : quelques pagnes, ses bijoux en or, des couvre-lits et draps à la possession desquels elle rentra immédiatement après avoir rempli les formalités d’usage. Après deux ans de mésaventures, elle vient enfin de connaître un début de bonheur.

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    Le faux marabout lui,  doit être admis aujourd’hui même à la Maison Centrale d’Arrêt. Là, ce ne sont pas des enfants de chœur à l’image de Mariam qu’il rencontrera. Mais de vrais  durs à cuir.

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    B.S. Diarra

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