Le portable, un « couteau à double tranchant »

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    D’instrument de luxe (et souvent d‘ostentation et de snobisme), le téléphone portable s’est transformé, au fil du temps, en objet presque domestique. Cependant, bien d’usagers ne parviennent toujours pas à le « domestiquer ». Si bien que cet outil de communication a fini par devenir, pour eux, un « couteau à double tranchant ». C’est dire qu’autant le téléphone mobile est capable de servir, autant il est susceptible de nuire.

     

    De nos jours, on obtient un portable à tous les coûts et …à tous les coups : il est bradé à des prix dérisoires, voire ridicules, oscillant entre 15 000 et 5 000 FCFA, voire moins, pour les acheteurs les moins regardants, et entre 50 000 à 150 000, voire plus, pour les plus exigeants.

    Sur le plan des exigences et conditions d’achat, l’exhibitionnisme et la folie des grandeurs le disputent à la consistance de la bourse et au statut social de l’acheteur. Et pour peu, que l’on soit dégourdi, on peut s’approprier le « cerveau du gadget » (c’est-à-dire la puce) à 1000, voire à 500 FCFA. C’est dire que même les enfants, les mendiants ou les charretiers (sans vouloir les offenser) peuvent aujourd’hui se l’offrir, surtout qu’il est devenu si indispensable  de nos jours.

     

    Cependant, en tant qu’outil de communication, le portable comporte des avantages, certes, mais il présente aussi des revers et des désagréments, au nombre desquels…les conflits conjugaux. Et lorsque de telles mésaventures surviennent, bonjour les dégâts et ses déboires ! Et ce n’est certes pas ce passager de Sotrama qui dira le contraire, qui nous relate une scène conjugale survenue à cause d’un portable.

     

    Une scène insolite…

    En effet, notre passager se trouvait dans le véhicule, en direction de la gare routière de Sogoniko, lorsque  tout à coup, un portable se mit à sonner. Le propriétaire le sortit de sa poche, jeta un regard inquiet et alarmé vers sa femme assise à côté de lui, et lança à haute voix : « Allo ? ». Mais curieusement, le reste du dialogue entre l’envoyeur et le récepteur se passe…en murmures et chuchotements.

    Plus intriguée que curieuse, la compagne du monsieur dressa l’oreille et pencha la tête vers lui pour saisir quelques bribes de la conversation téléphonique. Mais il n’y a rien à faire : elle ne parvenait pas à comprendre une seule phrase de ladite conversation entre son mari…et l’autre qui se trouve au bout du fil, plutôt des ondes.

     

    C’est alors que l’épouse se demanda in petto : est-ce une voix masculine ou féminine ? On voyait déjà transparaître une angoisse naissante sur son visage. Sa gorge se contractait de plus en plus, et l’on sentait que la jalousie et la crise de nerfs n’étaient pas loin. Mais dans tout cela, c’est l’attitude bizarre de son mari qui finit par exacerber le doute de madame et lui mettre la puce à l’oreille (l’alerter).

    Alors, navrée et blessée, elle se mit à remuer la tête de droite à gauche, tant elle ne savait plus où la donner. Et subitement, sa jalousie éclata,  et sa fureur se transforma en folie : elle arracha le téléphone (un portable dernier cri) des mains de son mari  et le jeta avec rage par une fenêtre de la Sotrama. Abasourdis par ce geste de la dame, les passagers s’attendaient à une scène terrible entre les deux conjoints : par exemple, des coups de poing du mari suivis de cris de la femme. Mais rien : le monsieur ne réagit pas d’un pouce et fit même semblant d’être ailleurs. Le comble, c’est qu’aucun passager, encore moins le propriétaire du portable perdu, n’alerta le chauffeur de la Sotrama pour le prier de s’arrêter.

    Selon certains passagers, à voir leur allure et leur comportement, les deux conjoints sont sûrement de nationalité étrangère.  Le monsieur dont le portable fut jeté, resta aussi calme qu’un fakir, aussi penaud qu’un chien battu, pendant que sa femme jouait avec son sac à main, avec l’air de quelqu’un qui n’a rien à se reprocher. Durant les quelques minutes qui suivirent la scène, tous les passagers étaient restés muets comme des carpes, et chacun avait la tête baissée.

     

    Qui suscite des réactions

    Mais après ce moment de gêne et de confusion, ils se mirent à échanger leurs avis. Les hommes supportaient le mari, tandis que les femmes compatissaient à la douleur, plutôt à la jalousie de leur consoeur (la dame du monsieur).

     

    Un passager, qui ne put contenir sa colère, prit aussitôt faits et causes pour le monsieur. Et comme s’il était le mari de la dame, il lança froidement : « Si jamais c’était ma femme qui avait jeté comme ça mon téléphone, je lui aurais administré une volée de mandales (gifles) dont elle se souviendra toute sa vie ! Je lui aurais tout simplement abîmé le portrait ! ». Du coup, un autre passager renchérit : « Comment ! Jeter un portable aussi coûteux par la fenêtre, et cela, devant témoins ! Elle est vraiment gonflée, cette femme ! ».

     

    Et comme s’ils étaient fâchés contre lui, les deux hommes furieux regardaient le monsieur avec un certain  mépris, avec l’air de vouloir lui enjoindre de répliquer en corrigeant sa femme. Heureusement que le couple en question ne comprenait pas un seul mot de tout ce qui se disait en bambara…

    En tout cas, l’on peut facilement imaginer la tournure que prendra cette scène conjugale si le couple était malien. Mais autant un Malien n’admettrait pas que sa femme lui arrachât son portable des mains pour le détruire, autant une Malienne ne supporterait pas d’être cocufiée à travers un portable, et cela, devant témoins (les passagers).

    Par Oumar Diawara « Le Viator »

     

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