Tension à Huicomabougou : Quand l’argent du Protocole d’accord divise les grévistes !

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    Rien ne va plus à Huicomabougou, ce petit sanctuaire érigé à la Bourse du travail de Bamako par les ex-travailleurs, les saisonniers et les retraités de la société Huilerie Cotonnière du Mali (Huicoma-SA) appartenant au groupe Tomota.

    Ces derniers, après un abandon de travail de 9 mois autour du plan social et le paiement des arriérés de salaires, ont fini par avoir gain de cause à travers la signature d’un protocole d’accord entre l’Etat et l’UNTM, le patronat et le Groupe Tomota. La signature d’Alou Tomota, PDG du Groupe Tomota étant intervenue le 15 juin 2010, aucun obstacle ne s’opposait désormais à la fin de ces 9 mois de grève qui paralysait le fonctionnement de l’Huicoma-SA, un des fleurons de l’industrie malienne.

    Mais, aux dernières nouvelles, les ex-travailleurs de l’Huicoma-SA réfugiés à Huicomabougou (Bourse du travail) sont toujours sur pied de guerre. Selon nos sources, c’est l’argent du protocole d’accord qui serait à la base de cette profonde divergence entre les ex-travailleurs, les saisonniers et les retraités de Huicoma-SA. Il ressort en effet dudit protocole d’accord signé entre les différentes parties que la dimension sociale du problème sera gérée par l’Etat malien. Et à ce titre, l’Etat s’est engagé à payer la somme de 2,1 milliards de FCfa aux ex-travailleurs de l’Huicoma-SA au titre de règlement du plan social. En plus, il a été convenu que l’Etat prendra en compte 4 mois d’arriérés de salaires équivalents à 300 millions de FCfa à ceux qui sont en sit-in à la Bourse du travail de Bamako depuis 9 mois.

    Faut-il rappeler qu’en janvier 2010, le Groupe Tomota avait payé le même montant de 300 millions de FCfa représentant 4 mois d’arriérés de salaires. En plus du règlement de la dimension sociale du problème, les ex-travailleurs ont pu imposer au patron du Groupe Tomota la nomination d’un Directeur à la tête de l’Huicoma-SA. Ce qui ressemble curieusement à l’installation d’une administration provisoire à la tête de l’Huicoma-SA. Et fort logiquement, le PDG Alou Tomota, bien qu’ayant accepté de signer le protocole d’accord pour montrer sa bonne foi, a émis cependant des réserves. Mais le hic dans cette histoire, c’est que tous les habitants de Huicomabougou ne sont pas des travailleurs de l’Huicoma-SA. Pour faire aboutir leurs revendications, les 163 vrais travailleurs de l’Huicoma-SA ont fait appel aux agents saisonniers et à certains travailleurs retraités. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ce sont près de 200 personnes qui sont en sit-in à la Bourse du travail depuis 9 mois. Ils ont partagé ensemble les affres de la grève sans pour autant penser aux conséquences qui en découleront.

    C’est tout ce beau monde qui réclame aujourd’hui leur part du gâteau sur les 2,1 milliards de FCfa du plan social.

    Quid des travailleurs restés à la Bourse du travail pendant 9 mois ?

    Les 163 vrais travailleurs en abandon de travail veulent non seulement avoir l’argent de la réinsertion sociale, mais aussi et surtout continuer à travailler à Huicoma-SA. En clair, ils veulent aujourd’hui le beurre et l’argent du beurre. L’entreprise Huicoma-SA est-elle donc devenue une Fondation ? Qu’est-ce que les ex-travailleurs de l’Huicoma-SA cherchent-ils enfin ? Toujours est-il que l’Etat est incohérent dans la gestion des crises sociales. Il faut reconnaître que dans cette affaire de l’Huicoma-SA, il y a deux poids, deux mesures. En effet, au moment où le gouvernement refuse de céder au diktat des enseignants du supérieur, il oblige un privé à payer 9 mois de salaires aux travailleurs grévistes de l’Huicoma-SA.

    Il faut aussi noter que le fondement du plan social est faux dans cette crise. Il n’a en effet aucune base légale d’autant plus qu’il n’y a eu aucun licenciement. Ce sont les travailleurs qui ont refusé de travailler, qui sont en abandon de service. Ce plan social n’est donc ni plus, ni moins qu’un bien public qui a été débloqué pour calmer la tension sociale. Une tension qui n’aurait jamais du exister si on sait que le repreneur de l’Huicoma-SA, Alou Tomota n’a jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme depuis 5 ans. Et malgré cela, il n’a reçu aucune oreille attentive. L’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga «Pinochet» qui voulait prendre ce problème à bras le corps a aujourd’hui payé le prix.

    Birama Fall

     

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