Affrontements à la frontière Mali-Guinée : L’armée malienne appelée en renfort

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              A la frontière entre le Mali et la Guinée, dans le cercle de Yanfolila, l’heure est aux troubles de voisinage. Mardi dernier, des Guinéens du village de Dalakan ont attaqué Siradiouba, un village malien situé à la frontière de la République soeur de Guinée. Le bilan est lourd, côté malien : quatre civils et un gendarme tués sur-le-champ, et de nombreux blessés, dont six graves évacués sur l’hôpital Gabriel Touré de Bamako. Qu’est-ce qui oppose Maliens et Guinéens pour qu’on assiste à de tels incidents frontaliers ?

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Mardi noir à Siradiouba

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                Selon nos informations en provenance de la zone, le mardi 6 novembre 2007, au petit matin, les habitants de Siradiouba ont eu un réveil douloureux. Leurs voisins guinéens de Dalakan, un village situé sur l’autre rive du fleuve Sankarani qui sert de limite frontalière entre les deux pays, avaient ourdi le plan de les attaquer.

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                Pour exécuter leur plan, les assaillants ont contourné Siradiouba en traversant le fleuve loin du village. Ils savaient vraisemblablement que toute traversée au niveau de Siradiouba alerterait ses habitants. Or la stratégie était de surprendre des voisins devenus ennemis.

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                Ainsi, une fois à la porte de Siradiouba, toujours selon nos informations, les Guinéens se sont infiltrés dans le village. Autrement dit, ils sont entrés par petits groupes à Siradiouba sans que personne ne puisse soupçonner quoi que ce soit. Les Maliens ne pouvaient s’attendre à quelque chose d’anormal, étant donné que les deux communautés se fréquentent et mènent beaucoup d’activités ensemble.

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                D’ailleurs, la frontière n’est qu’artificielle, car on retrouve les mêmes groupes ethniques de part et d’autre. Qu’on soit du côté malien ou guinéen, se sont les mêmes noms de famille : Diallo, Diakité, Sidibé, Sangaré… C’est dire que n’eut été cette volonté du colonisateur français de balkaniser l’Afrique pour rester arbitre dans ses anciennes colonies, c’est la même communauté.

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                Néanmoins, après s’être infiltrés dans le village et en nombre suffisant, à en croire nos sources, les assaillants auraient mis le feu aux habitations en paille des Maliens. Ce fut naturellement le début de la panique et de la pagaille. Et pendant que nos compatriotes étaient préoccupés à éteindre les incendies, les assaillants les auraient attaqués.

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                Ces incidents ont fait cinq morts, dont un gendarme et quatre civils. Ces victimes seraient toutes mortes sur le coup.

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                En plus, on a enregistré de nombreux blessés évacués sur l’hôpital de Yanfolila. Mais les six cas graves -dont un gendarme encore- ont été amenés à Bamako où ils sont en train de suivre des traitements à l’hôpital Gabriel Touré. On ignore encore le bilan, côté guinéen.

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La thèse des représailles?

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                De l’avis de bon nombre de ressortissants du cercle de Yanfolia, ces incidents sont récurrents à la frontière entre la Guinée et le Mali. Il y a de cela quelques mois, se souviennent-ils, des Guinéens s’étaient attaqués au village malien de Dalaguè. L’attaque se serait soldée par des pertes en vie humaine, du côté des assaillants. Depuis ce jour, les Guinéens auraient promis de se venger. C’est certainement en represailles à cette attaque de Dalagué qu’ils s’en sont pris à Siradiouba, mardi dernier.

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                Pourtant, il y a de cela quelques mois, les autorités maliennes et guinéennes s’étaient rencontrées à Sélingué pour discuter des difficultés existant entre les deux populations. On le sait, celles-ci sont généralement opposées à cause des problèmes de terres au niveau de la bande frontière.

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                Pour ceux qui ne le savent pas, les ressortissants de Dalakan ne disposent pas de surface cultivable suffisante, parce que la zone est aride. C’est pourquoi ils ont bénéficié de la magnanimité et la mansuétude de leurs voisins maliens qui les ont autorisés à venir cultiver des terres sur le territoire malien. Mais voilà que les Guinéens expriment des prétentions de propriétaires sur ces terres.

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                Cependant, s’étant buté sur le refus des Maliens, les Guinéens donnent l’impression d’utiliser la violence pour transformer leur possession sur ces terres en droit de propriété. Car, en plus de la fertilité du sol, la zone est réputée riche en ressources minières.

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                Déjà le village de N’Goïla, situé à l’Est de Siradiouba, est un site d’orpaillage par excellence. Le pouvoir de Conakary est-il au courant des récents incidents frontaliers entre Maliens et Guinéens?

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                En attendant la réponse à cette question, apprend-on, le gouvernement malien a dépêché sur les lieux des éléments de l’armée régulière pour éviter que la situation ne dégénère. Cette présence militaire est certainement pour beaucoup dans le retour au calme, afin que les habitants de Siradiouba enterrent leurs morts.

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                A moins qu’on y prenne garde, le pire est à craindre si le problème n’est pas bien géré. Puisque les Maliens de la frontière disent avoir trop souffert de l’attitude belliqueuse de leurs voisins guinéens. C’est dire que tout peut arriver entre les deux pays.

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Oumar SIDIBE

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9 nov 2007

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