Grève et manifestation en Guinée: un enfant tué, les syndicats s''en prennent à Conté

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CONAKRY (AFP) – mercredi 17 janvier 2007 – Un enfant a été tué et plusieurs manifestants blessés mercredi dans des heurts avec la police près de Conakry, marquant un durcissement de la grève générale entamée il y a huit jours en Guinée, où les syndicats considèrent le président Lansana Conté inapte à gouverner.

Des affrontements sporadiques ont opposé de jeunes manifestants aux forces de l”ordre dans la banlieue de Conakry, et un enfant de 10 ans a été tué dans la commune de Ratoma par une balle perdue, selon une source médicale à l”AFP.

Il "est décédé des suites d”une blessure par balle à la tête", a rapporté à l”AFP Mamadou Samba Doumbouya, de la Croix-Rouge guinéenne.

Ces heurts ont fait de nombreux blessés, la plupart légèrement atteints, selon des responsables de centres de santé joints par l”AFP, et les forces de l”ordre ont procédé à plusieurs dizaines d”arrestations, selon des témoins.

Sept syndicalistes ont été appréhendés pendant quelques heures, après une manifestation de 2.000 personnes dans la matinée dans le centre de la capitale guinéenne. Dans l”après-midi, quelques incidents ont également éclaté dans plusieurs villes de province, ont rapporté des sources locales.

Les syndicats à l”origine de la grève générale illimitée qui paralyse le pays depuis huit jours ont demandé mercredi que la vacance du pouvoir soit déclarée. Dans une lettre, ils ont appelé le président de l”Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, à "saisir la Cour suprême (…) pour constater la vacance du pouvoir".

Ils dénoncent "l”état de dégradation de la santé du chef de l”Etat et son incapacité subséquente à assumer correctement, efficacement et en toute lucidité ses fonctions de président".

La vacance de la fonction de président de la République intervient en cas de décès ou de démission du chef de l”Etat, ou de "toute autre cause d”empêchement définitif" constatée par la Cour suprême.

M. Conté, 72 ans, est "physiquement affaibli et visiblement amnésique", a assuré l”intersyndicale qui a déclenché une grève générale, largement suivie jusqu”à présent, pour protester contre la corruption, les détournements de fonds publics et l”"ingérence" du président Conté dans les affaires judiciaires.

L”intersyndicale –Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG)/Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG)– reproche à M. Conté d”avoir libéré, à la mi-décembre, l”ex-président du patronat Mamadou Sylla et l”ancien ministre Fodé Soumah, pourtant inculpés de détournement de fonds publics.

Le président Conté avait annoncé mardi soir la satisfaction de certaines revendications des syndicats, appelant les Guinéens à reprendre le travail dans un message lu par M. Somparé à la télévision nationale.

Mais cet appel a été rejeté par les syndicats, qui ont estimé que la plupart de leurs exigences n”avaient pas été entendues et qui continuent de réclamer le le retour en prison de MM. Sylla et Soumah.

Il s”agit de la troisième grève générale en un an dans ce pays très pauvre d”Afrique de l”ouest en proie aux tensions ethniques, dirigé depuis 1984 par le général Conté, affaibli notamment par un diabète.

Source: AFP

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